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L’art de Nager 435


de cercle. Si Vous voulez commencer à droite, vos mains doivent embrasser les eaux de droite à gauche. Vous ferez le contraire, si vous jugez à profosde tourner de gauche à droite. Lorfquevous ferez defcendu au tond de l’eau, donnez-vous de garde de vous expofer dans les lieux oii vous ne trouvez plus de lumière. Les ténèbres annoncent certainement que vous êtes fous un roc, ou fous guelaue batteau, dont le choc pourroit vous être f unefte. Si vous vous y trouvez engagé fans vous en être apperçu, reprenez promprement le chemin qui vous a conduit dans ce lieu dangereux, & ne ceiTezde reculer)ufqu*à ce que la lumière fe foit offerte à vos regards. N’allez pas fur tout refpirer fous Teau. Une telle imprudence vous coûteroit bientôt la vie. *

Un avis bien important encore, & auquel vous ne fauriez donner trop d’attention, c’eft que quelque foit vflpe empre^Tement à fauver quelqu’un y en nageant aînfi entre deux eaux, ne vous approchez jamais qu’avec précaution d’une perfonne qui 4e noie ; car fi elle trouve le moyen de vousfi^fir, vous ères perdu, malgré votre adreffe & votre expérience. Vous ne courez aucun rifque, fi vous attendez pour lefecourir, qu’elle ait été au fond, 4près avoir perdu l’ufage des yeux. Prenez la alors par les cheveux, & la tirez ainfi fur le dos, jufqu’à ce que vous puiffiez la placer fur le rivage, où vous ferez à portée de lui préfenter fans danger touts les fecours dont fon état la pourra rendre fufceptible.

Manière de revenir sur l'eau, après avoir fait le plongeon.

Un nageur, tout auflî fubtil que le dauphin dont parle la fable, peut monter & defcendre fucceflîvexnent dans l’eau fans aucune difficulté. Cette alternative lui eft néceflaire pour reprendre haleine. En été, on peut faire environ cinquante pas dans l’eau fans ayoir befoin de ce fecours. M. Halley prétend qu’un nageur ne peut refter plus de deux minutes dans l’eau fans être fuffoqué ; & s’il n’a pas un long ufage de fon métier, il y reAera beaucoup moins. Une demi minute fuffira, dit-il, pour étouffer ceux qui ne font pas dans l’habitude de nager. Plufieurs voyageurs nous apprennent néanmoins que les meilleurs plongeurs d’Afie reftcnt une demi heure dans Teau, & les autres un quartd’heure feulement. Pour revenir fur l’eau, il faut employer prefque les mêmes mouvements que pour s’y toarner. Tenant Tune de vos mains étenoue, vous repouffez de la paume, tournée en dehors, les eaux inférieures, & de l’autre difpofée en cavité, vous attireales eaux fupérieures. Quand le bras a fini fon cercle, vous fermez la main, pour kl ! donner le moyen de reprendre la même marche ; SCvainfi fucceffivement, jufqu’à çc que vous

; » 3ie|ç atteii^t U furface de l'eau.


De l’art de nager artificiellement.
Des calebasses.

Les calebasses, les faisceaux de jonc & les vessies furent vraisemblablement les inftrumens dont fe fervirent les premiers hommes pour fe former dans l’art de nager. La plupart des Nègres emploient encore des calebaffes à cet ufage ; & les^Indiens fe fervent, pour le paffage des rivières, de grands pots de terre auxquels deux perfon nés s’attachent, après les avoir remplis de leurs habits. Les joncs fur-tout, dont les marais abondent, & qui furnar Sent auffitôt aue leur racine efi féparée de la vafe, urent fe préfenter namrellement à lefprit des peu* pies voifins des âeuves, ou fixés dans de% pays marécageux, pour les aider dans le paffage des rivières ou des petits bras de mer. Ces fecours font encore en ufage élans plufieurs provinces de France* La plupart des enfans lient des calebaffes deux à deux avec des courroies, & traverfent fouvenc ainfi les fleuves les plus larges fans favoîr nager. Ceux des payfans qui ne peuvent fe procurer ces fortes de bouteilles, fe contentent de deux faifceaux de jonc, fur lefquels ils s’appuient la poitrine, & bravent ainfi les dangers les plus effrayans. Il faut pourtant avouer que ces reffources ne font pas fans inconvénient ; & l’on voit périr touts les ans dans les provinces une foule de jeunes gens ^ faute de ne les avoir pas employées avec anez de circonfpeôion. Je confeille à la jeuneffe de fefervir de calebaffes, lo : fqu-elle fe trouvera privée d’ufii maître en état de 1 infiruire dans l’art de nager, xMais il feroit imprudent de s’expofer avec ce feul fecours dans des endroits profonds ou rapides, & de faire de longs trajets. Livré à vous-même par IVbandon de vos calebaffes, qui pourroient (e détacher ou fe brifer, vous deviendriez infailliblement laviâime de votre imprudence. D’ailleurs, il eft effentiel de n’employer un tel guide qpe dans les premières feipaines de votre apprentiffage ; car je vous préviens que fi la timidité vous empêche d’effayer vos propres forces, vous ne deviendrez jamais un bon nageur.

Naufrage sans péril du chevalier de Lanquer.

Le chevalier de Lanquer, pensionné du Portugal, fit imprimer en 1675 un livret d’une cinquantaine de pages, sous le titre de Naufrage sans péril ^ 9i dont l’objet étoit de nous apprendre à braver les dangers de la— mer. Cet aventurier propofe dans fon ouvrage une machine que Ton peut porter dans fa poche, oc à l’aide de laquelle on peut paffer les fleuves les plus profonds & traverfer les mers, fans même mouiller fes habits ni fes armes, & fans éprouver aucun froid. Une telle machine, fi elle exifloit, feroit fans doute le préfent le plus pré «  cieux qu’un homme pût faire à rhamanité.’Ma^ heureufement fon auteur, qui paroît n’avoir été qu’un cliarlatan, a jugé à propos de nous en déro-


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