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Pour bien gouverner les abeilles, il faut connoître leurs besoins & par conséquent être instruit de leur manière de vivre ; de la température d’air qui leur convient ; de la situation où, elles se plaisent ; des alimens propres à les fixer dans un endroit, à les maintenir en santé, & à faire qu’elles travaillent & produisent beaucoup.

Quoiqu’en général les abeilles rendent davantage sous un climat chaud qu’ailleurs, il se rencontre pourtant dans plusieurs régions septentrionales des positions favorables où ces insectes peuvent être à l’abri du grand froid, & dans la situation de travailler.

Mais pour que ces mouches réussissent à tous égards, il leur faut de bons prés, des bois, des arbres fruitiers & quantité de fleurs de toute espèce.

La ruche ou habitation d’une famille d’abeilles est susceptible de diverses formes, & elle peut être faite d’osier, de troène, de viorne, de bourdaine, de paille, de jonc, de planches, &c. En Espagne, où il y a des arbres de buis gros comme nos chênes, on scie ces buis de deux en deux pieds pour les creuser & y mettre les mouches. On dit que ce bois a une vertu particulière pour les attirer, retenir, contribuer à leur santé & fécondité.

On fait aussi des ruches vitrées pour la curiosité ; mais on ne peut jouir que très-imparfaitement du plaisir de voir les abeilles travailler, parce que les gâteaux où elles déposent leur cire & leur miel présentent par-tout un obstacle impénétrable. On a aussi imaginé des ruches de terre cuite.

Si un essaim sorti ne trouve pas son logement préparé, il choisit le creux d’un arbre, ou le trou d’un mur, ou il va même s’établir dans un abri sous terre.

Les abeilles n’affectent donc pas une forme déterminée pour leur habitation, & l’on peut leur construire des ruches cylindriques, quarrées, triangulaires, pyramidales, &c.

Au reste, les-ruches de paille de seigle sont réputées les meilleures, & les moins coûteuses.

On a l’expérience qu’en général les ruches d’une grandeur médiocre valent mieux que les grandes, parce que les mouches ne jettent point d’essaim, à moins que la niche ne soit pleine.

Le produit des ruches dépend beaucoup du choix que l’on aura fait des abeilles. Pour les connoître & examiner quelque tems, il fauter faire sortir en frappant doucement de la main contre la ruche, ou en la renversant à demi sur le côté. Le tems le plus favorable pour les transporter est depuis la Toussaints jusques vers la mi-mars, parce que c’est la saison où les mouches sont engourdies, & le miel fixé dans les alvéoles ; mais il est préférable d’attendre à la fin de l’hiver, ou au commencement du printems. Au surplus, il est essentiel de n’acheter que des ruches pleines & en bon état.

À la fin de février ou en mars, on peut, sans faire tort aux mouches, ôter une grande partie de leur cire, & en même tems du miel qui reste de leur provision d’hiver. Il suffit de leur en laisser une quantité convenable pour les jours rigoureux qui peuvent survenir jusqu’au mois de mai. On peut aussi ôter alors plusieurs gâteaux qui sont vides de miel, & sur-tout ceux dont la cire a beaucoup bruni. Ce qu’on enlève de la sorte aux abeilles dans un tems où elles peuvent le remplacer assez vîte, est un superflu. Donc la retranchement les met plus à l’aise, & leur donne lieu de faire de nouvel ouvrage.

En général, le matin est le moment le plus sûr pour visiter les ruches, parce que les abeilles engourdies sont alors moins disposées à se défendre.

Un coup-d’œil jeté cans la ruche, apprend quels sont les gâteaux qu’il convient de couper. Alors avec un couteau dont la lame est un peu courbe, comme celle des serpettes, & qui coupe bien, on taille & retranche ce que l’on juge à propos.

On doit épargner absolument tous les endroits où il y a du couvain. C’est aussi le tems de faire la réserve des gâteaux garnis de miel que l’on gardera pour approvisionner les ruches qui en ont besoin.

La ruche étant suffisamment taillée, on la remet en place, tournant en devant le côté d’où on a le plus ôté ; parce que les abeilles travaillent de préférence dans la partie que le soleil échauffe davantage. (Voyez Ruches & Rucher.)

MOUCHETURE ; terme d’agriculture. C’est une poussière noire qui, sortant des grains de bled niellés lofqu’on bat les gerbes, s’attache fortement au bon grain, & en salit principalement la houpe, où il laisse une tache noire. Cet inconvénient est purement extérieur, & il n’en résulte aucun préjudice pour la santé ; mais le grain ainsi moucheté déplaît aux yeux, & le pain qui en provient n’est point parfaitement blanc. D’ailleurs, il est très-bien prouvé que cette tache, toute superficielle qu’elle est, rend le grain très-disposé à produire du grain charbonné. Aussi le grain moucheté baisse-t-il communément d’un cinquième, ou même d’un quart du prix courant lorsqu’on l’expose en vente.