cas d’un homme qui, ayant toujours fait usage d’un corset de liège, se trouveroit tout-à-coup privé de cet instrument.
L’expérience apprend bientôt à un plongeur les moyens qui lui sont le plus propres ; cependant on peut établir quelques règles générales.
Pour disparoître tout-à-coup, qu’on se mette debout, les jambes jointes, les pieds tendus, les bras élevés ou abaissés, & appliqués le long du corps. Pour remonter, on se mettra sur le ventre ou sur le dos ; ou seulement on écartera les jambes & les bras en se tenant debout.
On peut aussi entrer la tête la première en abaissant les bras & en élevant les jambes de sorte que les pieds soient la dernière partie du corps qui disparoisse. Cette manière de plonger cause plus d’étonnement que les autres à ceux des spectateurs qui ne font pas initiés.
Si l’on veut se jetter dans l’eau d’un lieu élevé, il faut se tenir bien droit, les bras collés le long du corps, les jambes croisées dans leur longueur, les pieds tendus, & présenter les orteils les premiers. Mais je conseille d’abandonner aux gens du métier cet exercice dangereux.
Quoique l’air dont on remplit ses poumons rende moins lourd & paroisse aller contre le but qu’on se propose en plongeant, je fuis d’avis qu’on s’en munisse d’une bonne dose, s’il se peut. C’est le moyen de conserver plus longtemps ses forces, lorsqu’on a du chemin à faire dans l’eau. D’ailleurs on y prolonge son séjour de plusieurs secondes, en lâchant par intervalles des bouffées, qu’on aura soin de ménager le plus qu’il fera possible.
Les éponges qu’on tient à la bouche après les avoir huilées, offrant aux poumons un léger secours, en leur procurant le peu d’air que l’eau n’en aura pu chasser.
Je ne connois aucun plongeur qui, sans employer les secours de l’art, soit en état de demeurer trois minutes sous l’eau. Les plongeurs de profession se bornent communément à deux ; & plusieurs ne vont pas jusques-là. J’ai vu des gens me soutenir que j’étois resté plus de cinq minutes ; mais ils n’avoient pas regardé leur montre.
Quant aux personnes assez heureuses pour pouvoir vivre sous l’eau des heures entières, elles font une exception à la règle, & l’avantage dont elles jouissent ne s’acquiert point par le travail.