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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/424

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principes généraux, dont l’intelligence & le goût des artistes doivent faire une application convenable.

Celui qui me paroît le plus important, est l’obligation d’avoir une connoissance théorique assez approfondie, de l’architecture & de la perspective. L’habitude acquise de former des plans géométraux, & d’élever sur ce ; plans les représentations perspectives de differens édifices, est le fondement de la vérité de ces images peintes, comme la connoissance des ordres & de leur emploi, est une source de richesses pour la peinture. Il résulte de ces connoissances que les édifices, dent souvent une partie est le lieu choisi pour une scène pittoresque, s’offrent dans le tableau avec la juste apparence qu’ils doivent avoir. Combien, au contraire, de ces péristiles, de ces sallons, de ces temples qu’offrent nos tableaux, s’écrouleroient, si l’on hasardoit de les construire sur les plans qu’indique leur réprésentation ! Combien d’effets seroient convaincus d’être imagiuaires, si on les soumettoit à l’épreuve sévère des démonstrations géométriques que prescrivent les perspectives locale & aérienne !

L’observation des règles (je ne puis trop le répéter) est le soutien des beaux-arts, comme les licences & l’arbitraire en sont la ruine. Tant que les arts, appuyés sur la base des sciences exactes & démontrées, produisent des imitations vraies, ils combattent avec succès le refroidissement & le goût énervé des siècles qui se dépravent : des que les arts offrent des ouvrages dont on peut démontrer les défauts, ils donnent sur eux un avantage dont profitent l’ignorance & la barbarie.

Voilà donc pourquoi principalement on a raison de s’élever contre les innovations qui s’éloignent de ce qui a été consacré de l’aveu de plusieurs ; siècles éclairés, & regardé comme approchant le plus de la perfection. On peut à l’aide de l’esprit & de raisonnemens sophistiques, combattre le respect, peut-être porté a quelque excès, pour les chefs d’œuvre reconnus ; mais ces armes qu’emploient l’esprit & l’artifice, tournent bien ôt contre l’intérêt même de l’esprit des arts ; & des hommes.

Dans l’art de la peinture, l’anatomie, la pondération, les proportions & la perspective sont le Palladium, dont la perte doit entraîner nécessairement la dépravation de l’art. La perspective, qui est si essentielle à l’objet que je traite, donne les règles des rapports des objets entr’eux, & de leurs apparences, suivant leurs plans & leurs distances. Elle est nécessaire, même dans la représentation des ruines ; car il faut qu’un homme instruit puisse, à l’aide de quelques parties conservées, reconstruire, s’il le veut, l’édifice.

Les grands peintres ont étudié avec soin l’architecture, qui entraîne l’étude de la perspective. Plusieurs même ont construit avec succès, & l’on peut être bien assuré par là que les édifices dont ils enrichissoient leurs tableaux, n’étoient pas inconstruisibles ou près de s’écrouler. Plusieurs exerçoient encore la sculpture : on doit penser qu’ils avoient une juste idée du relief & des formes en elles-mêmes.

Si les peintres ont tant à gagner, lorsqu’ils s’instruisent à fond des arts limitrophes de celui qu’ils exercent, on peut croire que les architectes, à leur tour, ne perdroient pas leur peine à exercer la peinture & la sculpture, quand ce ne seroit que pour s’y intéresser plus encore qu’ils ne font ; car enfin les arts sont frères ; leur union fait leur force, & par conséquent leurs rivalités ou leur désunion, nuisent à leurs succès, & préparént leur ruine. (Article de M. Watelet.)

FACE, (subst. fém.) dans les arts du dessin, la tête & la face, c’est-à-dire, la longueur perpendiculaire de l’une ou de l’autre, est établie comme mesure commune de toute la figure dont elle fait partie.

Cette manière de mesurer, prise d’une portion de l’objet qu’on doit soumettre à des proportions convenues, a un grand avantage sur toute autre, c’est-à-dire, sur les mesures étrangères à l’objet qu’on veut mesurer, parce qu’elle est moins sujette à varier, & que les usages qui peuvent changer les mesures communes, ne peuvent causer d’erreur ni d’obscurité à ceux qui s’en servent.

On sent aisement que cette préférence ne peut avoir lieu pour la plus grande partie des objets usuels, parce que d’une part il est très-difficile, & il aété même impossible jusqu’à présent de trouver, dans ces sortes d’objets, l’équivalent de la mesure dont il est question, & que d’une autre part, si l’on parvenoit à en decouvrir une, il seroit infiniment difficile de l’établir universellement, & que cet usage, trop uniforme présenteroit, peut-être quelques inconvéniens par rapport à l’industrie du commerce, tel qu’il est établi.

Quant à l’avantage de la manière de mesurer toutes les parties d’une figure par la longueur de la face & ses divisions, il n’est pas difficile de le faire concevoir. Les différentes mesures communes des anciens sont aujourd’hui des objets de recherches ; par consequent on ne les connoît pas avec la dernière exactitude. Si les belles figures qu’ils ont exécutées étoient toutes détruites, & que leurs proportions ne nous fussent transmises qu’à l’aide de ces anciennes mesures, nous ne pourrions nous aider qu’avec incertitude du secours quelles prêtent a nos arts.

Mais depuis la renaissance des arts, les figures ayant été mesurées sur les longueurs de

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