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d’huile toutes les parties. On les rassemble les unes & les autres, chacune en sa place, puis on couvre le moule de sa chappe, s’il en a une. Alors on y jette le plâtre, d’une consistance assez humide pour qu’il puisse s’introduire dans les parties les plus délicates du moule ; ce à quoi on peut aider en balancant un peu le moule, lorsque la proportion le permet. Quand on y a jette à discrétion une certaine quantité de plâtre, on achève de le remplir. Il faut attendre, pour ôter la chappe, ou le moule, que le plâtre soit sec ; alors on enleve toutes les parties l’une après l’autre, & l’on découvre la figure moulée. (Article de l’ancienne Encyclopédie.

MOULEUR, (subst. masc.) Ouvrier Qui moule des Ouvrages de sculpture.

MOUVEMENT (subst. masc.) Lorsque les poëtes ont parlé de l’art, il nous ont toujours représenté ses chefs-d’œuvre pleins de vie & de mouvement. Telle est dans l’iliade la cizelure du bouclier d’Achile. Ce sont partout des tableaux animés… ([1]) Toutes ces figures, dit ce poëte des peintres en décrivant une bataille, se mêlent & combattent comme si c’etoient des hommes vivans, & on leur voit entrainer leurs ennemis morts pour se parer de leurs dépouilles. Plus loin il peint une récolte de bleds : des moissonneurs y mettent la faucille, les poignées d’épis. tombent le long des sillons ; trois hommes sont occupés à les attacher en gerbes & à les lier, & de jeunes enfans les suivent pour leur en porter continuellement des brassèes. C’est ainsi que tout paroît en action dans le magnifique ouvrage de Vulcain.

Virgile, imitateur d’Homere, nous décrit-il les bas-reliefs du bouclier d’Énée ; tout est aussi en mouvement : en parlant des flottes d’Auguste & d’Antoine.

Alta petunt : pelago credas innare revulsas Cycladas, aut montes concurrere, montibus altos. Virgil. ; Æn. L. 8.

Enfin Voltaire, cet esprit adroit, qui a su si bien intéresser en puisant sa Henriade dans ces deux sources antiques, dit en parlant du siècle de Louis XIV.

La toile est animée, & le marbre y respire.

Le mouvement est donc un attribut essentiel à tous les ouvrages de l’art. On l’obtient, sans qu’il ; soit nécessaire que le sujet soit vif & animé. Ainsi la sculpture, par une disposition générale qui soit juste & expressive, par le jeu des plans soit dans l’ensemble soit dans les détails, enfin par les effets que la lumière


peut produire sur l’ouvrage, donne la vie & le mouvement même à une figure dont l’attitude est celle de la tranquillité. En peinture, les effets du clair-obscur, la variété & l’étendue des plans, la diversité des couleurs, les ressources innombrables de la perspective, sont autant de moyens de répandre le mouvement sur une ou plusieurs figures tranquilles comme dans les sujets où elles sont en fort grand nombre & très animées. Ainsi tout est en mouvement dans la tableau appellé le testament d’Eudamidas du Poussin, comme dans ceux où les actions sont les plus vives. Des artistes comme Claude Lorrain, comme Salvator Rosa, donnent du mouvement au calme comme à la tempête. Un simple buste du Titien est plein de vie ; une tête de Van-Dick ou de Rembrandt saille & vient au spectateur : parce qu’à la just esse des formes, ces peintres ont réuni le choix & le piquant des lumières & des ombres, & que la vérité du trait, la propriété du mouvement, & la vigueur du coloris font respirer les copies de la nature faites par le Titien.

La souplesse & la variété des tailles sont les moyens par lesquels les maîtres du burin animent leurs estampes. Et c’est par le vif sentiment des formes & la vigueur des masses que Callot, Visscher, Van-Dick & autres ont donné la vie & le mouvement à tout ce qui est sorti de leurs pointes.

Telle est l’idée qu’on doit avoit du mouvement dans les beaux-arts ; telles sont les pratiques, générales qu’ils emploient pour produire un effet dont le but est d’attirer & de fixer le spectateur. Entrons dans quelques détails sur cette matière.

Le plus grand & le plus sûr moyen de donner de la vie à un ouvrage, c’est d’en disposer tous les objets avec justesse. C’est pourquoi dans un sujet pathétique, tel que le sacrifice d’Iphigénie ; si, à l’aspect de Diane protectrice, on présentoit les acteurs principaux dans les plus violensmouvemens de surprise ; si les prêtres étoient eux-mêmes dans l’action la plus vive ; si les jeunes ministres des autels étoient renversés avec les instrumens du sacrifice ; (& c’est ainsi que l’a fait Gerard Layresse ;) si dans une scène de martyre on montroit comme l’a fait Brebiette, les bourreaux jettés à terre, & tous les assistans culbutés à la vue de l’Ange porteur de la couronne céleste : alors cette fureur de donner du mouvement, bien loin d’intéresser le spectateur le rendroit de glace ou même l’indisposeroit contre l’ouvrage. Tout ce qui passe la ligne du vrai, est un contre-sens ; il n’est personne qui lui puisse accorder une véritable estime.

Non seulement les sujets simples ou pathétiques veulent être exprimés par des actions ménagées ; mais il y a encore une mesure à garder dans les sujets les plus véhémens : enfin il y a

  1. (1) Iliade, liv. 18, traduct. de Me. Dacier.