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pots de terre, en distinguant les qualités ; puis je réunis tous les rayons & les presse dans une chausse de toile, ce qui forme un troisième miel. Pour jouir de celui qui reste dans la cire, je la jette dans l’eau chaude ; je la divise le plus qu'il m'est possible, &, après avoir laissé fermenter le tout ensemble pendant quelques heures, je le passe de nouveau à la chausse, d'où il tombe dans une chaudière d'airain, où je le fais cuire á un feu doux & clair ; je l’écume, & vois qu'il est cuit, lorsqu'en le mettant sur une assiette ou sur l'ongle, il forme une gelée. Ce miel est pour la nourriture des abeilles : je porte aussi l'écume & les instrumens dont je me suis servi auprès de mes abeilles, qui en font leur profit. Si la saison étoit mauvaise, c'est-à-dire, pluvieuse ou froide, &c. au lieu de récolter, il faudroit fournir de la nourriture aux ruches. Sans cette précaution, il seroit possible que tout pérît. Si les chaleurs sont fortes, donnez de l'air en mettant une hausse dessous. Cette opération se fait le soir ou le matin.

Si vous avez des ruches foibles, ce que vous connoissez par le petit nombre, par le peu d'ardeur & d'activité des abeilles, vous en réunirez deux ensemble le soir ou le matin. Ce n'est pas une précaution inutile de faire sur les deux extrémités une aspersion de bon vin & de miel, & de fumer un peu, comme il a été dit.

Août & Septembre.

Nourrissez les ruches foibles ; dégraissez les fortes. Gardez quelques rayons de miel, & tenez-les dans la même position qu'elles étoient dans la ruche.

Octobre.

Nettoyez les tables ; visitez, fermez exactement vos ruches, & ne laissez d'ouverture que par l’entrée & la grille. Si la hausse sur qui porte la table est pleine de cire, mettez-en une autre dessous, que vous enlèverez au printems. Si, au contraire, elle étoit vuide, & que celle qui est immédiatement au-dessus ne fût qu'à moitié pleine, ôtez celle de dessous. En cas de besoin, donnez de la nourriture abondamment & sans craindre ; mas donnez-la sur la hausse supérieure, faites-la même couler dans le milieu de la ruche ; par-là vous éviterez le pillage dont il faut vous garder soigneusement. Ne laissez à la grille d'entrée d'autre ouverture que pour le passage d'une abeille ; elles pourront sortir trois ou quatre de front dans la largeur. Cette précaution est nécessaire contre les mulots & les insectes. S'il y a des ruches foibles, réunissez-les en mettant la plus forte dessus.


Novembre, Décembre, Janvier & Février.

Avec des chapiteaux de paille, garantissez vos ruches des neiges & des pluies. Tâchez de les préserver des mulots & des souris, ainsi que des fourmis pendant l’été. Tendez des pièges aux premiers, & mettez autour de chaque piquet qui soutient la table, à la hauteur de six à sept pouces, une bande de tôle ou de fer blanc que vous enduirez de soie bien délayée dans de l'urine ou de l'huile de chenevis ; l'un empêchera, les souris de monter, & l'autre éloignera les fourmis.

Un agrément qu'on peut se procurer, est celui d'avoir du plus beau miel, en mettant un saladier ou un vase quelconque sur le fond de la dernière hausse. Ce vase couvrira parfaitement, les cinq grands trous, Seles abeilles y viendront former des rayons & déposer leur miel. On met le vase le jour qu'on a recueilli l'essaim, & quinze jours ou trois semaines après, on peut le détacher en introduisant un fil de laiton entre le vase & le fond. Il faut observer que le fond sur lequel on met le vase, ne soit percé que des cinq grands trous, ou n'en faire qu'un grand de toute la largeur du vase.

De la perte des ruches.

On sait que la mort de la reine l’occasionne infailliblement.

Inter apes dux fœmina regnat.

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Spes & fortuna penarum

Illius ex vita pendent : opera omnia cessant,

Regina sanguente, &c.

Præd. Rust. Lib. 14.

Si l'on peut pressentir la mort de cette reine, on pourra éviter la perte de la ruche, en la réunissant à une foible qui aura une reine. Les fleurs de cornouiller, d'orme, de tilleul ne donnent pas lieu au flux ni à la rougeole, puisque ces maladies sont aussi fréquentes dans les lieux où il n'y a pas de ces arbres que dans ceux où ils se trouvent. Le besoin seul les occasionne. Ces maladies cesseront, ou vos abeilles n'en seront point attaquées si vous leur procurez de la nourriture. J'en ai rappelé à la vie de languissantes & même d'expirantes, par une aspersion de miel délayé avec de l’eau-de-vie ou du kirschwaser, faite entre les rayons ou gâteaux, une ruche mise le bas en haut. Je conseille le remède comme sûr ; mais il faut encore plus éviter d'être forcé par la négligence, ou par une économie mal entendue, de recourir à cet expédient.