Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/210

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aoo P E I

» leurs mânes, auxquels on élève quelquefois » des cénotaphes, efpèces de monumens funèbres , prefqu’aufli révérés que les tombeaux.

» Parmi les citoyens qui ont joui pendant » leur vie d’une fortune aifée , les uns . conformément à l’ancien ufagc, n’ont au-deffas J> de leurs cendres qu’une petite colonne tui » leur nom efl : inCcrit -, les autres , au mcpris des ioix qui condamnent le fafte & les n prétentions d’une douleur fimulée , font prelfés fous des édifices élégans & magnifiques, » ornés de ftatues & embellis par les arts. » J’ai vu un fimple affranchi dépenfer deux » talens pour le tombeau de fa femme (i). » Entre les routes dans lefquclies on s’égare par l’excès ou le défaut de fentiment, )5 les Ioix ont tracé un fentier dont il n’eft » pas permis de s’écarter. Elles défendent d’élever aux premières magiftratures le fils ingrat qui , à la mort des auteurs de fes jours , >3 a négligé les devoirs de la nature & de la 55 religion -, elles ordonnent à ceux qui aîllf- 7> tent au convoi de respefler la décence jufqucs dans leur défcfpoir. Qu’ils ne jettent » poirt la terreur dan^ l’ame des fpeàîateurs » par des cris perçans & des lamentations ef- 5ï frayantes -, que les femmes furtout ne fe » déchirent pas le vifage, comme elles faiji foicnt autrefois. Qui croiroit qu’on ait ja- 3j mais dû leur prefcrire de veiller à la con- 55 fervation de leur beauté ? )5 {l’^oya^e du jeune Anccharfis ., ch. o).

On fufpendoit aux portes des peffonnes dangereufemenc malades , des branches d’épines & de laurier. On fuppofoit aux premières la puiîfjnce de chalTer les efprits mal - faifans : les dernières étoient confacrées à Apollon , Dieu de la médecine , & on leur attribuoit la vertu de rendre ce Dieu favorable au malade. Le parent le plus proche coUoit fes lèvres fur celles du mourant pour recevoir fon dernier foupir : la mère rendoit ce devoir à fon fils, l’époufe à fon époux ; elle s’efforçoit d’afpirer’ & de recevoir dans fon fein l’ame de celui qu’elle avoir chéri. La même perfonne lui fermoir les yeux auffitôt qu’il avoir ceffé de vivre.

On mettoit fous la langue liu mort une obole & quelquefois jufqu’à trois : on le lavoit, on le parfumoit , on le couronnoit des fleurs de la faifon. Il y eut des temps où on le couvroit d’un manteau de pourpre, mais il paroît qu’un plus long ufage fut de le vêtii< d’une robe blanche Les tilles ou les femmes faifoienc & tilToient de leurs mains ce dernier vêtement ri"] DLx mille huit, cens de nos livres. P El

d’un père ou d’un vieil époux. Homère, dans 1 Odyffée nous repréfente Pénélope occupée à travailler le linceuil dans lequel devoir être enlbveli Laerte fon père. Tout nous apprend que les anciens s’eilorçoient plus que nous à s’armer de courage con’re la mort : ils en rappelloient l’idée dans leurs fef !:ins , & les femmes elles-mêmes s’occupoient de cette idée dans leurs travaux. Cela ne prouve pas qu’ils la méprifoienc plus que nous -, on auroit plutôt lieu de préfumer qu’ils la craignoient davantage. Chez les Romains, les morts étoient vêtus de leurs habits ordinaires &c des marques de leurs dignités.

On gardoit le mort quelquefois fept jours entiers , quelquefois quatorze -, rarement moins de trois. Le dernier jour, il étoit publiquement expofé fous le veflibule, les pieds tournés du côté de la porte pour rémoigner fa fortie de la vie. Les riches étoient couchés fur des efpèces de lits de repos dont on peut voir la forme fur plufieurs monumens de l’antiquité ; on nommoit ces lits lectiques. Les pauvres étoient étendus fur de fimples brancards. Souvent on plantoit à côté du leflique des branches de cyprès, arbre funèbre & : fymbole de la mort, parce qu’il ne renait point après avoir été coupé. On plaçoit aulFi près de la porte un vafe rempli d’eau luflrrale , apportée d’une maifon cjue la mort n’avoit pas vifltée. Tous ceux qui venoicnt rendre au mort les derniers devoirs dans fa maifon avoieht loin en fortant de s’afpergerde cette eau, pour fe lave* de la fouillure qu’ils avoient contraélée en entrant dans une maifon devenue impure par la prélènce de la mort.

La famille , les amis fe rangeoient autour du corps. Des chantres entonnoient des vers funèbres , qu’un muficien accompagnoit du fon d’une trompette qu’il tenoit inclinée vers la terre : aux convois des perfonnes expirées dans la fleur de l’âge, on fe fervoit de la flûte, au lieu de la trompette. Les femmes fe livroient aux pleurs & aux lamentations. Homère repréfente Androniaque , Hécube , Hélène pleurant tour-à-tour Heélor. Pour ajouter encore à la trifbelTe de la cérémonie on louoic des pleureufes à gage , qui n’avoient d’autres métier que de vendre leurs larmefe. Elles les recevoient, dit-on, dans de petits tabliers de cuir Se les verfoient enfuite dans des urnes lachrymatoires qu’elles rempliffoient quelquefois à moitié. Si cela efl vrai, on peut bien croire qu’elles ne parvenolenr pas fans fupercherie à fournir une fl grande abondance de larmes. On ne fe contentoit pas de pleurer les morts : ceux des ailîftans qui leur vouloient témoigner plus particulièrement leur tendreffe, s’arracljoient ou fe coupoient des cheveux & leur çn faifoient hommage. On voit dans l’Idylle »