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pointe des branches, tant parce qu’elles font foibles, que parce que la sève qui monteroit seroit détournée du bas & du milieu des branches, qui sont proprement le vrai lieu où le fruit doit croître.

Les espaliers étant en leur beauté, il faut pour les y conserver autant qu’il le pourra, prendre garde aux bourgeons que les arbres poussent, soit vers le pied, soit vers les premières branches qui se divisent, & y laisser ceux qu’on jugéra les plus propres pour réparer & pour entretenir le bas de l’arbre en sa beauté. Il est bon même d’avoir toujours des arbres de toutes les espèces, plantés en terre dans des paniers & des manequins, afin que si par hasard un des arbres de l’espalier vient à mourir, on puisse aussi-tôt y en remettre un autre déjà tout repris, qui poussant autant selon sa portée que les autres de l’espalier, n’en défigure pas si fort la grâce & la beauté, qu’un autre qui auroit à prendre terre avec un long tems.

ESPECE. Ce mot se dit des fruits & des plantes qui, outre leur caractère générique, ont quelque chose de singulier qui les distingue des autres sortes de plantes ou de fruits de la même famille.

ESPLANADE ; c’est dans un jardin ou dans un parc une terrasse ou lieu élevé & découvert pour jouir de la vue de la campagne & d’un grand horison.

ESQUILLE. Dans le jardinage on donne ce nom à de petits filets & à des parties inégales qui restent toujours aux extrémités des rameaux cassés.

ESSARTER ; c’est arracher tous les arbres, arbrisseaux & broussailles qui couvrent un terrain, & emporter les souches & les racines.

Quand on abat un bois dans les Ardennes, l’usage est de ramasser toutes les broussailles, feuilles, copeaux, brindilles, genêts, bruyeres, &c. les brûler, & en répandre les cendres sur le terrain même où le bois a été abattu, puis de labourer avec le crochet la terre qui est entre les souches & étocs, & y semer du seigle ou du sarrasin. C’est ce qui s’appelle dans le pays faire des essarts.

Duhamel fait sentir qu’une pareille méthode peut devenir fort utile, quand on ne se propose pas de convertir pour toujours le champ en terre labourable.

ESSORER ; c’est, en terme de jardinage, ressuyer ou exposer à l’air pour secher ; ce qui se pratique à l’égard des graines & des oignons qu’on laisse quelque tems étendus sur un planchet pour en laisser dissiper l’humidité avant de les renfermer.

ÉTAGER ; terme employé par les jardiniers pour indiquer la conduite qu’on doit tenir dans le gouvernement des arbres que l’on fait monter peu à peu chaque année, & comme par étage. On dit aussi étage de branches & de racines, pour marquer celles qui sont placées par rang & sur la même ligne.

ÉTÊTER ; c’est trancher la tête d’un arbre. On est dans l’usage de couper jusqu’au tronc toutes les branches des arbres que l’on achete pour replanter. Ces arbres ainsi étêtés poussent quantité de bourgeons dans toute la longueur de leur tige. Au reste, cette méthode n’est bonne que pour les arbres nains & pour ceux qui doivent être mis en espalier.

ÉTIOLEMENT ; c’est, en terme de jardinage, l’altération qui survient aux plantes élevées dans des lieux renfermés. Cette altération consiste en ce qu’elles poussent des tiges effilées, blanches, & terminées par de petites feuilles pâles. Le défaut d’air & trop d’humidité sont la cause de l’étiolement.

ÉTIOLER. (s’) On dit qu’une plante s’étiole, quand elle s’élève beaucoup sans prendre de grosseur, & que ses jets sont maigres & allongés.

ÉTOILE ; c’est dans un jardin ou dans un parc une salle champêtre où aboutissent plusieurs allées d’arbres, comme à un centre commun.

ÉTOUFFER ; ce terme se dît des arbres dont les branches trop touffues se nuisent les unes aux autres, en gênant la circulation de l’air.

ÉTRIPER un arbre ; c’est faire quelque chose de plus que l’élaguer, & quelque chose de moins que de l’ébotter ; c’est-à-dire, lui ôter des branches de distance en distance pour le rajeunir, lui en faisant pousser de nouvelles, & rabaisser les autres, en les coupant où il peut y avoir du bon bois.

ÉTRONÇONNER un arbre ; c’est ne lui laisser que le tronc ; c’est lui couper la têre quand il est nouvellement planté, ou bien quand les racines étant bien saines encore, & lorsque son.. bois est usé, le récéper sur la souche pour le renouveler.

Les arbres des bois en coupe dans les forêts sont coupés rase terre, & ils repoussent. Il n’en est pas de même des arbres fruitiers des jardins, qui sont plus délicats. De plus, dit Schabol, quand on coupe les arbres des forêts,