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TRO TUT 231

TREILLE ; espèce de berceau en treillage, ordinairement garni de vigne.

TREILLIS ; Assemblage de plusieurs morceaux de bois longs & étroits, posés les uns sur les autres en forme de losange. Les jardiniers s’en servent pour soutenir en hiver la litière, qui couvre les pois.

TRÉPIGNER la terre. Ce terme a deux significations, On trépigne la terre nécessairement & forcément, quand on est obligé d’aller autour des arbres pour les travailler ; & on la trépigne exprès quand on veut semer ou planter dans des terres trop légères & qui n’ont point de corps. Ce dernier trépignement est un art en quelque sorte auquel il faut s’exercer.

TRONC ; Par ce mot on entend communément cette partie de l’arbre qui tient le milieu entre les racines & la tige. C’est au tronc que sont attachées les racines, & il est le vase commun auquel toutes se portent. La tige porte d’aplomb sur le tronc, comme une colonne sur sa base. Les racines y sont en quelque sorte soudées ; la tige est entée & incorporée avec lui. À l’endroit où les racines tiennent au tronc, il en a la dureté & la roideur ; & à l’endroit où la tige ne fait qu’un avec lui, il est d’un tissu moins dur ; ainsi le tronc est une partie intermédiaire entre les racines & la tige, qui tient des unes & de l’autre. Son emplacement naturel est la superficie de la terre, ou entre deux terres.

TROU ; c’est, dans le jardinage, une ouverture creusée en terre pour y planter les arbres. On doit ouvrir les trous long-tems avant la plantation, afin que la terre du fond, exposée à l’action du soleil & à la pluie, soit amendée par les vapeurs de l’air, par les sels, & les autres parties servant à la végétation.

TROUSSE du jardinier. C’est une espèce de poche attachée à une ceinture, & séparée en dedans par deux autres poches plus petites. Elle sert au jardinier, lors de la taille des arbres en espalier & de l’ébourgeonnement, pour y placer les loques, les clous & les outils nécessaires. Sur les côtés de cette trousse, on attache deux anneaux, où l’on passe les tenailles & le marteau à dents.

TROUSSER ; terme de jardinage. Trousser les menues branches qui sont trop basses, c’est les


relever en les attachant à quelque chose qui les soutienne.

TUER. Ce terme s’entend des gourmands des arbres à fruit. La plupart des jardiniers tuent ces gourmands en les abattant, jusqu’à ce que l’arbre épuisé ne pousse plus, ni gourmands, ni autre branche. Au contraire, les jardiniers de Montreuil tuent les gourmands en les chargeant prodigieusement, & ils les métamorphosent ainsi en branches fructueuses. C’est dans ce sens qu’il faut entendre le dicton familier aux Montreuillois : qu’on doit tuer les gourmands, mais non les détruire.

TUF ; terre dure & compacte, placée au-dessous de la bonne terre. Les arbres languissent & meurent lorsque leurs racines ont atteint le tuf. Il est donc essentiel de percer le tuf & de l’enlever à une profondeur considérable des trous destinés à la plantation. On nomme aussi tuf un terrain graveleux, ou crayonneux, qui commence à se former en pierre. On entend encore par ce même terme une terre dont sa couleur fort différente de celle qui est plus voisine de la superficie, devient suspecte pour, la végétation, quoique d’ailleurs aisée à labourer.

TUTEUR. On donne ce nom dans le jardinage à un morceau de bois debout, à une perche, à un échalas, auxquels on attache ou un arbre trop foible, ou une branche qu’on craint que le vent ne casse, ou une jeune greffe, qui pousse trop impétueusement & que le vent pourroit décoller.

On donne encore le nom de tuteur à une tige d’arbre, morte, à laquelle par en-bas a poussé un beau rameau, qu’on dresse le long de cette tige. On n’abat cette tige morte, que quand ce rameau est suffisamment grand, & lorsqu’il est assez fort pour se passer de tuteur & pour se soutenir tout seul. Quant à l’emploi des tuteurs, voici quelques observations essentielles. Il faut garnir l’arbre avec de la mousse bien pelotée, où un fort bouchon de paille, ou quelques vieux chiffons, à tous les endroits où la perche touche à l’arbre, sans quoi l’ébranlement, l’agitation & la secousse des vents causeroient autant d’entamures à la tige & aux branches qu’il y auroit d’endroits où la perche toucheroit à l’arbre. Au lieu d’employer des cordes & des ficelles qui coupent & qui maculent la peau, il faut, pour retenir l’arbre, faire usage d’osier ou de harre.