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M. Marmontel avoit donné dans les 4, 5, 6, & 7e volumes de l’Encyclopédie d’excellens articles de Littérature ; mais les obstacles qui s’étoient opposés à la continuation de cet ouvrage, l’avoient empêché de poursuivre son travail dans les dix derniers volumes. Il l’a repris depuis, & a donné dans le supplément tous les articles qui servent à compléter la Rhétorique & la Poétique. Une connoissance approfondie de la littérature, un goût sain, une discussion solide & lumineuse, un style clair, élégant, & correct, un choix d’exemples heureux & agréables, caractérisent particulièrement ces articles, dignes, à tous égards, de la réputation de l’ingénieux & célèbre académicien à qui nous les devons.

Avec quelque soin que la Grammaire & la Littérature soient traitées dans l’Encyclopédie & le supplément, c’est avec des corrections, des additions, & des améliorations considérables que nous les offrirons au public dans le nouveau dictionnaire ; M. Marmontel & M. Beauzée se sont chargés de revoir tous leurs articles, d’y corriger les erreurs qui peuvent s’y être glissées, d’y ajouter les observations & les idées que leurs études ou de nouvelles réflexions leur ont fait naître, de suppléer enfin les articles que l’inattention avoit fait omettre. Ce nouveau travail est très-considérable.


M. de Voltaire avoit donné plusieurs articles charmans pour l’Encyclopédie ; il en désiroit vivement une nouvelle édition, & c’étoit pour cette nouvelle édition qu’il avoit composé ses Questions sur l’Encyclopédie. On a donc cru devoir reprendre dans cet ouvrage tous les morceaux qui appartiennent à la Littérature, pour en enrichir le nouveau dictionnaire.

Mais le travail de ces hommes célèbres n’a pas suffi pour compléter le plan du nouveau dictionnaire, tel que nous l’avons exposé. Un très-grand nombre d’articles, qu’ils ont omis ou regardés comme étrangers à leur objet, ont été recueillis de l’Encyclopédie même, ou suppléés par l’éditeur. Il a cru devoir aussi joindre souvent des additions & des observations aux articles composés par les auteurs principaux, lorsque les objets qui y sont traités lui ont paru susceptibles d’être un peu plus développés, ou d’être présentés sous différens points de vue.

Toutes ces additions & corrections seront distinguées par des marques particulières qui indiqueront avec précision ce qui appartient à chaque auteur.

Enfin on n’a rien négligé pour donner à cet ouvrage toute l’étendue, l’intérêt, & l’utilité dont il est susceptible.

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[XIX.]

DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE DROIT ; par une Société de Jurisconsultes ([1]) ; rédigé & mis en ordre par M. l’Abbé Remy, Avocat au Parlement, trois volumes in-4°.

Depuis que Montesquieu & quelques autres hommes de génie ont écrit sur les lois & sur les principes des gouvernemens, il s’opère parmi nous une révolution dont on sent déjà l’heureuse influence. Les bons esprits, dégoûtés des spéculations oiseuses, dirigeant leurs efforts vers les connoissances utiles, le sont appliqués à débrouiller le chaos de notre histoire & de nos coutumes ; chacun d’eux s’est avancé, avec plus ou moins de succès, dans la partie qu’il a essayé de traiter ; &, grace à ce concours de travaux, le public commence à entrevoir le jour où il pourra lui-même être initié dans tous les mystères de ces lois qui modifient la li-


berté, & auxquelles on est tenu de conformer les principales actions de la vie.

La partie du dictionnaire encyclopédique qui concerne la Jurisprudence, avoit été faite pour remplir cet objet ; mais, malgré les bons articles qu’on y trouve (ceux sur-tout qui appartiennent au (savant M. Boucher d’Argis), il est cependant impossible de se dissimuler qu’un grand nombre ne pèchent, soit par une prolixité rebutante, soit par des omissions nuisibles, soit par des erreurs graves.

Indépendamment des inexactitudes & des erreurs, on est en droit de reprocher à l’Encyclopédie un grand nombre d’omissions importantes : plusieurs articles annoncés par des renvois ne se trouvent ni dans le dictionnaire, ni dans son supplément, ni dans aucune des nouvelles éditions. Si l’on en compare la simple nomenclature à celle du répertoire universel de jurisprudence, on reconnoîtra combien elle est défectueuse. La perfection d’un ouvrage de ce genre ne peut dépendre que d’une continuité d’efforts & d’une multitude de tentatives que le public doit soutenir : chaque génération ajoute aux travaux des précédentes ; c’est ainsi que

  1. (1) On trouvera au bas des articles nouveaux le nom de leurs auteurs. Parmi les jurisconsultes qui ont bien voulu concourir à la perfection de cet ouvrage, nous devons nommer ici M. Boissou, qu’une mort soudaine vient d’enlever au barreau, & qui, depuis long-temps, travailloit à rectifier les articles de l’ancienne Encyclopédie. Un de Ces confrères, non moins versé que lui dans la science des lois, s’est chargé de finir cette partie importante de l’ouvrage.