Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

â^2 S c u 1706 âgé de soixante & dix-neuf ans. On lui reproche de la manière & de la pesanteur.

(31) DOMINIQUE GUIDI, naquit à Massa-Garréra, ville du Duché de Toscane, en 1628, & vint fort jeune à Rome, où il entra dans l'école de l'Algarde. I1 fit honneur aux leçons de cet habile maître, & est compté au nombre des artistes qui se sont fait un nom sans avoir place au premier rang. Il auroit joui d'une plus grande réputation s'il avoit été plus curieux de la ménager ; mais il préféra trop souvent le profit à la gloire ; il entreprenoit des ouvrages à tout prix, & les faisoit exécuter par des artistes médiocres il adoptoit même des ouvrages de ses élèves, après les avoir foiblement retouchés. Pour se faire une idée de son talent, il faut faire un choix entre le trop grand nombre de morceaux qu'il n'a pas rougi de laisser passer sous son nom. On remarque surtout sa statue du cardinal de Bagi, dans l'église de Saint-Alexis, au Mont-Aventin, celle de Clément IX, à Sainte-Marie majeure, le songe de Joseph, à qui un ange révèle le mystère de l'incarnation, dans l'eglise de la Madonna della Vittoria, un bas-relief sur l'autel de l'oratoire du Mont-de-Piété. La réputation de cet artiste parvint jusqu'en France, & Louis XIV voulut avoir un ouvrage de lui. Il est plaçé à Versailles, au-delà du bassin de Neptune, & répresent ? la Renommée qui rit la vie du Monarque : l'Envie est sous ses pieds, le Temps tient le livre dans lequel écrit la déesse, qui de la main gauche tient le médaillon du roi. Quoique le Guidi fût à Rome, loin de le Brun, il ne put se soustraire à l'empire du premier peintre, & fut obligé de travailler sur le dessin qu'il en reçut. Il mourut à Rome en 1701, âgé de soixante-treize ans.

(32) GASPARD ET BALTHASAR MARSY . Nous ne séparerons pas ces deux frères qui se plurent à unir leurs talens. Tous deux naquirent à Cambrai, Gaspard en 1624, & Balthasar en 1628. Ils furent élèves de leur père, ne vinrent à Paris, qu'en 1648, & furent réduits à travailler d'abord pour un sculpteur en bois : ils parvinrent ensuite à être connus de Sarrasin & de Buyster, qui les firent travailler pour eux. Ils passèrent plusieurs années dans ces occupations subalternes, jusqu'à ce qu'ils furent chargés de décorer l'hôtel du secrétaire d'état la Vrillière, qui est aujourd'hui l'hôtel de Toulouse : ce fut alors que commença leur réputation. Cependant leurs travaux restoient encore renfermés dans des hôtels, lorsqu'ils trouvèrent enfin l'occasion de faire un ouvrage public. Ce fut la décoration en stuc de la chapelle basse des Martyrs, dans l'église de


l'Abbaye de Montmartre, où ils exécutèrent en albâtre, la statue de Saint-Denis, grande comme nature.

Mais Versailles étoit le plus digne théâtre des grands talens : ils y débutèrent par les figures en bronze placés aux fontaines du dragon, de Bacchus & de Latone : cette dernière est comptée entre leurs, ouvrages célèbres ; mais ils se surpassèrent encore dans le second grouppe de chevaux des bains d'Apollon, où le mérite de leur ouvrage est relevé par la médiocrité du premier grouppe, qui est de Guérin. Leur composition est pleine de feu, leur exécution d'élégance & de finesse. Le dernier ouvrage que les deux frères aient fait en commun, est dans l'église de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés, le tombeau de Jean Casimir, Roi de Pologne, offrant à Dieu sa couronne. Balthasar après avoir mis la dernière main à cet ouvrage, abandonna la sculpture & se livra aux douceurs d'une vie obscure & tranquille. Il mourut, suivant Dandré Bardon en 1684, âgé de cinquante-six ans.

Quand les deux frères eurent cessé d'associer leurs talens, on reconnut que c'étoit Balthasar qui avoit le plus apporté dans cette association : Gaspard, réduit à lui-même, ne montra qu'un talent sensiblement inférieur, quoique non méprisable. C'est lui qui a fait à Versailles, sur les dessins de le Brun, les figures du Point du jour, de l'Afrique & de Mars, & celle d'Encelade. Il a exécuté à la porte Saint-Martin, du côté du fauxbourg, le bas-relief qui représente Mars portant l'écu de France & poursuivant un aigle. Son dernier ouvrage, qu'il ne put terminer, est ce foible grouppe de l'enlèvement d'Orythie aux Tuilleries : il y travailloit lorsqu'il mourut en 1681, dans sa cinquante septième année.

(33) ETIENNE LE HONGRE, né à Paris en 1628, « fit pour Versailles, dit Dandré Bardon, plusieurs ouvrages estimés ; une figure qui représente l'air, & deux termes désignant l'un Vertumne, & l'autre Pomone. L'un des quatre bas-reliefs de la porte Saint-Martin, est l'ouvrage de son ciseau, & c'est d'après a son modèle qu'a été fondue la statue équestre de Louis XIV, érigée à Dijon. » Il est mort en 1690, âgé de soixante deux ans.

(34) FRANÇORS GIRARDON est, de tous les sculpteurs qui furent employés pour le faste de Louis. XIV, celui qui a laisse le nom le plus célèbre. Il dut une grande partie de sa réputation à ses talens, mais il fit contribuer aussi à sa célébrité la souplesse de son caractère.

Il naquit en 1630 à Troies en Champagné. Son père qui étoit fondeur, croyoit que les arts ouvroient une route trop incertaine pour aller à la