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été faits par des mains égyptiennes. Tous les icaraélères qui diftinguent ces derniers font autant de défauts : la poitrine des figures d’homjmes eft appktie ; les côtes, au-deffus de la ipoitrine, ne font aucunement apparentes, le -corps eft grêle au-daffus des hanches , les arti-Iculations des genoux ik les mufcies des bras Ifont peu diftinéls, & : les omoplates font à [peine indiquées.

^ Comme les fcuipteurs égyptiens avoient des 

|regles de proportions fixes , & que l’extrême iimplicité de leurs figures , leur abfence de fouplefTe & : de mouvement, leur conilance

d’attitude rendoient très-facile l’obfervatioa de
Ce5 règles ; quand ils avoient imprimé à la

.pierre la mefure convenue , il leur arri*roit Touvent de la fcier par le milieu , & : l’ouvrage .fe parcageoit entre deux artiftes. Diodore de jSicile repréfente cet tilage comme confl :ant,en [quoi nous verrons qu’il le trompe. Il ajoute igue deux fcuipteurs grecs , Téléclès & l’héi- |dore fils de Rliœcus , Iiiivirent cette méthode jpour l’Apollon Pythien de Samos : Téléclès en ifit une moitié dans cette ville, tandis que

!ion frère travaincit l’autre moitié à Ephèfe. Si 

le texte de Diodore n’efl : pas corrompu , l’opération fembie encore plus étonnante , ^puifque chaque artifle aura fait féparérnent jUne moitié de la figure prife du haut en basj ^& par conféquent une moitié de la face , du

!col, de la poitrine, &c. Winckelman , parle 

I changement d’un mot, ôte à la phrafe de [l’iiftorien ce qu’elle a de peu vraifemblable (i), i& fuppol’e que les deux parties fe réunifToient

horizontalement à la région du nombril,

t L’Aiitinoiis du Capitole eft de deux mor- 1 ceaux qui ie joignent au-deffus des hanches. Cependant , comme toutes les ftatues égyptiennes qui nous reftent font taillées dans un ifeul bloc , on doit croire que Diodore , en difant que la pierre fe fcioit & fe partageoit ■ entre deux artiiles , n’a voulu parler que des icoloffes ; encore, de l’aveu même de cet h>ftorien, yen avoit-il plufieurs taillés dans une .feule pierre. Il nous apprend que les Egyp- . tiens divifoient le corps humain en vingt-

quatre parties Se un quart : il feroit à fou-

. Jîaiter qu’il nous ; eût fait eonnokre les détails ■ «Se cette divifion ; mais comme il n’écrivoit pas I pour les artiftes , il eft excufabie de n’avoir

pas eu cette exaflitude qui n’entroit pas dans

^ Ibn plan , mais qui feroit très ptc-cieule pour

E013S. Ceux que ces détails intéreffoient , potir

I voient aifément fe les procurer de fon temps ; mais on ne pourroit faire a..jourd’hui , pour les

retrouver, que des conje&ures incertaines.
_ (i) Au lieu de^ li.-e kcltu. o(3ocpn(--, Winckelman
lifoit xsiTo !. ôa-<py(’.

Beau :^-Aris. Tome II,

S C U fiî

Les ftatues égyptiennes ne font pas feulement travaillées au cifeau : toutes font polies avec le plus grand foin , & celles qui éroienc placées loin de la vue, au fommet des obélilcjues, éroient terminées avec autant de recherche & de patience que fi elles euffent dA . être expofées près de l’œil. A l’obélifque du foieil, qui aft à préfent couché, on voit une ’ oreiHe de fphynx travaillée avec autant ds finelTe que les bas - reliefs grecs les plus foignés. Comme les figures égyptiennes font ordinairement exécutées en granit ou en bafalte , pierres dures & compofées de parties hétérogènes, on a lieu d’admirer encorp plus l’extrême patience des artifl’es.

Ils inféroient fouvent, dans les yeux de leurs figures, des prunelles d’une matière différente &c plus précieufe, ce qui a été quelquefois aulii pratiqué par les Grecs , & ce qui l’eft encore aujourd’hui par les Indiens. On affure que le fameux diamant de l’impératrice de Ruiïie , le p.lus beau & le plus gros qui foit connu, formoit un des yeux de la fameufe ;ftatue de Schéringam , dans le temple de Brama.

Les Egyptiens fondoient en bronze des ouvrages de Iculpture, & s’ils ont été très-inférieurs aux Grecs dans les belles parties de l’art, on doit convenir qu’ils ne leur ont cédé dans aucune partie du métier.

On conferve encore aujourd’hui des figures égyptiennes en bois & en terre cuite. Celles en terre font couvertes d’un émail verd. Sculpture c/iei les Pké,-iiciens. Homère rend hommage à l’habileté des Phéniciens dans les arts. « Le fils de Pelée, dit-il, pofe » aufil-tôt, pour prix de la courfe, un cratère » d’argent capable de contenir fix mefures. Il « l’emportoit beaucoi.ip en beauté fur tous les » ouvrages iémblables de la terre entière , car » c’étoit les Sidoniens, ces hommes habiles, » qui l’avoient travaillé ». Iliade , !• 23 , v. 740.

On. trouve, chez les anciensj des tém.oignages de la beauté de ce peuple : beaux eux-mêmes, les Phéniciens pou, -oient fe former une idée du beau, & leur caraûère laborieux devoii ; les faire parvenir à la perfeftion des arts dont ils avoient le goât, & que l’intérêt : de leur commerce les engageoit à cultiver. Ce tut aux Phéniciens que Salomon demanda des architeéles pour élever le temple du Très-Haut , on voyait briller dans leurs temples des ftatues d’or, des colonnes d’or ; l’émérauide ornoit leurs ouvrages de l’art : c’eft décrire la richeffe de ces ouvrages , fans en caraéiérilèr la beauté ; mais il eft difficile qu’uri peiîple riche, & qui aime les arts, n’y faffBi

pas de |irogrès. , -