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On éfrite encore la terre, suivant la Quintinie, à force de la labourer trop. Le labour souvent répété nuit, en ce que la terre n’a plus de corps, & elle devient ce qu’on appelle veule. Enfin, en labourant ainsi coup sur coup, on ne donne pas le tems aux engrais de l’air qui ont bonifié le dessus de passer dans l’intérieur da la terre.

ÉGAYER un arbre ; terme de jardinage. C’est palisser si proprement un arbre en espalier, que les branches soient également partagées des deux côtés ; de manière qu’elles ne soient pas liées plusieurs ensemble, mais chacune attachée séparément, avec des intervalles égaux ; qu’il n’y ait de confusion nulle part, & que d’un coup d’œil on puisse voir toutes les parties dont l’arbre est composé.

ÉGOUTER les terres. Pour dessécher les terres qui, étant dans de bas fonds, reçoivent l’eau des terres voisines, ou celles qui, retenant l’eau, sont presque toujours si humides, qu’elles ne peuvent être labourées, il suffit de pratiquer, autour de chaque, pièce de terre un bon-fossé pour arrêter les eaux qui viendroient des terres voisines, & afin d' égouter l’eau de la pièce même, pour peu qu’elle ait de pente, sur-tout si on la laboure en planches ou par sillons.

Dans le cas où il y auroit un fond au milieu de la pièce, il sera nécessaire de la refendre par un bon par côté qui conduise l’eau dans le fossé du pourtour, même de faire de petites rigoles en patte-d’oie qui aboutissent au second fossé. Ainsi l’art consiste uniquement à donner à ces fossés la direction la plus avantageuse pour l’écoulement de l’eau relativement à la pente du terrain. Quand l’inégalité du terrain est peu considérable, il suffit de former de profonds sillons, qu’on pourroit comparer à de petits fossés ; on se servira pour cela d’une forte charrue, qui ait deux écussons ou grands versoirs fort évasés, avec un long soc pointu, & fait en dos-d’âne à sa partie supérieure. Ces charrues n’ont pas besoin de coutre, parce qu’il ne s’agit point de couper une terre endurcie, mais seulement d’ouvrir dans celle qui est déjà labourée un large & profond sillon qui puisse tenir lieu de fossé. Ces profonds sillons se nomment, en quelques endroits, des maîtres.

On a coutume de former dans les terres argilleuses, des sillons où l’eau se ramasse & s’écoule comme par des ruisseaux. Mais on doit observer de ne les pas faire trop près les uns des autres, tant pour éviter la perte inutile du terrain, que parce qu’il n’est pas avantageux de trop faciliter l’écoulement des eaux ; car il y a plusieurs circonstances où les grains souffrent de la sécheresse, sur-tout en été & dans les pays chauds.


Quand les terres ne sont pas extrêmement sujettes à être inondées, on fait les tranchées distantes les unes des autres quelquefois de cinq toises, de quatre ou de deux, larges de quatre à cinq pieds sur deux ou trois de profondeur ; & les terres ainsi labourées se nomment terres labourées en planches. La terre qu’on tire des tranchées se répand sur les espaces intermédiaires, & y forme une élévation en dos-d’âne. On rabat la crête des fossés, puis on laboure à la charrue.

Lorsque les terres sont plus sujettes aux inondations, on ne laisse d’un sillon à l’autre que trois ou même deux pieds de distance ; c’est ce qu’on nomme labourer en billons.

Quelques auteurs conseillent de garnir le fond des tranchées avec des pierres, & de les recouvrir avec un peu de terre des fossés. Il est vrai que les vides qui subsistent entre ces pierrailles pourroient favoriser l’extension des racines d’herbes utiles pour le bétail, ce qui feroit que ces endroits ne seroient pas absolument perdus pour le laboureur. Mais ce travail est coûteux. La terre la plus fine emportée par l’eau, venant à fermer les petits interstices des pierres, l’eau ne s’y écoulera que difficilement ; d’ailleurs les pierres s’enfonceront dans la vase, quand le terrain sera fort mou. Ainsi du fascinage seroit préférable à tous égards : en le couvrant de terre, on y recueilleroit de l’herbe dont les racines auroient encore plus de liberté pour s’étendre. On peut employer des épines, du bois d’aune à ces fagots ou fascines.

Les pierrées sont plus praticables dans des potagers ; encore est-on obligé de les relever de tems en tems.

Il faut aussi curer tous les trois ans les fossés qui restent ouverts. Mais ils ont l’avantage d’empêcher que les voitures n’entrent dans les pièces & n’endommagent les grains. (Dict. économ.)

ÉGRAVILLONNER ; c’est ôter avec la pointe de la serpette, ou d’un outil, la terre engagée entre les racines d’un arbre levé en motte, comme l’oranger ou le figuier. Cela se pratique lorsqu’après avoir retranché une partie de la mottes la terre est encore trop dure, & que l’extrémité des racines n’est point assez découverte.

ÉGRUGEOIR pour le chanvre & le lin ; instrument qui ressemble à un banc, mais dont un seul bout a deux pieds, & est garni d’une rangée de dents semblables à celles d’un râteau. L’autre bout porte à terre, & est chargé de pierres.

ÉHOUPER ou Écimer ; c’est couper la houpe ou cîme des arbres.