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CHE CHE 69

C H E Le corfage du cheval bien proportionné, efl d un cinquième plus long qu’il n’eft élevé. Ainfi il ne pourra être confidéré comme formant une figure parfaitement quarrée ;mais bien comme un quarré long.

Je partage ce quarré long en trois quarrés parfaits , ce qui me donnera une longueur de corps moyenne entre un corfage trop long & un corfage trop court. Le premier quarré contient les épaules , & eft terminé par une perpendiculaire abaifTée de Textrémité inférieure du garot. Le tronc fera enfermé par cette liene , & par une autre peroendiculaire abaifféeàîa dernière des côtes : c’eit aiTez la proponion ordinaire. Cependant il y en a qui , fans être conformes à cette règle , ne font ni moins belles ni moins bonnes : mais celle-ci femble produire les plus beaux effets.

Quant aux proportions particulières des autres membres , il eA xmpoffible de fe fixer à aucune , parce que les bons chevaux font fi différenciés , que fi on vouloit les réduire à une feule clafTe , on feroit bien fouvent trompé. Il faut donc chercher lé détail de chaque partie , connoître le rôle qu*elle joue dans la motion de Tanimal ; enfuite laifTer à l’écuyer le foin d’en former un total convenable à fes defTeins. Je ne puis comprendre les raifons qu’on a d’adopter une tournure de cheval , & de fixer d’après elle les règles de la bonne proportion.

De la Tête & de fes différentes parties. Il eft fort indifférent pour les mouvements de l’animal , que les organes excéri^rs qui ornent fa tête foient efpacés & fuués d’après un certain ordre fixe & confiant ; pourvu que ces organes foienr bien conftitués , & que leurs fondions fe rempliffent bien , leur beauté ou leur laideur importe peu : c’efi une affaire de convention. Telle tête eft belle à Paris , qui à Naples fera très -laide. Il n’en efl pas de même de fon volume. Une tête trop confidérable par rapporta la force des mufcles defiinés à la mouvoir , a une tendance continuelle à tomber, & fe foutient 4if^cilement : défaut bien contraire 3 Taâion première de l’animal qui fe dilpofe à marcher. L’exceffif poids de la tête rend le cheval lourd dans fa démarche ; fes jambes de devant en font fatiguées ; & il eft peu en état de former l’équilibre artificiel de l’équitation. Une tète trop petite feroit plus avantageufe pour faciliter les bons mouvements delanimal Le feul défaut qu’elle auroir, ne feroit que contre les règles du goût. Certainement fa légèreté la feroit recher cher fans le préjugé des proportions. Le feul rapport utile à confidér«r eft celui de l’encolure & de la tête une’ petite été & un gros col, feroient d’une bonne proportion fans être belle : «ne groffe tête . & une encolure mince , feroient ridicules & de mauvaife conformation.

Une tête courte & grofTe efidéfagréable à voir «  c H E tf 9

& peut ne pas nuire à l’harmonie des mouvements. Une tête longue, fi elle eft légère, ne nuit qu’aux yeux du fpedateur.

Pour peu qu’on connoifrel’oftéologie du cheval i on verra qu’il eft impoffible que , dans la bonne conftruâion de la tête & du col , la tête tombe perpendiculairement , & qu on puiffe abaifTer une perpendiculaire du front au bout du nez. Cette ligne ne peut être qu’oblique , j’en appelle l’infpeâion du fquelette. Il ne feroît pas à defirer que l’animal fut conftruit comme on l’a prétcnrlu. Comment auroit-il été pofTible de perfeflionner fes actions par l’art, fi la nature nous avoit refufé le prer mier moyen , l’attitude oblique de la tête fur l’encolure ?

Je fais que quelques chevaux ont cette 

direâion perpendiculaire 9 mais c’eft un défaut nuifibleàlart ; & eHe ne part point de l’attache de la première vertèbre avec la tcte , parce qu’elle efl toujours la même , mais de l’attache de la première vertèbre avec la féconde nommée axism Celle-ci eft quelquefois plus haute que dans la belle conformation ; c’eft ce qui donne l’attitude de la tête encapuchonnée. D’autres fois elle eft .plu£ baffe , & cela force le cheval de porter au vent : du moins c’en eft une caufe naturelle ; car dans le travail , ce défaut, lorfqu’il arrive , pi’ovient d’ailleurs.

Le front un peu arrondi me femble le mieux fait ; les vifcères du cerveau y ont un efpace fufSfantpourfe loger ; & ils peuvent alors être dans la proportion requife parla nature. On a remarqué que les chevaux dont le front étoit plat , étoient quinteux.

La grandeur ou la petitefle des yeux n’eft pas une raifon d’exclufion , fi d’aille !irs ils font bons. Il faut être anatomifte pour les bien examiner. Je dirai feulement ici que fouvent un œil paroît bon , & cependant eft fujet à des maux fâcheux. Oa aura foin , en le vifitant^ d’obferver .que les paupières fe joignent bien fi elles font ferrnées ; quelqu’intcrvalle entre elles , ©u quelques rides qu on y remarqueroit , feroient de mauvais fîgnes. On verra files>yeux font bien unis , & fi on ne voit pas dcfTus quelques filets de mucofité , ce qui prouveroitunemaMVaife vue. Il eft bon aufS de faire attention fi la paupière inférieure eft mince & collée fur l’os , & fi cet os eft enfoncé ; cela défigneroit un œil dépourvu de nourritures & fujet aux incommodités.

Les afeaux ne font rien aux mouvements : qu’ils foient larges ou petits , cela eft peu important pour nous.

Quoique la bonté de la bouche du cheval dépende moins de la conftruâion de cet organe que de bien d’autres canfes, il eft cependant utile de ne pas négliger fa forme ; c’eft quelquefois un acceffoire dont on peur tirer bon parti. Une bouche trop fendue eft difficile à emboucher ; la gçourmette. remonte tou’ours , & les plus grands foins fufHfent à peine pour la faire tenir en fon lieu* Uie