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aux planches. Ceux qui ont lu ce grand ouvrage, savent qu’il arrive souvent que l’on ne trouve pas ce que l’on y cherche. Non seulement la nomenclature y est imparfaite, mais il y a des milliers d’articles de peu d’utilité, qui sont d’une longueur démesurée, & une infinité d’autres très-utiles, sur lesquels on trouve à peine quelques lignes. Il eût été très-utile de travailler à de nouveaux dictionnaires, si chacun d’eux ne devoit pas l’emporter sur ceux que nous possédons. Leur étendue doit donc être déterminée sur leur utilité, sur l’état actuel de la science, & sur les progrès qu’elle a faits.

Quant à la manière de traiter chaque article, on ne pouvoit rien prescrire en particulier sur cet objet : mais la table générale de tous les objets que chaque dictionnaire doit embrasser, étant dressée, il étoit facile de distinguer dans cette table les mots principaux de l’art & de la science, les rapports & l’analogie qu’ils ont entre eux : c’est par ce travail préliminaire, auquel chacun des rédacteurs s’est assujetti, qu’ils ont pu connoître, sans se tromper, les mots qui n’exigent qu’une simple définition, & ceux qui étant, pour ainsi dire, la clef de l’art ou de la science, doivent être traités avec l’étendue convenable, puisqu’une foule de mots leur sont subordonnés.

Aux articles, par exemple ; de la Minéralogie, les mots, suc lapidifique, concrétion, minéralisation, &c., sont les principaux de cette science ; il faut donc les traiter avec une certaine étendue, & donner un précis des opinions des meilleurs auteurs sur chacune des opérations de la nature. Il en est de même, en Chimie, des mots métaux, métallisation, acides, &c.

Chaque traité contiendra des définitions claires, nettes, & précises de tous les termes de la science ou de l’art ; une exposition très-succincte des différens systêmes ; & à l’article qui indiquera la science qu’on traite, on donnera une idée générale des principaux objets de cette science, on y fera mention des meilleurs auteurs, & on fera l’histoire abrégée de la science, afin de faire connoître les progrès successifs qu’elle a faits. Le grand art, dans une pareille entreprise, est d’étre concis, serré, de dire beaucoup en peu de mots, d’éviter les répétitions, les superfluités. Le style, en général, doit être simple, clair, & toujours relatif au sujet. Chaque chose doit avoir son coloris, & l’on conçoit que la Littérature exige un autre ton que la Marine ou l’Art Militaire.

Chacun de ces dictionnaires sera précédé de discours préliminaires, lesquels seront suivis de tableaux d’analyses, qui indiqueront l’ordre encyclopédique de tous les mots de chaque dictionnaire. M. d’Alembert a fait voir, dans le discours qui est à la tête de la première édition de l’Encyclopédie, en quoi consistoit l’ordre encyclopédique, & de quelle manière il pouvoit s’allier avec l’ordre alphabétique ; mais s’il a prouvé que cette liaison fût possible pour un dictionnaire qui renferme, pêle-mêle, toutes les connoissances humaines, combien n’est-il pas plus facile de la réaliser dans des dictionnaires qui chacun n’embrassent qu’un seul objet, & qui, étant précédés de tableaux analytiques, dans lesquels l’ordre des mots & des choses est indiqué, rendent l’usage de ces dictionnaires aussi commode que s’ils étoient des traités suivis & particuliers de chaque science ou art ? La division que nous avons adoptée ne nuit donc pas à l’ordre encyclopédique. Dans la première édition de l’Encyclopédie, on a employé trois moyens pour concilier l’ordre alphabétique avec l’ordre encyclopédique ; le systême figuré qui est à la tête de l’ouvrage ; la science à laquelle chaque article se rapporte, & la manière dont l’article a été traité, en mettant d’ordinaire à chaque mot le nom de la science ou de l’art dont il dépend. Dans l’édition actuelle, on n’a employé qu’un seul moyen, mais beaucoup plus simple, plus naturel ; c’est de mettre à la tête de chaque dictionnaire l’ordre dans lequel les mots doivent être lus, comme si chaque dictionnaire n’étoit qu’un traité didactique. Par ce moyen, le lecteur voit, pour ainsi dire, d’un seul coup d’œil le tableau de chaque science, & la liaison de tous les mots qui y ont rapport, ou plutôt de toutes les idées qui en sont les élémens.

L’art des renvois suppose un esprit juste & méthodique ; mais il faut bien prendre garde de ne pas trop les multiplier. Ils deviennent presque inutiles pour plusieurs dictionnaires dans cette nouvelle édition, puisqu’on mettra à la tête de chaque ouvrage le tableau, ou l’ordre dans lequel on doit lire les principaux articles de chaque dictionnaire, comme si c’étoient des traités suivis. Ainsi, le lecteur, en parcourant ce tableau, verra d’un seul coup-d’œil & sans être obligé de recourir à des renvois toujours incommodes, qu’en Physique, par exemple, après le mot mouvement, on doit lire les mots vîtesse ([1]), puissance, force, force d’inertie, force motrice, force morte, force vive, force projectile, lois de la nature, lois du mouvement, choc des corps, communication du mouvement, &c. De sorte que le renvoi ne devient nécessaire, que quand le mot n’est pas désigné dans le tableau. Dans tous les cas, si on l’indique, on sera exact à l’y placer. L’ancienne Encyclopédie fourmille d’omissions à cet égard.

Une autre attention qu’auront les rédacteurs, c’est de ne renvoyer qu’à l’ouvrage même, & non à d’autres ; une Encyclopédie devant essentiellement, & par sa nature, contenir le systême entier

  1. Si on recherchoit ces mots dans l’ancienne Encyclopédie, on seroit obligé d’ouvrir tous les volumes in-folio ; ces matières étant réunies, le lecteur n’est obligé de recourir qu’au volume qui les renferme, & cet exemple fait sentir d’une manière bien convaincante l’utilité & la commodité d’une Encyclopédie par ordre de matières.