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438 L’art de Nager


soutient un homme dans l'eau, ayant la tête & le haut des épaules dehors.

« Je pensai que l'on pouvoit se servir de cette idée. L’année suivante je me rappellai ce projet , M que j*exécutai avec aflcz de peine. Je fis faire un » cor fct ou cuiraflTe de liège , & elle produifit Tef- " fet que je m’en étois promis , mais dans l’eau «dormante ; cardans une rivière rapide , j’ai re-

?» connu que , pour fe tenir debout, fans fc mouil- 

7> 1er la tête , il failoit un certain poids aux pieds n, ( M. l’abbé de la Chapelle n’approuve pas cet expédient. Les contrepoids, dit- il fort fenfôment, font d.e nouvelles charges & de nouveaux foins. Si l’on venoit à les oublier ou à les perdre , on pafleroit fort mal fon tçmps dans l’eau. Le matelot qui n’auroit pas le temps de s’en défaire , feroit retardé dans ks manœuvres, parle poids accablant dont cette efpèce de balançoire le furchargeroit,&le foldat , furpris par l’ennemi , en s’en défaifant , feroit maffacré avant de pouvoir fe défendre ). a Je com- »>mençaî alors, (continue M. de Puy fégur ) , à j) perfeôionner l’ouvrage , & fis joindre aux fou- ») îiers deux femellçs 4e plomb , du poids d’une n livre chacune,

9> J’éprouvai un nouvel inconvénient. La oui-M raffe tendant à remonter , &le corps àdefcendre, fi elle s’élevoit fous le menton & fous les bras , de » façon à empêcher ceux-ci d’agir. J’y ai remédié, 9i en faifant faire ce qu’on appelle à préfent un y> pantalon. Je fis attacher des courroies à la cein- )> ture que Von boucloit à lacuirafife. Par ce moyen , V en entrant dans l’eau , on pouyoit plus ou moins i> l’abaiflfer . , . . On peut , en arrivant à terre , lân cher fes courroies’plus ou moins , par le moyen »i des boucles, & marcher ou fe baifler à fon aife. w En 1756 , j’allai un jour à la rade de Granville ii en chaloupe > au moment de la marée baflbt Je » me jetrai à la mer avec mon corfet , & le flot 3>..montant me ramena au rivage fans peine , ans V fatigue & fans avoir eu la tête mouillée. Je pris Tf feulement mes précautions , pouf avoir le moins Il que je pourrois de fpeâateurs de tout le camp Il de Granville, que je commandois alors. » Pour pouvoir tirer parti des armes dans l’eau , n j’ai faitconflruire un bonnet, une forte de cafp aue de fer blanc , auquel le fufil eft attaché par la 9» lous-garde. Le bout du canon , que Ton a foin V de bien boucher avec du linge , pend dans l’eau , f» & la crofTe eft en l’air attachée au bonnet, qui , 9 par fa firuâiîre, contient les cartouches & le linge, f propres à charger & nettoyer le fufil^ n Pour le faire plus commodément , j’ai arrangé V une petite ca(rette de liége , doublée d’une légère 9 feuille de plomb , aue l’on traîne avec une 6-Il celte. Cette cafiette lert à appuyer la crofTe du lf.fufil pendant qii’on le charge.

• j> Au lieu de pourpoint , j& me fuis à préfent » borné à une ceinture de liège » large de huit poup ces furfix d’épaiâeur , pefant treize livres , attal’ N, A O É R.

» de plomb aux fouliers. La ceinture eft aii£ folt* " tentie par des bandelettes au-deffus des épaules^ » de façon que , fi quelque accident renverfoit le

  • » flotteur dans l’eau , cul par deffus rète , cette ceinture

ne pût fortir par les pieds , & faire féparation » de corps avec lui ». M. le comte de Puyfégur ajoute , qu’avec cet habillement il a flotté en 176» dans le baffin de Dunkerque , en préfence du comte d’Hérouville & du chevalier d’Arcy , & non» feulemem marché avec aifance dans l’eau , mai^ encore chargé & tiré plufieurs fois fon fufd.

Machine de M. Ozanam.

M. Ozanam , membre de Tacadémie des fciences , & profeijeur en mathématiques , propofe dans fes récréations phyfiques & mathématiques , un problème dont l’objet eft la conftruôion d’une machine à nager. Voici l’idée de ce favant & judicieux académicien. Faites deux coffres plats & demi-circulaires , peu importe de quelle matière , pourvu qu’ils ne reçoivent point d’eau , qu’ils foient légers &affez folides pour pouvoir réfifteràla vio-p Icnce des flots. Vous joindrez ces deux pièces en* femble , & vous en formerez une ceinture au na^ geur, qui , par ce moyen , aura toujours la moitié du corps au-defl’us de l’eau. On y peut ajouter , fi on le juge à propos , des ouvertures avec des portes , pour y renfermer de l’or , de l’argent , des papiers, & tout ce que Ton voudroit fauver d’un naufrage , ou faire fervir à fa fubfiftance. Quoiqn’avec cette machine on puifle fe porter où Ton veut , par le feul mouvement du corps Se des pieds , on peut , pour faciliter encore la progr <7ffion , attacher des efpéces de nageoires aux pieds du nageur. Ces nageoires, que rt>n attache à une femelle de bois que le nageur a fous la planta des pieds , font compofées d un gros cuir doable , ou triple & pliant » qui peut s’étendre ou fe reflerrer comme la patte d’un cygne.

Cette machine , dit M. Ozanam , peut être d’un grand fecours en différentes circonftances. I^ Dans un naufrage ; car on peut fe fauver avec cette reffource au travers des flots , fans avoir pliis à craindre la mort qu’un oifeau aquatique. Il eft d’ailleurs inutile de quitter fes habits ; & l’on doit d’autant moins appréhender la faim, que l’on peut renfermer dans cette machine des vivres pour quatorze ou quinze joun.

2^* Dans ces inondations fubîtes , qui ravagent les campagnes , & couvrent d’eau en up inftantdes ragions entières. Cette machine feroit d’autant plus précièufe en de tels accidens , qu’un homme pourroit fauver avec lui un ou deux de ks enfans. ^% Cette découverte feroit aufli d une grande utilité à une armée , pour faire pafler fes efpions , fans dan*ger, d•^n bord k l’autre, 4**. Enfin, M. Ozanam ajoute qu’on pourroit auffi l’employer à exécuter fur l’eau quelques évolutions agréables , fous def^ fi|urç$ dç fyrç^e^i dç tritons & d^olfcay Xr >