coltes, comme il a été dit plus haut ; mais à la fin de la troisième année, on semera du trefle, ou, suivant la qualité du terrain, d'autres herbages.
Autre système de culture par le gentilhomme cultivateur.
Le labourage est considéré par l’auteur, comme la principale & la plus essentielle des opérations d’agriculture : qu'on ne soit donc point étonné, dit il, des différentes, espèces de charrues inventées pour perfectionner cette partie, ni de la variété des préparations données à la terre relativement à ses qualités, pour la rendre fertile, & propre à la végétation des plantes dont nous attendons les productions. Tous les sols ne se prêtent pas aux mêmes méthodes de culture : s'il ne falloit les cultiver qu'en suivant des principes uniformes, l’agriculture ne seroit plus un art, mais un simple jeu, peu fait pour mériter les soins des hommes célèbres qui se sont appliqués à nous tracer la vraie route que leur avoit indiquée l’expérience.
Utilité des labours. Pour rendre la terre fertile, il faut rompre & diviser ses parties. On opère la division de molécules de deux manières ; 1°. par l’instrument de culture, qui fouille la terre, & divise ses parties ; 2°. par les fumiers dont la fermentation empêche la réunion des molécules séparées par le labourage. Ces deux manières sont communément combinées ensemble : souvent la première est employée toute seule, mais jamais la seconde. L'auteur estime qu'il est bien plus avantageux de contribuer à la fertilité de la terre par les labours que par les fumiers, dont il est rare d'avoir la quantité nécessaire dans les grandes exploitations ; au lieu qu'il est toujours en notre pouvoir d'augmenter les labours à notre volonté. L'auteur, sans donner dans l’excès de Tull, qui bannit absolument les engrais de l’agriculture, observe qu'il est à propos d'en faire un usage très-modéré, & de les remplacer par des labours, autant que les terres peuvent se prêter à cette pratique ; parce qu'ils corrompent en quelque sorte le goût naturel des productions, comme l’expérience nous en convainc tous les jours dans les plantes potagères.
Lorsque la terre est améliorée par le labourage, elle n'est point exposée à l’épuisement causé par les mauvaises herbes ; toutes les parties reçoivent successivement les influences de l’atmosphère, lorsqu'un labour les remet au fond pour ramener les autres à la surface, afin qu'elles profitent des mêmes avantages ; elles y portent des principes ; certains de fertilité, qui n'altéreront point le goût primitif des productions des plantes dont elles aident merveilleusement la végétation.
Les terres légères ont des interstices trop grossiers entre leurs molécules, de sorte que les racines qui s'étendent dans ces cavités, ont peine à toucher leur surface, & par conséquent à pomper les sucs nourriciers. L'effet du labourage, dans ces sortes de terres, consiste donc à opérer une plus grande division de molécules, que celle qui existoit déjà. Il faut observer, ajoute l’auteur, que les racines, dans leur extension, doivent nécessaiiement éprouver une certaine résistance, afin d'attirer les sucs nourriciers ; sans cette pression réciproque des racines & des molécules la végétation languit, parce que les racines passant sur les parties terrestres sans toucher leur surface, elles ne peuvent point enlever les sucs dont les molécules sont chargées. Sans les labours, les terres légères seroient par conséquent peu propres à la végétation.
Quoique le fumier, par la fermentation qu'il excite dans l’intérieur de la terre, divise aussi ses parties, ce seroit une erreur, selon l’auteur, de le croire aussi avantageux que les labours dont l'effet est bien plus certain : il porte, à la vérité, des principes de fertilité, très-utiles à la végétation ; mais aussi il est sujet à des inconvéniens nuisibles aux productions de la terre : ainsi qu'il a déjà dit plusieurs fois, la méthode la plus ordinaire d'améliorer les terres, étant d'avoir recours au fumier, l'auteur indique un moyen assuré de faire mourir les insectes qui y sont ; pour cet effet, avant de commencer le tas, on met une couche de chaux vive, & à mesure qu'il avance, on répand de temps en temps quelques couches de la même chaux ; en ayant cette précaution, on détruit les insectes & les graines des mauvaises herbes qui poussent en quantité dans les terres bien fumées.
L'auteur considère la herse, dans les mains du laboureur ignorant, comme l’instrument d'agriculture le plus dangereux, lorsqu'il en fait usage pour se dispenser des labours qu'il devroit au contraire multiplier ; il imagine que cet instrument rompt & divise suffisamment la terre, sans faire attention que les chevaux dont il se sert, font plus de mal avec leurs pieds, que la herse ne fait de bien.
Selon les principes de l'auteur, lorsqu'on veut conserver un terrain en vigueur par le labourage, il est essentiel de multiplier le nombre de labours, afin d'accroître, ou pour mieux dire, de développer les principes de fertilité ; mais il faut observer de mettre un intervalle de temps convenable entre chaque labour ; sans cette précaution, on les multiplie sans que la terre en reçoive aucun avantage. Un terrain médiocre, bien labouré, est bien plus fertile qu'un autre d'une qualité meilleure, mais qui n'est point amendé