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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/214

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P O N

fi la paftie qui {"crt de foutien à rafiïon que nous faifons, n’eft ras l’ufEiarament chargée, puifqu’aiitrement elle leroit emportée d’un côte ou de l’autre.

Confidéiez un homme qui fe bat à l’epée : n’efb-il pas vrai qu’au même inflant qu’il s’abandonne pour frapper fon ennemi , s’il n’avance pas le pied pour Ibutenlr le corps, il faut abfolument qu’il tombe ? C’eft ce qu’on peut voir dans Ja belle lïatue du gladiateur. Regardez quelqu’un qui a un fardeau fur l’épaule droi’.e .• VKt ::s verrez que l’épaule gauche & les parties du même côté, baiffent pour prendre leur part de la charge que le cô :é droit foutient ; c’efl par ce moyen que le balancement du poids efl : to ;:joiirs égal à l’entour de la ligne du centrej qui le trouve dans l’un des pieds.

Pour concevoir encore cela plus facilement, prenez garde que vous ne fauriez avancer les parties fupérieures du corps, de quelque côte que ce foit, qu’en même temps une des parties inférieures ne recule ou n’avance pour le foutenir. De même, fi vous penchez en arrière, il faut qu’une des jambes recule. Enfin la déinoniiration de cela efl : évidente, &’ chacun ia peut xi bien remarquer en fa perfonne , que je m’étonne de ce que plufieurs peintres ont manqué dans ces obfervations, faifant voir des figures qui femblent tomber , & dont les jambes font tellement éloignées l’une de l’autre, & les aftions fi violentes, qu’elles n’ont aucune force, ni aucune vérité dans leur expreflîon. Il y a qitaire choies qui me femblent néceiïaires à obferver , lorfqu’on veut repréfen ter une perfonne qui remue un fardeau : il faut confidérer fi elle le lève de bas en haut ; fi c’cfl : quelque chofe qu’elle tire eii bas , comme une corde attachée à une perche ; fl elle pouffe en avant , fi elle traîne après elle. Dans ces fortes d’actions , l’effort fera d’autant plus grand, que la partie du corps qui s’abandonne pour tirer ou pour pouffer, fera plus éloignée du centre de l’équilibre. Par exemple, fi pour traîner quelque chofe de fort pelant, j’avance le corps en pouffant la terre des deux pieds, & me roidiffant fur la corde que je tiens, en forte que je ne fois foutenu que par cette même corde qui, venant à rompre, caufetoit ma chute : n’eft-ilpas vrai qu’alors , la pefanteur du fardeau que je traîne me ferc "d’équilibre & de Ibutien , & que je marque d’autant plus la difficulté que j’éprouve à le tirer, que je fais paroître plus d’abandon dans tout mon corps ? Car il n’y a perfonne qui ne voye qu’étant éloigné de l’appui de mes jambes, je n’en ai piu ; d’autre que celui que je trouve dans la réfiftance de la chofe que je traîne. Et c’efl : ainfi que l’on fait voir l’efforc . de ceux qui tirent ou remorquent un P O R

vïiffeau, & que l’on exprime plus ou moînf de forces en des gens qui travaillent à élever quelque fardeau. ( Anick extraie de FiLiBiEW), PORTE-FEUILLE ( fubft. comp, mafc. ) Le porce-fmilie eft compofé de deux cartons réunis par un dos à charnière, comme la reliure des livres. Il fert aux artiftes à renfermer des deilîns , des efquiffes, des eftampes. On emploie le plus fouvent ce mot, non pour exprimer ^ porte feuille lui-même, mais les morceaux qu’il contient. Ainfi quand on dit qu’un artifle a un beau, un riche porte feuille , on entend qu’il a dans fon porte feuille une belle colleclion d’eftampes, do delTins , &c. Un porte-feuille eft : pour l’artifte , ce qu’eft à la fois pour l’homme de lettres & fa bibliothèque, & le fecréiaire où il renferme les notes dont il pourroit faire ufage. Comme il eft utile à l’homme de lettres de fe nourrir l’efpritpar laleûure, il eft utile à l’artifte de nourrir le ficn par la vue des beaux ouvrages de l’art. Quelle que foit fa fortune , il ne peut réunir autour de L.i un grand nombre de tableaux : ceux qu’il trouveroit les plus capables d’échauffer fon génie, font fouvent éloignés de lui de plufieurs centaines de lieues : il y fupplée par des eftampes , gr.)vées d’gprès ces tableaux, ou par des études qu’il a faites lui-même, lorfqu’il s’eft trouvé à portée de les voir.

Souvent il fe trouve dans la liftelTité de repréfenter des objets dont il ne peut fe procurer des modèles. Il eft à Paris, il eft à Londres , & le fujet qu’il traite , l’oblige à repréfenter un tygre , un lion d’Afrique , un chameau de l’Arabie, des armes, des uftenfiles antiques , des fabriques de l’ancienne Rome, des vêtemens de peuples étrangers ; il a recours à fon porte-feuilte , & fe rend propres les études de ceux qui ont pu voir ces objets. Ces emprunts qu’inipofe la nécelîité, ne font pas regardés comme des plagiats, furtout quand l’artifte , voleur adroit , déguife affez lîien la choie volée, pour qu’il foit difficile de le convaincre & de lui nommer le premier propriétaire.

Raphaël, fi riche par lui-même, n’épargna ni foins ni dépenlés pour fe former un riche porte-feuille. Comme il ne pouvoir feul tout étudier, il employoit des artiftes à copier pour lui des vues intéreffanres, des payfages pittorefques , de beaux morceaux d’architefture , des bas-reliefs , des ftatues , des peintures antiques, dont la découverte fe fît de fon temps ; il ne fe contenta pas d’envoyer des defllnateurs dans le Royaume de Naples, il en fit même partir pour la Grèce , & fe fît ainfi le plus he&n porte-feuille qui pût exiHpr de fon temps.