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si pour leur faire hâter le pas, il lui est moins commode d'avoir deux instrumens, ou moyens séparés, les guides & un fouet, que de se servir d'un seul qui réunit l'usage du fouet & celui des guides ou rênes.

La guide ou rêne est un cordeau de chanvre, dont les extrémités sont ajustées à la bride des chevaux, selon l'usage du pays ; ou bien ils sont, comme l'on dit, rênés à la françoise ou à l’italienne. La main ou poignée du manche de ce fouet-guide est fixée à volonté dans le manche de la charrue. Quant à la manière de se servir de cet instrument, comme fouet pour frapper les chevaux, il consiste à faire tourner le cordeau qui est le long de la cuisse du cheval, & de terminer ce mouvement par une saccade, ce qui s'apprend facilement par l'exercice.

Charrue des jardins. Elle diffère de la charrue de labour, & n'a qu'un soc, servant à ratisser les grandes allées des parcs. Cet instrument est composé de deux brancards, de deux traverses de bois & d'un fer tranchant d'environ trois pieds de long, un peu incliné pour mordre d'un pouce dans la terre. Cette charrue peut être conduite à bras, mais on y attele ordinairement un cheval pour la traîner ; & son conducteur appuie dessus par-derrière, afin d'avancer l’ouvrage.

La demi-charrue ou la petite charrue de jardinage, n'est, à proprement parler, qu'une râtissoire fort large montée avec un châssis de bois sur une ou deux roues, & qu'un homme pousse facilement devant lui, lorsqu'il ne s'agit que de nettoyer un terrain léger & sabloneux.

Charrue-ratissoire. Elle est composée de trois morceaux de bois enchâssés l’un dans l'autre, & d'un fer tranchant d'environ trois pieds de longueur ; trois morceaux de bois font autant de côtés du quarré, & le tranchant fait le quatrième par en bas. Le tranchant est un peu incliné pour mordre environ d'un pouce dans les allées. Quand un cheval traîne cette machine, & que l'homme qui la conduit par un guide appuie assez fortement dessus, si le cheval va aisément, on avance l’ouvrage en peu de tems.

CHASSIS. On appelle ainsi, dans le jardinage, un. Assemblage de pièces de bois jointes par des rainures ; & où l'on ménage des feuillures pour y faire entrer des panneaux ordinairement peints en vert & garnis en dessus de vitrages à petits ou à de moyens carreaux en plomb. On pose ces châssis inclinés sur des pièces de bois soutenues par des murs construits en briques. On leur donne ordinairement dix pieds de large sur quatre & demi dans leur plus grande hauteur, qui est ré-


duite à deux par-devant. Leur longueur peut être portée à quarante pieds.

Ces châssis, destinés à faire venir des ananas & autres plantes exotiques des pays méridionaux, sont échauffés, les uns par un fourneau placé dans l'intérieur, dont les conduits de briques portent la chaleur tout autour entre deux murs couverts d'une pièce de bois ; on creuse la terre de quatre pieds sur troìs, & on y fait une couche de l’année pareille à celle de la serre dans laquelle leurs pots sont enfoncés. Le châssis a une cheminée avec sa porte de tôle ; elle est plus basse que le terrain, d'une marche. Il y a un banc qui règne dans toute la longueur par-derrière, pour donner de l’air aux ananas en levant le châssis par le moyen de deux anneaux, & le soutenant avec des hausses.

Quant aux châssis, qui ne reçoivent de chaleur que du soleil, ils sont destinés à donner des primeurs. Leur couche, creusée de trois pieds, est formée d'une égale quantité de terre & de terreau.

Durant les ardeurs trop vives du soleil, on couvre les châssis de serpillière clouée par les deux bouts sur des rouleaux de bois. On attribue l’invention des châssis aux Anglois & aux Hollandois.

CHATRER ; les jardiniers emploient ce terme à l’égard de la vigne & des arbres dont on retranche les rejetons inutiles, & en parlant de la taille des melons & des concombres. Ils le disent aussi de la motte d'une plante, en pot ou en caisse qu'ils transportent après l’avoir rafraîchie. L’usageordinaire des jardiniers est de couper alors tout autour de la motte & en-dessous les filets blancs qu'a poussés la plante, & qui, ne pouvant percer le pot, se replient le long de la motte : mais tous ces retranchemens sont autant de plaies, par lesquelles le suc nourricier sorti il faut que la nature les guérisse, ou que la plante dépérisse.

CHAUX ; pierre ou marne qu'on a calcinée en la faisant brûler ou cuire à grand feu dans une espèce de four bâti exprès.

En Normandie, du côté de Bayeux, on fait grand usage de chaux vive pour amender les terres que l’on défriche, afin de les ensemencer après les avoir laissées quelques tems en pâturage. Ce défrichement se fait en mars ou en avril. Comme la terre est alors très-affermie, on pique d'abord très-modérément : peu de tems après, on porte la chaux dans le champ en pierre, au sortir du fourneau. On en met environ quatre mille livres pesant pour chaque vergée de terre, distribuées en quarante tas, à distances égales ;


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