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épargne la peine de semer, & le grain, tombant à mesure dans le fond du sillon, se trouve tout placé à égale distance & dans la même profondeur de terre ; de sorte, que de cinq parties de semence, on en épargne quatre, & qu'avec cela la récolte est encore abondante.

L'inventeur de cet instrument le présenta au gouvernement, qui en fit faire l'essai à Buen-Retiro, où il a réussi à souhait, malgré la sécheresse de l'année qui causa alors un grand dommage à tous les bleds. Un laboureur ordinaire y ayant semé à la façon usitée un terrain dont on avoit mesuré l’étendue, y recueillit 5125 mesures ; tandis qu'au même endroit, dans un espace égal, où l’on s'étoit servi du sembrador, la récolte fut de 8175 mesures, outre ce qu'on avoit encore épargné de grain par cette nouvelle façon de semer. (Voyez page 212.)

Sur cette épreuve, le gouvernement accorda à l'inventeur & à ses associés, le privilège de distribuer cet instrument dans toute l'Espagne, au prix de 24 réales chacun, & de 32 réales pour les pays hors de l'Europe, dont le cinquième seroit perçu au profit du gouvernement, avec défenses à toutes autres personnes de fabriquer cet instrument & de s'en servir, sous différentes peines.

Avant que l'inventeur parût à la cour d'Espagne, il avoit fait de grands essais de cet instrument devant l'empereur, dans ses terres de Luxembourg, où il avait réussi à merveille, comme il paroît par un certificat donné à Vienne le 1er août 1663, nouveau style, par un officier de l'empereur qui avoit été chargé de voir faire cette expérience.

Ce privilège ayant été expédié, il rendit publique, la description du sembrador avec des instructions comme il suit. (Voyez la pl. IX des gravures de l'Art aratoire).

La figure 1 représente une boîte de bois a, b, c, d. Le couvercle de la partie de la boîte où se met le grain, w. Ce couvercle, qui est levé dans la figure 2, & e, f, g, h, k, l. Les deux côtés de cette partie de la boîte, où un cylindre rond, garni de trois rangs de petites cuillères, tourne sur lui même pour jetter le bled au-dehors ; ces côtés de la boîte sont supprimés dans la fig. 2, pour laisser voir le cylindre R S avec les cuillères x, x, x. La forme intérieure de ces côtés est représentée dans la fig. 3, où l'on peut voir quatre pièces triangulaires d, d, d, d, qui servent à conduire le bled qui étoit tombé dans les cuillères, & à le décharger à la pointe du cylindre, afin qu'il puisse tomber précisément par les trous qui sont sous la boîte. La place de ces trous correspond à la partie de la fig. 1, relativement aux lettres. T est l'une


des roues ; V est l’autre bout du cylindre, sur lequel l’autre roue doit être placée.

Le sembrador doit être fermement attaché à la charrue, de la manière qu'on le voit dans la fig. 43 en sorte que le bled puisse tomber dans le sillon, & que les oreilles de la charrue, à mesure qu'elle tourne, puissent couvrir de terre le bled du sillon précédent.

Comme le grain qu'on a semé avec cet instrument se trouve placé au fond du sillon, & à une profondeur convenable, au lieu que les semences répandues à la façon ordinaire, sont bien moins enterrées, ou tout-à-fait découvertes, il est à propos par conséquent d'avancer un peu les semailles ; & que le laboureur qui se sert du sembrador, prévienne de huit ou dix jours le tems ordinaire de semer, en commençant à la mi-septembre, pour finir au milieu du mois d'octobre.

Dans les terrains durs, la profondeur des sillons doit être de cinq ou de dix pouces ; dans les terres de médiocre qualité, de six ou sept, & dans celles qui sont légères & sabloneuses, de sept à huit pouces, & en suivant ces proportions, c'est au laboureur à juger par lui-même du plus ou moins de profondeur qu'il doit donner au labourage, suivant l’égalité des terres.

Il faut sur-tout avoir soin que les roues qui sont sur les côtés de cet instrument tournent toujours rondement, que jamais elles ne traînent sans tourner, & que les oreilles de la charrue soient un peu plus grandes qu'elles ne le sont ordinairement.

Il est à propos aussi que les grains soient bien criblés & nettoyés, afin que les petites cuillères puissent les jetter sans obstacle, & les mieux distribuer.

Á l’égard de l’orge, il faut qu'il soit bien nettoyé, & que les pailles & les barbes soient séparées du grain, d'aussi près qu'il sera possible, afin que cela ne l'empêche pas de sortir du sembrador.

Après les semailles faites, il faudra pratiquer un sillon pour assainir le terrain & en tirer les eaux, en suivant l’usage du pays, sans qu'il soit besoin d'y rien faire de plus jusqu'à la moisson.

Instructions.

1°. Avant que d'ensemencer un terrain, il faut lui donner autant de labourage qu'il est d'usage dans les pays où on laisse reposer les terres.

2°. Quand le tems des semailles est venu, le laboureur doit commencer à ouvrir un sillon


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