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manière, la sphère de l’Anatomie s’agrandit ; elle ne se borne plus à l’examen d’un seul individu, & celui qui l’étudie, a droit de s’attendre à de grands résultats.

Tous les corps naturels peuvent, en effet, être divisés en deux classes, dont les uns poslèdent cette activité intérieure, cette spontanéité de mouvemens qui leur sont particulières, tandis que les autres en sont privés, & semblent obéir à des lois d’un ordre différent. Nous appelons les premiers du nom de corps vivans, & nous comprenons dans cette grande division toute la chaîne qui s’étend depuis l’homme jusqu’à la plante.

Les individus de cette classe ont des caractères ou des fonctions qui leur sont propres, & qui peuvent servir à les faire reconnoître. Nous les avons réduits aux chefs suivans ; la nutrition, la génération, l’irritabilité, la circulation, la secrétion, la respiration, l’ossification, la digestion, & la sensibilité. Ce n’est pas que tous ces caractères doivent se trouver dans chacun des corps vivans : la réunion de ces fonctions constitue en général leur perfection ; & le développement entier de quelques-unes d’entre elles, telles, par exemple, que la sensibilité, leur donne toute la supériorité dont ils sont susceptibles. Aristote a prouvé qu’une partie de ces nuances au moins lui étoit connue, lorsqu’il a dit : Il n’est pas nécessaire que tous les corps vivans soient pourvus de sentiment, mais il l’est que tous se nourrissent ([1]). Tels sont les motifs qui nous ont engagés à placer ces deux caractères aux deux exrémités de notre division méthodique.

Chacune de ces fonctions sera traitée d’une manière très étendue dans le dictionnaire que nous annonçons. Tous les autres articles s’y rapporteront, ils en offriront l’explication, & ils auront eux-mêmes la leur dans la lecture de ces grandes généralités.

Ce dictionnaire comprendra, 1o. l’exposition anatomique ; 2o. la Physiologie, ou explication des phénomènes.

1o. La partie anatomique aura pour objet principal la description du corps humain ; on aura soin que la nomenclature soit complète : mais afin de ne point diviser les connoissances, dont l’utilité s’accroît par le rapprochement, un grand nombre de mots ne seront suivis que d’une définition claire & précise, avec des renvois exacts qui mettront le lecteur à portée de trouver ce qu’il cherche, dans la place où il doit le rencontrer.

L’auteur célèbre du tableau raisonné qui présente l’ordre encyclopédique, a eu raison de diviser l’Anatomie, non comme plusieurs ont fait mal à propos, en humaine & comparée, mais en


simple & comparée : en effet, l’anatomie humaine peut être simple, si elle ne traite que du corps humain, & elle devient comparée, si les organes de ce dernier sont examinés comparativement avec ceux des autres animaux. Dans tous les articles, le premier genre d’Anatomie commencera, & le second achevera l’exposition.

Il est facile de sentir que le dictionnaire dont il s’agit deviendroit immense, si tout ce qui appartient à l’Anatomie des brutes y avoit la même étendue que ce qui est relatif à l’homme. Il n’y aura qu’un article pour chaque animal, dans lequel on détaillera ce que l’observation & la dissection auront appris de plus important à ce sujet. On ne s’écartera de cette règle que dans un très-petit nombre de cas, & pour l’exposition des organes de certains animaux, du cheval, par exemple, dont l’étude mérite plus d’attention & demande plus de détails.

Il y a des animaux dont on n’a disséqué qu’un petit nombre ; on est encore très-ignorant sur l’anatomie des insectes & des vers. On rassemblera les faits les plus curieux & les plus propres à faire connoître les différences & le rapprochement, qui sont le but principal du travail encyclopédique.

L’économie végétale ne sera point oubliée ; elle est du ressort de l’Anatomie, & ses plus grands progrès sont dus à des savans qui ont cultivé cette dernière science avec distinction. Heureusement M. Daubenton s’est occupé depuis quelque temps à répéter toutes les observations qui ont été faites sur les couches ligneuses, sur les vaisseaux des plantes, sur la structure de l’écorce & du centre des végétaux, sur celle des racines & des feuilles ; & il a bien voulu se charger de cette partie du dictionnaire, dans lequel tous ces articles seront faits de nouveau & d’après de nouvelles observations. Cette obligation ne sera pas la seule que nous aurons à M. Daubenton ; l’Anatomie des animaux sera, en très-grande partie, tracée d’après ses découvertes ; il nous a promis d’y joindre plusieurs tableaux qui rendront l’étude de cette science plus facile, en présentant, d’un coup-d’oeil, les resultats d’une suite immense de recherches anatomiques.

Le secours des planches est nécessaire à l’intelligence de plusieurs descriptions. On profitera de cette occasion pour faire un choix des figures les plus exactes & les mieux dessinées, qui sont répandues dans les ouvrages de différens auteurs, soit sur l’Anatomie de l’homme, soit sur celle des animaux.

2o. La Physiologie est une science qui consiste dans l’examen, &, lorsqu’il est possible, dans l’explication des phénomènes que le corps humain présente en état de santé : l’Anatomie en est la base, & par conséquent ces deux sciences devoient être réunies dans notre travail. L’Anatomie n’est

  1. Non est necesse omnibus vivensibus esse sensum ; sed est necessaria nutritio.