par les labours. Une terre nouvellement rompue, & suffisamment ameublie, est, comme une terre neuve, pour tous les usages auxquels on veut l’employer, d’où il conclut que les labours produisent les mêmes effets que les engrais. Les sols légers, suivant ses observations, deviennent plus serrés & plus lourds lorsque la terre est bien rompue & divisée par les labours dont l'effet est de donner plus d'adhérence à ses parties après leur division. Les terres fortes, au contraire, deviennent plus légères, par la même opération qui raffermit celles qui sont trop friables ; leurs molécules étant divisées par la culture, elles perdent en partie la ténacité & l'adhérence qui s'opposent à l’extension des racines.
L'auteur entre dans ce détail pour faire comprendre au cultivateur qui ne veut employer d'autres moyens pour améliorer ses terres, que le seul labourage, combien il est essentiel de les multiplier s’il veut réussir dans son entreprise : sans cette connoissance, cette méthode très-avantageuse peut être nuisible à ses terres.
Suivant la méthode ordinaire de cultiver, l’effet du premier labour, suivant lui, est peu sensible ; celui du second l’est un peu plus : ce n'est qu'après avoir fait l'un & l'autre, qu'on doit regarder la terre comme préparée à être labourée. Le troisième & le quatrième labour commencent à produire des avantages réels, & tous ceux qu'on donne ensuite, deviennent infiniment plus efficaces que les premiers pour rendre la terre fertile. Il est certain, ajoute l’auteur, que rien n'est plus propre à faciliter & à augmenter les effets des engrais, que les labours donnés à un terrain nouvellement fumé. Au bout de trois ans, une terre qui a été fumée, se trouve communément épuisée ; en lui donnant un double labour moins dispendieux que le fumier, on la remettra en vigueur pour six ans ; & plus on augmentera le nombre des labours, plus elle pourra se passer du secours des engrais.
Quoique l'auteur approuve la fréquence des labours, pour maintenir les terres dans un état propre à la végétation, il pense cependant que le meilleur moyen est de joindre les engrais aux labours, c'est-à-dire, après qu'un terrain a été long-temps fertile par les labours, il faut le secourir par les engrais, afin de le ranimer : quand au contraire, il a été porté à un grand degré d'amélioration par les fumiers, il convient alors de multiplier les labours ; cette alternative est, ajoute-t-il, la vraie méthode de conserver les bons effets, tant des labours que des engrais. Il ne trouve aucune raison qui puisse empêcher le cultivateur de se comporter autrement, parce que les labours & les engrais ne produisent pas des effets qui soient opposés les uns aux autres.
Selon les principes du gentilhomme cultivateur, on ne peut point établir une méthode uniforme de labourer les terres, parce qu'elles varient infiniment dans leurs qualités & leurs positions. Communément on regarde un labour profond, comme très-avantageux pour rendre un sol fertile ; cependant, il y a des circonstances où il seroit nuisible. Toutes les terres n'ont pas autant de fonds, les unes que les autres ; elles n'exigent donc point d’être fouillées à la même profondeur. La charrue doit piquer beaucoup dans les terres nommées pleins-sols, parce qu'on ne craint point de ramener à la surface une terre de mauvaise qualité ; mais lorsque le sol n’a que quelques pouces de profondeur, & qu'on trouve ensuite une terre non végétale, on doit prendre garde à ne point faire piquer la charrue trop avant, & à ne pas ramener à la superficie la mauvaise terre.
Les terres humides exigent une culture plus analogue à leur qualité. Il y a deux principales sortes de sols sujets à être refroidis par l’humidité ; ceux qui se trouvent sur des montagnes où il y a un lit de glaise au dessous de la superficie, & ceux qui, situés horizontalement, sont fort profonds & très-fermes. « La cause du mal dans ces.terrains.est très-évidente : les eaux des pluies filtrant à travers la terre molle qui forme la superficie, sont retenues par la glaise qui se trouve en-dessous, & dont les parties sont si intimement liées & compactes, qu'elles sont impénétrables aux eaux ; de sorte que de nouvelles pluies succédant, les eaux en sont retenues par les précédentes : le sol étant alors engagé elles remontent vers la superficie, se mêlent avec la terre molle, qui abreuvée se gonfle & se lève au-dessus de son niveau. »
Voici de quelle manière l’auteur procède dans la culture de ces sortes de terrains.
Le labourage n'est que d'une foible ressource dans ces sortes de terres ; on ne peut donc point se dispenses de couper des tranchées en travers du terrain, afin de donner une pente à l’eau pour qu'elle puisse s'écouler : on ferme ces tranchées en les comblant avec de grosses pierres recouvertes ensuite de terre, afin que la charrue puisse y passer comme sur une surface horizontale.
Lorsqu'on a lieu d'espérer de retirer quelqu'avantage, en réduisant ces sortes de terres en état de culture réglée, pour l’entreprendre avec succès, il faut labourer en dirigeant les rayons transversalement, & leur donner une pente oblique. Si les rayons étoient dirigés transversalement, en ligne droite, ou de bas en haut & toujours en ligne droite, on conçoit combien ces méthodes seroient défectueuses :
Art aratoire. K