Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/427

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4i6 COU armé. (îet înftrament , ou pour mieux dire cette efpèce de férule, décèle l’école , & retrace la foibleffe & l’enfance dans laquelle notre mufique étoit plongée il y a foixante ans. Les étrangers accoutumés à entendre des orcheftres bien plus nombreux que les nôtres, bien plus variés en in(lruments& infiniment plus riches en mufique favante & diffi- <ultueufe, ne peuvent s’accoutumer à ce bâton , liceptre de l’ignorance , qui fut inventé pour conduire des talens naînfans. Ce hochet de la mufique au berceau paroît inutile dans Tadolefcence de cet art. L’orcheûre de Topera eft , fans contredit , le centre & la réunion des musiciens habiles ; il n’eft plus néceflaire de les avertir comme autrefois qu’il yz deux dièfes àla clef. Je crois donc que cet inftrument , fans doute utile dans les temps d’ignorance , ne Ve(k plus dans un fiècle oii les beaux ans lendent à la pcrfei :}ion. Le bruit défagréable & diffonnant qu’il produit, lorfque le préfet de la mufi* que entre dans i’enthoufiafme & qu’il brife le pupitre, diftrait l’oreille du fpeâateur , coupe l’harmonie , altère le chant des airs , & s’oppofe à toute imprefiîon.

Ce goût naturel & inné pour la mufique entraîne après lui celui de l»danfe. Ces deux ans font frères oc fe tlcnnenwpar la main ; les accents tendres & harmonieux de l’un excitent les mouvements agréables & expreffifs de l’autre ; leurs effets réunis offrent aux yeux & aux oreilles des tableaux animés ; ces fens portent au cœuf les images intérelTantes qui les ont affeâés ; le cœur les communique à lame ; & le plaifir qui réfulte de l’harmonie (k d^ lïntelligence de ces deux ans , enchaîne le fpeâateur & lui fait éprouver ce que la volupté a de plus ieduifanr.

La danfe eft variée à l’Infini dans toutes les provinces delà Germanie. La manière de danfer qui règne dîins un village, ei| prefque étrangère dans le hameau voifin. Les airs mêmes deftinés à leurs réjouifiances ont un caraâèro & un mouvement différent , quoiqu’ils portent tous celui de la gaieté. Leur danfe eft féduifante, parce qu’elle tient tout de la nature, leurs mouvements ne refpirentque la )oie & le plaifir ; & la précifion avec laquelle ils exécutent donne un agrément particulier à ’leurs attitudes, à leurs pas & à leurs geftes. Eft-il aueftion de £auter ? cent perfonnes autour d’un cnéne ou d’un pilier prennent leurs temps dan^ le même inftant, s’élèvent avec la même juftefTe , & retombent avec la même exaâitude. Faut il marquer la mefure par un coup de pied ? tous font d’accord pour le frapper eni^mble. Enlèvent-ils leurs femmes ?

on les voit toutes en l’air à des hauteurs égaler , 

& ils ne les laiffent tomber que fur la note fenfible de la mefure*

. Le CQntrc’poUi , qui fans contredit eft la pi^erre de touche de l’oreille la plus délicate , eft pour eux ce qu’il y a de moins difficile ; auflî la danfe eft-elle flrtiimée, & la fineffe de leur organe jette- t-elle dans ^ur BiiUïi^re de fy mouvoir une gaieté & une va< cou

rîété que Ton ne trouve point dans dos contredan* fes françoifes.

Un danfeur fans oreille eft l’image d’un fou qui parle fans ccfTe , qui dit tout au hafard , qui n*cb«  i’erve point de fuite dans la converfation , & qui n’articule que des mots mal confus & dénués de fens commun. La parole ne lui fert qu’à indiquer aux gens fenfés fa folie & fon extravagance. Le danfeur fans oreille , alnfi que le fou, fait des pas mal combinés , s’égare à chaque inftant dans fon exécution , court fans cefTe après la mefure & ne rattrape jamais. Il ne fcnt rien ; tout eft faux chez lui ; fa danfe n’a ni raifonnement ni expreffion ; Çc la mufique qui devroit diriger fes mouvemenjts , fixer fes pa$& déterminer fes temps, ne fert qu’à déceler ion infuf&fance & fes imperfeélions. L’étude de la mufique peut , comme je vous l’ai déjà dit , remédier à ce défaut , & donner à l’organe moins d’infenfibilité & plus de juftefiTe. Je ne ferai pas une longue defcription de tonts les enchaînements de pas donr la oanfe eft en poffeifion. Ce détail feroit immenfe ; il eft inutile d’ail* leurs de m’étendre fur le méchanifme de nion art ; cette partie eft portée à un fi haut degré de perfeç* tion , qu’il feroit ridicule de vouloir donner de nou* veaux préceptes s|ux arciftes. Une pareille diftermtion ne pourrpit manquer d’être froide & de vou^ déplaire ; c’eft aux yeux & non aux oreilles que le$ pieds & les jamj)es doivent parler ? Je me contenterai donc de dire que ces enchaî«  nements font innombrables , que chaque danfeur a fa manière particulière d’allier & de varier fes temps. Il en eft de la danfe comme de la mufique, & des danfeurs comme des muficiens ; notre art n’eft F as plus riche en pas fondamentaux que la mufique eft en notes -, mais nous avons des oâaves , des rondes , des blaiiches , des noires ., des croches , des temps à compter & une mefure à fuivre ; ce mélange d’un petit nombre de pas & d’une petite quantité de notes offre une inultitude d’enchaînements & de traits variés ; le goût & le génie trouvent toujours unç fource de nouveautés en arrangeant & en retournant cette petite pordon de notes oc de pas de mille fens & de mille manières différentes ; ce font donc ces pas lents & foiitenus , ce$. pas vifs , précipités , & ces temps plus ou moim^ ouverts , ^ui forment cettp diverfité continuelle.

E.

ENTRECHAT. Saut léger & brillant, pendant lequel les deux pieds du danfeur fe croifent rapidement pour retomber à la troifième pofition. f^^ Position.

rentrée hat fe prend en marchant, ou avec uti coupé. Le corps s’élance en l’air, & les jambes paffent à la troifième pofition.

Il n’eft jamais ^ntrtchat qu’il ne folt foriné à quatre on }e pafTe à fii^ » à huit , à dix , & on a