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ne lui ait coûté de peine. Ses premières tailles, moins ferrées que celles d’Audran dans les ombres , offrent par confequent moins de repos ; mais il cède fur-tout à ce grand artifte par les travaux des jours & des demi-teintes. Si i’on ne confuhok pas fes bons ouvrages, on pourroit le placer entre les graveurs médiocres : il a gravé d’abord prefqu’entièrement à l’eau-forre , d’une pointe maigre Se d’un mauvais choix de travaux.

( 108) Louis Chéhon, né à Paris en 1660, mort à Londres en 1723. Sa gravure eft d’un très-bon grain , 8c l’on ne peut qu’applaudir à la difpofuion de fes travaux, lis n’aaroient befoin que d’être reveillés par des touches plus vives, par des maffes plus fouillées. Plus de patience, ou plus de pratique du burin en auroit fait un excellent graveur d’hiftoire , & quoiqu’il fût peintre, les graveurs gagneraient à le confulter. Elifabeth. Chéron fa fœur a gravé médiocrement fans être moins digne d’admiration. Elle étoit muficienne , elle faifoit des vers , elle avoir -appris l’hébreu pour entendre les beaux morceaux poétiques de la bible 3 elle peignoit l’hiftoire Se la miniature, &fut agréée à l’acadsmie Royale de peinture de Paris. Elle mourut dans cette ville en 171 1 à l’âge de 63 ans.

( 100 ) Antoine Coypel , né à Paris en 1661 , mort premier peintre du Roi en 1722, doit être mis au nombre des bons graveurs à l’eau forte. Son eftampe de Démocrite, qu’il a gravée d’après un de fes tableaux, eft pleine de goût, de vie & de facilité. Le défordi e apparent des tailles dans la draperie n’empêche pas qu’il n’y règne une difpofition très-bien raiibnnée & qui décide b en lafuite desplis. Les tailles courtes & badines de la face ont l’efprit & le goût de cellas du Béncdette avec plus de vigueur.

( 1 10 ) Benoît Audran , né à Lyon en 1661 , mort à Paris en i72i,étoitfils de Germain , & neveu de Gérard. Il a gravé le portrait & l’hiftoire , & a fait, d’après le Sueur, l’eftampe d’Alexandre malade. Sans avoir eu le goût exquis de fon oncls , il doit être compté entre les bons artiftes. ( ni ) Jean Audras, fon frère eft né à Lyon en 1667 , & mort à Paris en 1756. Son enlèvement des Sabines d’après le Pouilin eft une fort bonne eftampe , & l’expreffion du tableau y eft bien confervée.

(112) Ga/pardDvcKAtiGi., néàParis en 1662, mort dans la même ville -en 1754 , eft l’un des graveurs qui ont accordé le "plus môelleufement, & avec beaucoup de propreté, mais fans froideur, les travaux de la pointe avec ceux du burin. On peut ajouter que c’eft 1 lui qui a trouvé le grain le plus favorable à repréfenter les cha : rs de femmes , & que les meilleurs graveurs François l’ont imité, fans devenir fes égaux dans cette partie. Il fembloit que la nature l’eût particulièrement deftiné à graver le Corrègej G R A

il a fait d’après ce peintre trois eftampes célèbres, l’Io , la Léda , la Danaé ; fes travaux moelleux Se l’harmonie de fes tons rendent le pinceau • & la couleur de ce grand maître. On pourrait, d’après la Léda, démontrer les principes du ciairobfcur que fuivoit le Corrège , & qui ont été fi bien établis par Mengs. Ses travaux , près du contour, participent de ceux qui leur fervent de fond , il femble que le burin fe foit prêté à les fondre av«c toute la facilité de la broffe. Cet artifte gravoit encore à l’âge de 91 ans. Il a fait quelques unes des eftampes de la galerie du Luxembourg peinte par Rubens , & il contribuerait à prouver qu’il n’eft pas donné aux François de graver d’après ce maître , fi l’on ne favoit pas que cette galerie a été gravée non d’après les tableaux eux-mêmes, mais d’après les defïïns de Nattier. Il ne fe diftinguoit pas moins par les vertus fociales & la plus aimable douceur que par les talens ; il fut père d’un grand nombre de filles qui reçurent de lui , pour tout héritage , la rare bonté de fon caraélere , Se elles l’ont à leur tour léguée à leurs enfans. ( 113 ) Roben van Auden-Aert , né à Gand en 1663 , a gravé à Rome , & eft mort dans fa patrie en 1743. Il a quelquefois imité le ttavail quarré de Bloemaért , mais en l’avançant à l’eau-forte, ce qui ne produit pas un heureux effet ; de nombreux exemples prouvent que ce grain , qu’il eft d’ailleurs bon d’épargner , exige toute la propreté & l’égalité du burin pur. Au refte fes eftampes font affezmoêlleufes Se ont de la vigueur. Il a gravé dans une autre manière, & avec bien plus de fuccès, d’après Carie Maratte , & l’on ne peut nier qu’il ne fût un artifte très-eftimable. Samort de la Vierge 1 eft une fort bonne eftampe, & le martyre de Saint-Blaile eft encore bien fupérieur. Dans quelques-unes de fes eaux-fortes le trait eft plein de fentiment , & la pointe pleine d’efprit. (114) Bernard Picard , fils de Picard le Romain , eft né à Paris en 1663 , & mort en Hollande en 1733. Habile defîinateiir , il fe diftingua dans la gravure , foit qu’il lé contentât de manier la pointe Se de l’animer d’une partie de l’efprit qui lui convient, foit qu’il la combinât avec le burin. Ses eftampes en petit, & gravées d’après fes propres compofiions furent comparées à celles da le Clerc. Il avoit une fingulière flexibilité, & imicoit avec fuceès les graveurs qui l’avoient précédé. Il nommoit ces imitations trompeu fes les impoflures innocentes. Les amateurs Hollandois détruifirent fon talent, Comme il n’eft que trop fbuvent arrivé aux amateurs de tous les pays de détourner les artiftes de la bonne route que leur avoit tracée la nature. Leur goû : inclinoït pour le froid & le léché ; Bernard voulut leur complaire , & devint différent de lui-même. Il gagna beaucoup 1 d’argent, & perdit l’eftime des artiftes qui