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que les abeilles placeront leurs rayons avec solidité.

Le couvercle de nos ruches sera du même diamètre & de la même forme, c'est-à-dire, rond : on l’adaptera au bord de l’ouverture de la ruche ; mais au lieu d'être à plat, comme sur une marmite, il restera droit, parce que la ruche doit être pósée horisontalement ; les petits trous dont nous avons parlé, autour de la baguette, serviront à y mettre des chevilles ou des clous pour le soutenir ; la position horisontale de la ruche exige cette précaution.

On peut construire ces couvercles de quatre manières : en terre cuite & toujours plats & unis, avec un bouton au milieu ; en ardoise, en planches & en fer blanc.

Tous conviennent également ; mais les premiers sont plus fragiles ; en planches, ils peuvent être rongés par les rats. Je conseillerois ceux d'ardoise ou de fer blanc, & en les faisant de cette dernière matière, on pourroit mettre deux feuilles ensemble bien soudées ; pour que les abeilles puissent y marcher commodément, on enduiroit ce couvercle d'un gros vernis posé quelques semaines à l’avance, pour lui laisser perdre sa mauvaise odeur : il le garantiroit en même tems de la rouille.

Autour du couvercle adapté à la ruche, nous faisons sept à huit entailles, qui doivent former, autant de portes pour le passage des abeilles : il faut observer que ces entailles ne soient que d'une dimension relative à leur forme ; car si elles étoient trop grandes, leurs ennemis pourroient s'introduire dans la ruche, & si elles étoient trop petites, elles ne pourroient y passer.

Nous observons aussi de tracer une marque quelconque sur ces couvercles, dans leur partie extérieure, afin de les placer toujours dans la même position. On ne pourra pas s'y tromper, en distinguant le haut du bas. Sans cette précaution, toutes les fois qu'on ouvriroit les ruches, on pourroit les ébranler, & les abeilles en seroient continuellement dérangées.

Voilà la forme des ruches dont on se sert dans l’Archipel, & particulièrement dans l’Ile de Syra. Ces sortes de ruches sont commodes pour les propriétaires, & avantageuses pour les abeilles. Tous ceux qui les ont vues, & même les gens de la campagne, ont été très-satis- faits.

Le potier qui les a faites à Paris, est un nommé Pinchon, rue de la Roquette, fauxbourg Antoine ? Ceux qui voudront en avoir de pareilles, peuvent s'adresser à lui.


P.S. Après l'essai que j'ai fait à Versailles de mes ruches, je me suis décidé d'en faire faire les couvercles avec des planches qui soient bien adaptées à la ruche. Au bas de ces couvercles, je forme une ouverture par où les abeilles puissent seulement passer. À cette ouverture j'ajoute une porte de fer blanc ou de tôle, percée d'un côté avec des petits trous pour leur donner de l’air quand on ne veut pas qu'elles sortent ; je fais de l'autre des trous plus grands, pour qu'elles puissent librement entrer & sortir.

Manière dont on place les ruches dans l’Archipel : avantage de cette position ; par le même.

Notre méthode sur ce point est différente de ce qui se pratique par-tout ailleurs : il en résulte une autre manière de gouverner les abeilles. Dans toute l’Europe, où l'on tient les ruches droites, les abeilles commenceat leur travail du haut en bas, & leurs rayons ont autant de longugur que la ruche a de hauteur. Nos ruches, au contraire, s'étendent horisontalement en longueur, & nos abeilles attachent toujours leurs rayons dans la partie supérieure & cannelée, avec cette différence, que tantôt elles commencent à travailler dans le fond de la ruche, en s'avançant vers le devant, & que tantôt elles s’arrêtent au milieu, où elles commencent à former leurs premiers rayons.

Pour placer nos ruches, nous formons dans toute la longueur du mur, des niches que nous élevons de terre à volonté. Nous leur donnons environ un demi-pied de plus que la ruche n'a de longueur, & un peu plus de hauteur & de largeur qu'elle n'a de diamètre. Nous avons soin que le mur où nous formons ces niches soit sur un terrain plein, & qu'il en soutienne un autre plus haut & plus élevé : par ce moyen, la partie de la niche dans sa longueur est construite dans le mur, & l'autre partie s'appuie sur le terrain de derrière, soutenu par le mur lui-même. Tous les murs à Syra & dans les campagnes, soit pour, soutenir un terrain, soit pour enclore un domaine, sont en pierre seche, & nos niches sont construites de même ; mais nous en couvrons la partie supérieure avec de grosses pierres fort larges, afin que l’eau de la pluie s'écoule sans endommager les ruches. La partie inférieure ou le pavé de la niche se fait aussi avec de petites pierres, afin que s'il y tombe de l’eau, elle ne s'y arrête pas.

Lorsque les niches sont ainsi formées, nous faisons un lit de foin sur lequel nous posons notre ruche ; nous la garnissons tout autour, pour garantir du froid les abeilles en hiver, & en été de l’ardeur du soleil. Les ruches ainsi dispo-