Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/426

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z' cou vUè , 8c qu'il ne retrouve enfin fon équilibre qu*a- . prés des efforts & des cotitorfions , qui ne peuvent j « aHocier iu< mouvements gracieux de la danfe. Voilà le »bleau fidèle de rexécution des cianfeurs qui n*ont point de reins , ou qui ne s'appliquent pointa faire un bon ufage de ceux qu'ib ont. Il fiaut 9 pour bien danfer , que le corps Toit ferme & cran- quille , qu'il foit immobile & inébranlable dans le temps des mouvements des jambes. Se pr^te-t-il au contraire à 1 aâion des pieds ? il fait autant de gri- maces & de contorfions, qu'il exécute de pas clif- férents : Texécution dés-lors cù dénuée de repos , AenfembU ^ d'harmonie, de préciilon , <ie ferme- té, d'aplomb & d'éouilibre ; enfin elle efl privée des t;races & de la noblefle , qtii font les qualités fans efquelles la danfe ne peut plaire. Quantité de dajfeurs s'imaginent, qu'il n'eft quedion que de plier les genoux très-bas , pour être liant & moilUux ; mais ils fe trompent à coup fôr , car )à flexion trop outrée donne de la fécherefTe à la danfe. On peut être très-dur, èifaccadtr touisç$ mouvements , en pliant bas , comme en ne plient pas. La raifon en efl fimple , naturelle & évidente , lorfque Wn confidère, que les temps & les mouve* nients du danfeur font exaâement uibordonnés aux temps & aux mouvements de la mufique. En par? taht de ce principe , U n'eft pas douteux que , flé-> chifTant les genoux plus bas qu'il ne le faut , relati- vement à Pair fur lequel on danfe , la mefure alors traîne , languit & fe perd. Pour regagner le temps, Ijue la flexion lente & outrée a fait perdre , & pour le rattraper , il faut que l'extenfion loit prompte ; & c'efl ce pafTage fubi t & foudain de la flexion à rexten- fk>n , qui donne à l'exécution une fécherefTe & une dureté tout aiifli choquantes & auffi défagréables , que celles quiréfultent delaroideur. Le moelleux dé^rend en partie de la flexion pro- portionnée des eenoux ; mais ce mouvement n'eft pas fuififant : il faut encore que les cou - de - pieds fafTenc reffort , & que les reins fervent , pour ainfl dire , de contre-poids à la machine , pour que ces fefTorts baiflent Se haufTent avec douceur. C'efl cette harmonie rare dans tbuts les mouvements , qui a fnerité au célèbre Dupré le titre de dieu de la danfe. En efiet , cet excellent danfeur avoit moins Talr

  • d'un homme que d'une divinité ; le liant , le moel-

leux & la douceur qui régnoient dans touts fes moii- . vemems , la cbrrefpondance intime qui fè rencon- troit dans le jeu de fes articulations , offroient un tnfembU admirable ; enfemhte qui réfulte de la belle conformation , de l'arrangement jufte , de la propor- riop bien combinée des parties , & qui , dèpenoant bien moins de l'étude & du raifonnement que de la l^ature , ne peut s'acquérir que lorfi^ Ton efi fervi par elle. Si les danfeurs , même les phit médiocres , font en oofTeflion d'une grande quantité de pas ( mai courus à la vér't ^ , & liés la plupart à contre* fens & de mauvais goût ) , il efl moins commun de rencon- trer chez eux cette précifion d'oreille « avantage cou 4«5 rare , mais itmé , qui caraâérife la danfe , qui donne de refprii & de la valeur aux pas , àc qui répami fur touts les mouvements Un fel qui les anime Ik qui les vivifie. U y a des oreilles faufles & Infenfîbles aux moi»- vemems les plusfimples &les plus faillants ; il y en a de moins dures, qui fentent la mefure, mais qui ne peuvent' en faifîr les finefles ; il y en a d'autres en«- fin qui fe prêtent naturellement & avec facilité aux mouvements des airs les moins fenfibles. Mademoi*- felle Camargo & M. Lany jouifToient de ce taâ pré- cieux & de cette précifion exaâe , qui prêtent a la danfe un efprit , une vivacité & une gaieté , que l'on ne rencontre point chez les danfeurs qui ont moins de feniibilité & de finefTe dans cet organe. Il efl ce^ pendant confiant, que la manière de prendre les temps , en contribuant à la vîtefTe , ajoure en quel«  que forte à la délicatefle de l'oreille ; je veux dire, que tel danfeur oeut avoir un très- beau taâ, & ne le pas rendre fenfible aux fpeâateurs , s'il ne po^ède l'an de fe fervir avec aifance des reffons qui font mouvoir le cou-de-pied. La mal-adrefle s'oppofe donc à la lufleffe ; & tel pas qui auroit été faillant, & qui auroit produit fon effet , s'il eût été pris avec promptitude & à l'extrémité de la mefure , parok froid & inanimé , fi toutes les parties opèrent à U fois. U faut plus de temps pour mouvoir toute la machine , qu'il n'en faut pour en mouvoir une par* tie« La flexion & l'extenfion du cou- çlè- pied efl bien plus prompte & bien plus fenfible que la flexion & l'extenfion générale de toutes les articulations* Ce principe pcSe , la précifion manque à celui qui , ayant de l'oreille , ne fait pas prendre fes temps avec vitefle. L'élafUcité du cou - de- pied & le jeu plus ou moins aâif des refforts , ajoutent à la fenfi- DîHté naturelle de l'organe , & prêtent à la danfede la valeur & du brillant. Ce charme qui nait de l'har-* monie des mouvements 4e la mufique & des mou* vemems du danfeur, enchaîne ceux même oui ont l'oreille la plus ingrate & la moins fufceptiole des impreflions de la mufique. Il efl des paysott les habîtans jouiflfent générale* ment de ce taâ inné qui ierott rare en France , fi nous ne comptions au nombre de nos provinces la Provence , le Languedoc & l' Alface. Le Raiatinat de winemberg, la Saxe , Je Bran* debourg , F Autriche & la Bohême , foumiffent aux orcheflres des orinces Allemands une quantité d'excellens muficiens fie de grands compoTiteurs. Les peuples de la Germanie naiflentavecun goûc vif À déterminé pour la mufique; ils portent en eux le germe de l'harmonie î & il ttt on ne peut pas plus commun d'entendre dans les rués & dans tes boutiques des artifans , des concerts pleins de jufleflfe & de précifion. Chacun chante fa partie & compte fes pas avec exaditudè ; ces concerts dtâés par la fimple nature & exécutés par les gens les phis vils , ont uii enfemhU que nous avons de la peine il faire faifir à nos muficiens françob , malgré 4e bâ«  ton de inefure & les comorfions de celui qui en «fl Digitized by Google