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RIC RIT 263

magnificence. « Je sais bien, dit notre auteur, que les anciens étoient très-somptueux dans leurs banquets, que le luxe paroissoit non seulement dans le service de leurs tables, mais encore dans tous leurs autres meubles. Cependant un peintre doit toujours garder la convenance dans les tableaux, & n’y rien introduire qui ne soit conforme au sujet qu’il traite, & l’on peut douter que Paul Véronese, dans les siens, ait observé les choses comme vraisemblablement elles devoient être, puisqu’il y a mis une magnificence qui égale celle des plus grands princes, ce qui ne peut convenir à des particuliers, tels qu’étoient Simon, & Lévi, ni à ceux qui invitèrent à leurs noces Jésus-Christ & la Vierge. (Félibien entend ici les noces de Cana, du même peintre.) « Je l’estimerois s’il avoit réprésenté de ces banquets fameux, tels que celui où Cléopâtre traita Marc-Antoine : car, en ce cas, il auroit pu faire voir des salles remplies de toutes sortes de riches meubles, & des tables servies avec une somptuosité extraordinaire, parce que cela auroit été de la dignité de cette grande reine, & conforme au luxe de ce temps là. »

On pourroit ajouter que quand Véronese auroit representé des festins donnés par les Romains les plus fastueux, ou par les princes leurs alliés, au lieu de peindre les banquets de particuliers dont il est parlé dans la nouveau testament, on auroit encore à lui reprocher toutes les fautes de costume qu’il se plaisoit à commettre.

Rubens a quelquefois mérité de semblables reproches. Je me contenterai de citer ici le tableau représentant Tomiris, reine des Scythes, qui fait plonger dans le sang la tête de Cyrus. Peut-on reconnoître une souveraine des Scythes dans la magnificence de ses vêtemens ? Sont-ce des guerriers Scythes, ou ne sont-ce pas plutôt des Satrapes de Perse qui l’accompagnent ? L’histoire raconte qu’elle fit plonger la tête de Cyrus dans une outre pleine de sang : pourquoi donc, au lieu d’une outre, Rubens a-t-il représenté un grand & superbe vans d’or ? devoit-il donner un tel vase à une nation pauvre, vagabonde & guerrière, qui se vantoit de ne posseder que du fer ? Il semble avoir transporté à la cour de Suze ou de Babylone une scène qui se passa entre les rochers de la Scythie. Des pelleteries, un costume sauvage, des armes barbares, n’auroient pas procuré moins de richesses pittoresques à son tableau, que l’or & les riches étoffes qu’il y a prodiguées.

La richesse en peinture n’est pas toujours celle des nations opulentes : des vêtemens simples, des toits rustiques, un site sauvage, peuvent être aussi riches, & sont bien plus piquants, que des brocards, des édifices somptueux & un site altéré par la magnificence des habitans.

Tout ce qui est beau, est toujours riche dans les ouvrages de l’art : & le beau doit être toujours uni au convenable & au naturel. Une composition riche, n’a souvent rien de ce qu’on appelle richesse dans le langage ordinaire. C est une composition dans laquelle on remarque une sage abondance, exempte de profusion. (L)


RITES RELIGIEUX. On trouve des prêtres dès les temps les plus reculés. Orphée étoit le prêtre de l’expédition des Argonautes. Chrysès, prêtre d’Apollon, est le premier personnage qui paroisse dans l’Iliade. Dans quelques endroits, comme à Syracuse, le sacerdoce s’obtenoit par élection, & ne duroit qu’une année.

Chez les Athéniens, & sans doute ailleurs, il y avoit, sous les prêtres, des ministres subalternes qu’on appelloit parasites, parcequ’ils participaient aux viandes des sacrifices. Les Ceryces, ou Héraults étoient aussi des officiers inférieurs de la religion : ils ordonnaient aux assistans de ne prononcer aucune parole qui pût troubler les prieres ou le sacrifice. De jeunes gens, sous le nem de Nèocores, avaient soin de veiller au bon ordre, à la propreté, à la sureté des temples, & des ustensiles qui y étoient renfermés. On ne peut assurer que les prêtres, & les autres ministres des autels se distinguassent, dans la vie privée, par un habit particulier. Les monumens qui représentent des cérémonies religieuses, ne sont pas antérieurs aux temps où la Grèce fut soumise aux Romains, & l’on ne voit pas que ceux qui offraient le sacrifice eussent un habit qu’on puisse appeller sacerdotal. Un pelage du faux Orphée nous apprend que ce prêtre se revêtit d’une longue robe noire pour célebrer une cérémonie magique. On voit sur un monument romain, la figure affile d’un souverain prêtre, Archiereus, vêtu d’une ès-longue robe & coëffée d’une sorte de capuchon. Une figure de femme, qu’un soupçonne être celle d’une Pythie, parce qu’elle est debout I côté d’un trépied, est vêtue d’une longue robe, attachée d’une ceinture : elle a sur la tête un diadème, & son voile est rejetté en arrière.

Les Romains, suivant l’institution de Numa, avoient deux prêtres de chacune des trente curies. Ils étoient chotts par élection, & le sacerdoce appartint exclusivement aux patriciens, jusqu’à ce que le peuple eut obtenu le droit de participer à toutes les dignités. On élisoit aussi les augures, ce qui prouve que la faculté de prédire l’avenir par le vol des oiseaux a ou par d’autres lignes convenus,