4^4
V El
journal des Savans , Juillet 1781, page 4çij prouve auffi que la peinture à l’huile étoit en uiage dans le Xï fiècle (i). Mais foit que cette peinture ait été ou perdue ou négligée , Jean Van Eyck a paffé pour en avoir été l’inventeur, & elle n’a été répandue en Europe que dans le XIV fiècle.
Cette manière d’exercer l’art eft la plus aimable ; mais elle le détériore aifément en peu d’années, elle devient noire, ou elle s’écaille & fe perd alors bientôt, & il n’efl que trop commun de voir des ouvrages à l’huile détruits, ou par l’excès de chaleur, ou par l’humidité , avant que le ficcîe Toit écoulé. Les paftels font des crayons colorés d’un ufage encore moins durable. Ils procurent l’avantage de rendre les chairs d’uiîe manière douce Scmoèlleufe.
Si l’on ne confidéroit comme peinture que celle qui s’opère avec le pinceau , le paftel fin feroit exclu , & regarde comme un fimple deflîn ; mais il /iiffit que le réfultat de l’ouvrage montre une imitation de la nature, par le moyen de matières colorées, pour tenir rang dans les manières de peindre.
Ainfi nous regardons comme peinture^ la Mofaïque formée de petites parties de pierres colorées , rapprochées les unes des autres , & unies enfemble par un ciment. On en trouve dans les monumens de la plus haute antiquité. Il eft vrai que les ouvriers qui exécutent ces fortes de peintures , n’étant que des copiftes à qui on donne les traits, ne peuvent guère être confidérés , ainfi que ceux qui font la tapifferie , que comme des ouvrisrs intelligens ; mais le réfultat de leur travail n’en doit pas moins être regardé comme une peinture.
Nous pouvons même à jufte titre nommer peinture, ces tableaux produits par le rapport de plufieurs planches gravées qui portent les diverfes teintes convenables aux objets qui les compolènt. Cette efpèce de peinture eft de ]a plus récente invention , & le nomme gravure en couleur. Ne pourroif-on pas plus convenablement la nommer peinture en gravure pointillée ?
ï.z peinture a , comme toutes les produftions (1) M. Huber nous apprend que la galerie impériale de Vienne renferme un tableau peint à l’huile en 1292 : il’eft l’ouvrage de Thomas de Mutifta , gentilhomme Bohémien. Deux autres peintres, dont on voit des ouvrages dans la même galetie , ont fleuri vers le milieu du XIV fiècle ; l’un étoit Théodoric de Prague , l’antre Nicolas Vurmfer de Strasbourg. Il n’en eft pas moins vrai que c’eft de la Flandre que l’invention de li peinture à l’huile s’eft communiquée au refte de l’Europe Ce&t Jean Van-Eyckj plus connu ious le nom de Jean de Btuges , qui j vers la findu XlVe fiècle j en apprit le fccrei à Antoine de Meilinc., & teUii-ci le porta en Italie. ( ^ote du Rédacteur, ) P E I
humaines , pris les nuances des fièdes oS elle a été cultivée. Celle qui nous refle de la haute antiquité eft fi peu confidérable , que r»ous ne pouvons guère apprécier les talcns de ces peuples que par les morceaux de leur fculpture qui nous ont été confervés.
Ce qui exifte de la peinture des Egyptiens prouve que leur goût étoit aufii fec , aufli bizarre d’enfemhle 8c de formes que leurs fculptures. Mais on y apperçoit en même-rems une fimplicité de ftyle , & un caradère de grandeur qui annoncent combien leurs principes étoient fufceptibles de perfcdion. La peinture des vafes étrufques, fi cependant la plupart ne font pas des ouvrages grecs, nous offre une grâce d’attitudes , une pureté de trait , une légèreté & une délicateffe d’exécution, enfin des ornemens fi ingénieux Se fi variés , qu’elle nous efl un témoignage de la bonté de la route que les Egyptiens leur avoient tracée.
Les Grecs l’ont fuivie & s’y font avancés en géans. Ils ont porté fi loin la fculpture, & Pline nous dit tant de merveilles des peintures d’Apelles , de Nicias , de Zeuxts , de Protogène , de Parrhafius , &rc. &c. qu’en réduifant même à moitié les réfultats de fes brillantes defcriptions, on doit préfumer qu’ils font parrenus au degré le plus éminent que l’elprit humain puiffe atteindre (t). Les fragmens àe peintures antiques qui nous reftent des Romains, ou plutôt des artiftes Grecs , dts-lors dégénérés , qui travaillèrent pour les Romains, leurs vainqueurs, font pour la plupart d’un choix fi élégant, fi vrai, fi grand , d’une jufteffe de trait fi précieufe , d’une telle fraîcheur de couleurs , que nous n’avons rien à leur oppofer depuis la renaiffance des arts en Europe. Auprès d’eux , le grand Michel-Ange, & le fougueux Jules font farouches &^ra/’<2^’.î, Raphaël lui-même eft lourd , & femble avoir fervilement fuivi leur marche dans le goilt de fes formes & le choix de fes attitudes. Dans l’es ornemens en arakefques , il eft leur copifte exaél. Et fi les ouvrages de ces fameux Italiens l’emportent fur les peintures antiques qui nous font connues , c’clt par l’abondance dans la compofition , & par la vigueur de couleur qu’ils ont donnée à leurs tableaux peints à l’huile.
En effet , la découverte de ce genre de peinture pourroit bien , malgré les éloges que (i) Je pjncherois plutôt à croire que Pline ne nous a que faiblement exprimé le vrai mérite des peintures grecques, parce qu’étant étranger â l’art, & ne connoiflant pas d’ailleurs d’ouvrages d’autres nations, il n’a pas fenti que le caraflère dilUuilif de l’art des Grecs étoit la beautâ ( Note du Rédacieur. )
I