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M Y T travestie. Les formes de ses membres sont si délicates & si coulantes, qu’on les diroit produites par un souffle léger ; ses genoux, comme ceux des jeunes eunuques, n’ont presqu’aucune indication d’os ni de muscles. L’image de cette divinité est celle d’un beau jeune homme qui entre dans le printemps de la vie & de l’adolescence, & sent germer le mouvement de la volupté. »

Les anciens ont rendu la douce allégresse de ce Dieu dans toutes les représentations qu’ils en ont faites, même lorsqu’ils nous l’ont offert comme vainqueur de l’Inde. Telle est la figure armée de ce dieu, sur un autel, dans la Villa-Albani.

Bacchus est quelquefois drapé. Une autre figure de ce dieu, conservée à la Villa-Albani, est couverte d’un manteau qui descend jusqu’aux parties naturelles. La partie de cette large draperie, qui, si elle étoit abandonnée à elle-même, descendroit jusqu’à terre, est jettée autour d’une branche d’arbre contre laquelle la figure est appuyée. L’arbre est entortillé de lierre & d’un serpent.

Anacréon commande à un poëte de faire le portrait de Bathylle sur son simple récit, & dans l’énumération des beautés de ce jeune homme, il compte un ventre semblable à celui de Bacchus. Winckelmann croit retrouver, dans le Bacchus de la Villa-Albani, l’idée d’Anacréon.

Les figures de Bacchus conquérant sont toujours drapées jusqu’aux pieds : telles on les voit en bas-relief sur des vases de marbre, sur des terres cuites, sur des pierres gravées.

Ce dieu est quelquefois représenté sous la forme de l’âge viril ; mais, comme il doit être toujours jeune, ses traits conservent la délicatesse, la douceur, la gaîté de la jeunesse, & sa virilité n’est indiquée que par la barbe. C’est ainsi que doit être représenté Bacchus conquérant, parce qu’il laissa croître sa barbe pendant son expédition de l’Inde.

Les têtes de Bacchus conquérant sont couronnées de lierre. Telle est la belle tête qu’on a prise pour celle de Mithridate, quoiqu’il ne soit pas aisé de concevoir comment la couronne de lierre pourroit convenir au roi de Pont. On a ici des plâtres moulés sur cette tête, & madame le Comte en possède un beau marbre antique dans sa maison de Champ-de-coq. On remarque à travers ses traits majestueux, qui font reconnoître le fils de Jupiter, l’aimable empreinte d’une douce gaîté. Quelquefois Bacchus victorieux est couronné de laurier.

Bacchus voyageant pour répandre ses bienfaits sur la terre, est couvert d’une peau de léopard, & monté sur un char tiré par des tygres ; sa couronne est de lierre ; des guir-


landes de lierre lui servent de rênes, & c’est de lierre qu’est entourée la lance qui lui tient lieu de sceptre, & qu’un appelle thyrse.

CENTAURES . Winckelmann prétend que les cheveux des centaures sont relevés au dessus du front & forment différens étages, à-peu-près comme ceux de Jupiter. Il suppose que les artistes ont voulu indiquer, par ce caractère, l’origine des centaures, nés du commerce d’Ixion avec la nuée que Jupiter avoit substituée à Junon ; ce qui leur donnoit avec Jupiter une certaine affinité. Cette idée est tirée d’un peu loin ; une nuée, pour avoir été envoyée par Jupiter, n’étoit pas de la famille de ce Dieu. Notre savant auroit mieux fait, pour appuyer son opinion, d’adopter une autre origine que la fable donne à Chiron le père des centaures : elle le fait naître du commerce de Phyllire avec Saturne métamorphosé en cheval : il étoit parconséquent frère de Jupiter, & pouvoit avoir avec lui quelques traits de ressemblance. Mais Winckelmann est obligé d’avouer lui-même que le caractère qu’il attribue aux cheveux des centaures n’a point été constamment observé, puisqu’on ne le trouve pas sur le centaure Chiron du cabinet d’Herculanum. Une courte description de ce tableau ne sera pas tout-à-fait inutile.

Il représente ce précepteur d’Achille donnant à son jeune élève une leçon de lyre. Ses cheveux au lieu d’être relevés comme ceux de Jupiter, sont rabattus sur le front sans le couvrir. Sa tête est ceinte d’une couronne de feuilles oblongues : elles appartiennent peut-être à la plante nommée chironion, que les anciens mettoient au nombre des panaces : Pline dit que ses feuilles ressemblent à celle du lapathum ; c’est la patience des Jardins, dont les feuilles sont longues en effet.

La figure du Chiron est belle quant à la partie humaine, & la tête est d’une très bonne expression. La partie du cheval, qui est accroupie, est moins bien traitée & d’une étude moins vraie, au moins autant qu’on en peut juger par la gravure. Un habile artiste porte le même jugement sur le centaure de la Villa-Borghese. Cela pourroit confirmer que les artistes antiques avoient bien mieux étudié l’homme que les chevaux : mais il suffiroit de produire quelques exemples contraires à ce jugement pour le renverser. Il ne nous est resté qu’un bien petit nombre d’ouvrages antiques en proportion de ceux qui ont été détruits, & s’il ne passoit qu’un aussi petit nombre d’ouvrages modernes à la postérité, elle pourroit juger que, depuis la renaissance des arts, on n’a pas su faire de chevaux : on en a fait de très beaux sans doute ; mais comme on en a fait