Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/215

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tes études qu’un arrifte a faites ilatis tout le cours de fa vie , {bit d’après la nature vivante, foit d’après des objets inanimés, ne font pas reliées affez profondément gravées dans fa mcmoire pour qu’il puifle , f^ns erreur , le i-epolèr fur elle ;, mais il les a dépotées dans (on porte feuille & les y retrouve au belbin. Tantôt c’ell : un effet pafTager qu’il a fixé par un favant croquis ; tantôt c’efl un mouvement naît, une expreffion vraie ; tantôt une fuite de plis heureafement jettes parla naiure ; tantôt un ajuflement, un agencement fingulier & pittorefque ; tantôt un caraûère de phyfionomie bien prononcé : ce fera en un mot tout ce que la nature peut offrir à l’imi ;atioTi de l’art. C’eft à cet égard que nous avons compare le porte-feuille d’un artifle , au fccrétaire dans lequel l’hemmc de lettres renferme fes notes. L’artifte , avant de compofer, trouvera fouvent un grand avantage à parcourir ceux de les pone-feidlles qui contiennent des eftampes ou des études faites d’après les ouvrages des plus grands maîtres : ce n’eft pas qu’il doive fe repcfer fur ces maîtres du foin de penfer, de fentir, d’imaginer pour lui ; mais fa penfée, fcn ame, fon imaginacion recevront un nouveau reflbrtà la vue de tant de chefs-d’œuvre. Il reconnoîtra ies forces des rivaux de tous les temps, contre lefqueîs il doit lutter, il excitera’les fiennes pour parvenir à les vaincre. Leurs beautés lui infpireront des beautés qui ne feront pas les mêmes ; la nobleffe de leurs conceptions, portera dans fon ame une nobleffe plus fière , & le génie parlera au génie.

Quand l’artiflre a déterminé l’enfemble de fon ouvrage, l’attitude & l’expreffion de chaque figure, ilpeutfuivre le confeil que lui donne un artifle , M. Eeyriolds. » Je voudrois qu’alors, dit-il, il j^ettât la vue fur le ponefeuille ou fur le cahier dans lequel il a » dépofé toutes les inventions heureufes & » toutes les attitudes expreffives & peu communes qu’il peut avoir raffemblées dans le » cours de fes études : non-feulement parce » qu’il pourra prendre de ces études ce qui » convient à fon ouvrage , mais encore à caufe » du grand avantage qu’il en retirera, en s’identifiant , pour ainfl dire , les idées des 53 grands artifies & en recevant d’eux une » infpiration qui lui fera inventer d’autres » fit’ures du même ftyle. (L)

POB.tr AIT, Çfubfl :. mafc.) le talent d’imiter une tête individuelle, & d’en rendre fidellement la reffemblance caraclér-iflique , en forte qu’elle puiffe être aifémenc reconnue pour celle de la perfonne dont on s^eû. pro pofé de rendre les traits , eft ce qui conftitue Je genre du portrait. Je dis le genre ; car P O R

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le portrait eft devenue une branche particu- . lière de l’art, & ce qu’on appelle un genre dans l’idiômo de la peinture.

Les anciens ne connoiffoient point cette divjfion ;. chez les Grecs , ces grands maîtres de l’art, il n’y avoit point de mots pour exprimer les idées que nous rendons par pein,dre le portrait , peintre de portraits. Le plus célèbre de leurs peintres de /-•o/T’raifj fut .4pelîe, qui étoit en même-temps le plus célèbre da leurs peintres d’hiiloire. Il paroî : feulement que , dans le dernier fiècle de la républioue Romaine , une artifte Grecque , Lala de Cyzique , fe borna au genre du portrait. Après la renaifiance des arts chez les m.odsrnes, il fe paffa un temps fort long fans que le portrait fût regardé comme une claffe particulière de l’art ; c’étoit les peintres d’hiflroire qui faifoient auffi le portrait. Les peintres qui fe diftinguèrent le plus dans cette partie furent Raphaël , le Tiiien, Holbéen , Albert-Durer, le Tintoret, Paul-Véronèlc ; Se c’étoient ces mêmes peintres qui le diilinguoient auffi le . plus dans la partie de l’hiftoire. Van-Dyct lui-même , fi célèbre par la beauté de fes por- traits , étoit l’un des meilleurs peintres d’hiftoire de fon temps & de fon pays , & c’eft ad’ez improprement qu’en le défigne d’une manière fpéciale comme peintre de portraits : les circonftances ieules l’obligèrent à fe renfermer dans cette partie de l’art lorfqu’il fs fat établi en Angleterre ; & l’on fait que, même alors , il chercha les occafions de revenir à la partie de i’hiftoire.

Tant que e portrait fut traité par les peintres d’hiftoire, il le fut aufîi de la même manière, & Raphaël, le Titien, le Véronèfe ne fe doutoient pas qu’il pût y avoir une ma* mière. fpécialement afteûée à cette partis de l’art. Ils voyoient la nature d’une manière auffi grande dans le portrait que dans I’hiftoire , ils le traitoienc avec la même largeur de pinceau, ils donnoient la même grandeur, le même ftyle aux plis des draperies, ils ne donnoient ni plus ni moins de valeur aux acceffoires : enfin s’ils obfcrvoient quelque différence , elle confiftoit uniquement à exprimer dans les têres les détails individuels qui conp. tituent la reffemblance , & comme dans I’hiftoire , ils négligeoient les petits détails qui ne fervent pas effentiellement à caraftérifer l’individu. Enfin , il en étoit de la peinture comme" de la fcLilpture , dans Taquelle on peut dire o-énéralement que le portrait n’eft pas abandonné à une claffe particulière de fculpteurs. Comme la nature même de leur art les oblige à uns certaine précifion , ils font toujours reftés capables de faire le portrait.

Mais quand les peintres d’hiftoire ont renoncé à la précifion du deffm , quand il n’oat