Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

GE N poësie appelle du même nom, excepté qu’on ne dit pas des poëtes de genre, mais des poëtes qui s’occupent d’un genre.

Il en est de même dans l’éloquence, dans la musique & dans tous les arts ; mais pour donner à ceux qui ont peu de connoissance de l’objet de cet article, une idée plus précise de ce qui caractérise & autorise cette division des genres, je me servirai d’une image. Cette manière de s’expliquer a quelque droit d’être admise en parlant de la peinture.

Il est peu de lecteurs, pour peu qu’ils soient instruits, qui, sur les pas du Tasse, n’ayent suivi les Chevaliers Danois dans le merveilleux séjour d’Armide, où tous les objets de la nature avoient été placés avec choix & au gré d’un art que dirigeoit l’amour le plus ingénieux.

Transportons-nous y quelques momens & représentons nous les diverses impressions qui ont occupé sans doute successivement les deux sages, attentifs à tout ce qui s’offrit à leurs regards. Ils appreçoivent, en approchant, un magnifique & vaste édifice ; ils ont dû s’arrêter dans l’endroit où ils pouvoient mieux l’observer. Alors le site où se trouve ce palais, sa forme générale, ensuite ses parties, leurs détails, les effets qui en résultent concentrent leur attention & fixent leurs regards.

Transformez ces observateurs en artistes ; qu’ils prennent leurs pinceaux pour imiter le genre de beautés qui les occupe & pour en faire passer le sentiment tel qu’ils l’éprouvent, à veux qui verront leur ouvrage ; voilà des peintres qui se consacrent au genre de l’architecture, tel que l’ont exécuté avec succès Panini, Servandoni & veux qui marchent sur leurs traces.

Leur sentiment & leur affection les portent à regarder comme objet principal de leurs tableaux, la magnificence des fabriques & les effets que leurs ornemens donnent lieu de produire par le choix des lumières & du clair-obscur ; ou bien ils se plaisent à représenter le pittoresque des monumens alterés par le tems, leurs accidens & leurs majestueuses ruines. Ils joignent à ces objets principaux de leurs compositions, ce que les plantes & les eaux peuvent y ajoûter de beautés : ils ne se refusent pas d’y associer quelques arbres qui, nés dans les décombres & parvenus à leur terme, font penser aux effets dur tems & portent l’esprit du spectateur à l’époque reculée de ses destructions.

Mais en se permettant des accessoires heureux & choisis, le peinture d’architecture fait toujours en sorte qu’ils soient subordonnés, & qu’ils ne détournent point trop de l’objet principal, auquel il consacre principalement ses soins.


Passons dans l’intérieur du séjour magique ; atures motifs de surprise & d’admiration ; nouvel objet principal pour nos guerriers, comme observateurs, & pour nos peintres de genre comme artistes. Des intérieurs décorés de tout ce que l’art peut imaginer pour surpasser la nature, frappent les yeux & entrainent le peintre à y consacrer ses talens ; mais ce genre, qui tient de près au precédent, a besoin d’une imitation plus exacte du clair-obscur & des perspectives linéales & aëriennes, pour produire son illusion. D’ailleurs, la régularité, la symmétrie, la difficulté d’y trouver des variétés & des oppositions, rendent ce genre plus froid & moins partiqué. La plupart de ceux qui l’ont exercé avec succès, ont choisi pour objet de leurs représentations exactes, des Eglises le plus souvent gothiques, dont les élevations, les jours mystérieux & les points de vue pittoresques leur ont aidé à lutter contre la difficulté d’intéresser les spectateurs. En effet, les regards ne sont arrêtés quelques momens sur les tableaux de Steenwick & de Pieters-Neefs que par l’illusion de la perspective, par une grande vérité de couleur ou de lumières dégradées & enfin à l’aide de quelques détails de cérémonies que comporte l’usage de ces édifices. Par ces raisons, ce qui pourroit rendre l’intérieur d’un palais intéressant, seroit ou quelque cerémonie, ou quelque divertissement & ces accessoires nécessaires font sentir le défaut de ce genre qui ne peut se suffire à lui-même. Il est tel en effet que les Chevaliers, après avoir admiré quelques tableaux dont étoit orné le beau palais solitaire, s’empressèrent d’en sortir ; mais dans le moment où ils penétrèrent dans les jardins, où, l’art chaché disputoit de beauté, de variété, d’accidens agréables avec la plus belle nature & l’emportoit sur elle, nos guerriers se sentirent attachés, intéressés plus vivement, & c’est le sort des peintres qu’un penchant secret porte à embrasser le genre du paysage & qui cherchent, pour se satisfaire, des sites heureux.

Ils employent toutes les ressources de l’art à représenter ces arbres choisis dans tous les climats & dont les formes majestueuses, ainsi que las verdure admirable, excitent leur admiration. Ils sont arrêtés part la limpidité des eaux, & par les beaux reflets qui semblent youloir les convaincre à quel dégré de perfection l’on peut parvenir à représenter le relief & les distances des objets réels sur une surface platte : ils partagent leurs soins entre les gazons & les fleurs.

Mais comme celles-ci sont aussi parfaites dans les jardins d’Armide que dans ceux de Flore même, l’observateur de ces beautés diverses s’en approache. Il fixe, particulièrement ses regards sur chacune d’elles ; transporté d’admiration,