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qu’un outrage de peinture, qui réunifoit à toutes les parties qu’on peutappeller libérales, le précieuse de la couleur & du faire, feroit d’autant plus parfait, qu’il réuniroit toutes les fortes de perfeaions dont il eft iufceptible. Je ne m’étendrai pas ici fur les bornes que l’artifte doit cependant mettre au précieux : l’en dis quelque chofe aux mots Terminé , Caresse. Fn général plus un ouvrage de peinture -eft deftiné à être confidéré de près, plus il femble exiger de Tanifle ce précieux, dont clufieurs artiftes Flamands Se Mollandois ont donné des modèles ; mais fi le point de vue d’une comrofition , exige qu’on s’en éloigne à une certaine diftance, pour pouvoir la faifir dans l’on enlemble ; le précieux pouffé à une grande recherche, eft un mérite perdu pour le fpeclateur, Ik a occafionné à l’artifte la perte d’un tems qu’on peut appeller précieux poi’r lui. D’ailleurs le précieux employé avec trop de recherche, furtout dans les grands o !))ets, conduit facilement à la molleffe & à aiîbrtylir l’exrreflion : c’eft airfi qu’un orateur qui met un foin trop marqué dans fon dilcouvs, perd fouvent en- énergie ce qu’il gagne en élégance. ( article de M. ^atslet. ) PRECIEUX. Ce mot ,->.dans tle<r]aii-- •gage de l’art , fémble avoir quelque rapport "avec ce qu’on ap^cWe le précieux dans le langage ordinaire , & par confcquent ne pas con^ venir au grand. Un tableau précieux n’eft pas touj’ottrs un tableau d’un trèw-grandprix -, c’eifl : ufifabkau fait avec le f lus grand foin, le fini le’ plus ûmoiW-«/,S^i- car ce .dernier’adjed.if ,. un peu précieux lliV même , eft admis dans la langùeyei. artiftes’, & fur tïiut des ama’eurs. Une ’ coùVéur précieufe ne rappelle point à ’l'eTprit la belle fonte du Titien, les tons brulans de Rxibens , les teintes pittorelqucs de Rembrandt : mais cette couleur agréable & : brillante qui^ fait dire qu’un tableau eft une perle ; ce n’efl peut-êrre pav une très bonne couleur, mais c en eft une qui plaît. Un pinceau yréeieux n’eft pas iafge , moelleux , ragoûtant ;

  • il eft plu’ôt petit ik carefle , & l’oui’rage

qu’il produit approche bien dti léché. Un tableau de (Jérarii Douw , & fur-tout un tableau de Vander Werf eft précieux ; la ’couleur, le pinceau , tout en e{k précieux. Des ■tableaux de Raphaël, duCorrège, du Titien, du Dominiquin &-c. , font du plus grand prix : "mais on dbnnernic une bien fauffe idée de leur mérite en diiant qu’ils (ont précieux. On dicauHi q.i’un ouvrage e( précieufement fait, & c’eil 1 ; contraire d’un ouvrage fait grandement.

Quand- on n’eft point appelle par la nature à faire dés cuivrages fublimes, de beaux , ; le graads ouvrages , on efi keureiix du moins PRE’

d’âvoîr acquis ou reçu les qualités qui four-^ niffent les moyens de plaire par des. ouvrages précieux. C’eft un mérite inférieur ; mais e’eil touJQurs un mérite de plaire.

Le précieux qui n’eft dû qu’à des foins recherchés ne produit que des ouvrages fades & mefquins : il doit être foutenu par l’efprit de la touche, par la fineffe des tons & du deffin. Alors il mérite des éloges dans les genres inférieurs , & fur-tout dans les petits tableaux. (L)

PRÉCISION ( fubft. femO Ce "mot ne s’emploie’ guère qu’en parlant (K formes, Se il eft par confequcnt relatif au deflin. On ne dit pas que la couleur d’un tableau eft précife, .& : l’on en fent aifément la raifon ; c’eft que la couleur en peinture, même lorfqu’on en célèbre la vérité, dépend to.ujçurs d’un grand nombre de conventions, & :ine peut fe comparer à celle de la nature.’ On peut trouver de la précijîon dans l’eftet des lumières & des ombres, non par rapoort à la couleur, mair par, rapport à la manière dont elles font répandues , & qui peut être fournie à des règles exaéles, fufceptibles de démonftration. Cependant on loue dans un tableau, la belle entente, I la magie du clair-obfcur , & non la précljioti du clar-obfcur.

Quand on dit que le deffin doit rendre > les formes avecprécifion , on n’entend pas qu’elles doivent être exprimées avec l’exaâitude fervile qu’elles pourroient avoir fi on les traçoit par le moyen d’un Pantographe. On ne produiroit par ce moyen-fer.vile qu’un ouvrage infipide & froid, hz. précijîon du delTin eft elle-même foumife à des conventions. Qn a vu, dans plufieurs articles de ce dièlionnaire, que les .formes doivent ê^re agrandies, que les petits détails doivent être négligés, que les vices de la nature doivent être corrigés d’après les plus beaux monumens antiques qui nous erv i’eigrient la plus^’ favante manière de la lire. EntÎH il faut donner aux formes du fentiment, du caraftére , par des moyens particuliers à l’art , & même par des moyens diftérens dans chacun des arts qui dépendent du deffin. Que refie-t-il donc poLr foiiper, ce, qu’on apoell» la précifion ? L artifte le fent , mais il Jui feroit peut- être im^offible de : le démontrer aux autres. ■ ; ■ ;■ . ■ •

Ce qu’on peur dire, c’eft qii’il eft des formes principales, & des formes inférieurej. Les premières doiveiit être rendues dans les proportions de leur jiifte longueur mefurée fur • un modèle parfait, & dans leur jufte largeur dépendante pour le tout enfemble des premières formes donnée. ; du modèle qu’on adop. te, enforte que le bras n’appartienne pas à • : une jperfcrne plus maigre & .la jambe à ui^