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comme la grosse branche. Mais qu’arrive-t-il ? à la pousse la grosse branche réduite à six pouces, dont le canal régorge de sève, fait des jets prodigieux ; la petite, au contraire, dont le diamètre est très-circonscrit, & qui par conséquent ne peut contenir qu’une quantité de sève fort bornée, ne fait que de petits jets fluets & mesquins. Il s’ensuit de là que l’arbre couronné qui, pendant l’hiver & durant le tems que l’on ne fréquente pas les jardins, paraissant parfaitement symmétrisé, devient après la pousse hideux, inégal & épaulé. Il faut donc s’en tenir à la règle prescrite par le bon sens & par l’expérience ; c’est de tailler chaque branche suivant sa force, sauf lors de la pousse à rabattre & ravaler comme il convient pour satisfaire les yeux.

Il est encore un autre couronnement qui n’est pas moins vicieux, savoir : de tailler aussi dans le même goût toutes les pousses du tour des buissons, & c’est ce que dans le jardinage on appelle double couronne.

COURSON ; on nomme ainsi, dans le jardinage, un rameau d’arbre coupé tout court. Quand on veut avoir à quelqu’endroit d’un arbre une branche bien forte, il n’y a qu’à la tailler à un œil ou deux, & l’on est sûr alors qu’il en sortira du fort bois pour garnir où besoin est. Il est quelquefois convenable de tailler en courson ; mais il est dangereux de le faire sans nécessité, parce qu’alors l’arbre pousse autant de gourmands qu’on a fait de coursons.

Les vignerons appellent aussi courson un sarment raccourci à trois ou quatre yeux. On a soin d’en laisser au bas des ceps pour les renouveller, en cas qu’ils viennent à manquer.

COUTEAU de bois, de buis ou d’ivoire. On se sert de cet instrument dans le jardinage, pour gratter la mousse, le noir de la punaise & son couvain sur tous les arbres & vignes d’espalier. Il faut faire cette opération après une grande pluie, lors d’un brouillard épais, ou mouiller amplement avec une éponge, à plus d’une reprise, en grattant jusqu’à ce que l’écorce devienne lisse, belle & luisante.

Couteau en manière de scie, ou scie à main. Il y en a dont la lame se replie dans le manche, & d’autres sont à lame fixe.

COUVERT ; c’est l’endroit d’un jardin planté qui donnent de l’ombrage.

COUVERTURE ; c’est, dans le jardinage, tout ce que l’art a inventé pour garantir de la gelée ou des mauvais vents les plantes un peu


délicates ; comme les arbustes, les fleurs, les fruits noués, les bourgeons, les légumes.

COUVRIR une plante ; c’est la cacher, en étendant dessus quelque corps pour la garantir.

On couvre des semences, ou des plantes dont on a coupé les feuilles, en répandant dessus du terreau ; on couvre les arbustes avec des paillassons, afin de les préserver de la gelée ; on emploie aussi pour le même effet des cloches de verre, avec de la grande litière ou de petits paillassons.

CRAIE ; pierre calcaire, fort blanche, & plus ou moins friable, qui se trouve assez près de la superficie de la terre, & souvent à plusieurs pieds de profondeur. Les arbres & les plantes ne viennent que très-difficilement dans les terrains où la craie se trouve en abondance.

CRAYON ; on donne ce nom à une terre dure, blanchâtre & stérile. Souvent le crayon se trouve au-dessous de bonnes terres, & si près de la superficie, que le soleil pénètre trop vite ces bonnes terres, & que les racines des arbres, n’ayant pu pousser assez avant, y sont altérées & brûlées ; ce qui fait jaunir & enfin périr les arbres.

Il y a un crayon blanc ; il y en a aussi de noirâtre, de grisâtre, de rouge.

CREVASSE ; c’est une gerçure ou fente que les arbres & la terre éprouvent également.

Dans les arbres, les crevasses viennent d’une sève trop abondante qui s’extravase à travers l’écorce ; elle vient aussi de la disette des socs lorsque la peau des branches se lèche, & que leur écorce s’entr’ouvre.

Les crevasses de la terre n’ont lieu que dans les grandes sécheresses. Un jardinier doit avoir soin de mettre de la terre en miette dans les crevasses qui se font au pied des arbres.

CRIBLE ; les botanistes & les jardiniers appellent ainsi certaines parties des plantes, à travers lesquelles passent le suc nourricier & les liqueurs qui doivent recevoir une certaine préparation. Les feuilles sont les cribles naturels, & les plus universels des végétaux.

Crible ; instrument large de différentes formes sur le plan duquel sont quantité de petites ouvertures, dont l’effet est que le grain, éprouvant un mouvement rapide, la poussière & autres particules étrangères au grain s’échappent par ces issues, & laissent le grain plus net qu’il n’étoit