Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

314

S c u

Les grancls ouvrages des Phéniciens ont ete détruits : mais il refte des médailies Carthagino-fes, & l’on fait que Carthage écoit une colonie de la Phénicie.

On conferve dix de ces médailles dans le cabinet du Grand-Duc de Florence, & Norris témoigne qu’elles peuvent êfre comparées aux plus belles de la Grande Grèce.

L’inCcription punique fait feule diflinguer les médailles Carthaginoifes frappées en Sicile des meilleures médailles grecques. Il faut convenir que cette preuve n’eft pas péremptoire en faveur des arts de la Phénicie : car on fait que Carthage fut féparée de fa mèrepatrie avant la guerre de Troie , & les artistes Carthaginois peuvent avoir acquis , dans la fuite des fiècles , des talens qui manquoient à ceux de Tyr & de Sidon. Peut-être avoientîls emporté feulement de Phénicie les premiers éîémens des arts encore gioiliers , qu’ils portèrent enluite à la perfeilion.

Sculpture che^ les Perfes. Les conjeftures qu’on peut faire fur l’habileté des Perles dans les arts qui tiennent au delTîn , ne font pas favorables à ce peuple. On fait, il efï vrai , qu’ils étoient fenfibles à la beauté , & qu’ils l’exigeoient dans les hommes auxquels ils daignoient conher quelques parties du commandement-, mais amis du beau dans la nature lumaine , on ne voit pas qu’ils fe Poient fait une étude de l’imiter. Comme la décence ne leur permettoit pas de fe montrer nuds , ils ne purent faire de grands progrès dans le deffin de la figure , puifqu’ils n’en connoifToient pas les formes, & ne durent guère connoître d’autre beauté que celle des têtes & la hauteur niaiefi"ueufe de la taille. Tous les défauts que peuvent cacher les vêtemens , n’éroient pas pour eux des défauts ; les beautés que les vêtemens ne découvrent pas , n’étoient pas pour eux des beautés , 8c l’Europe moderne feroit enfévclie dans la même ignorance , fi l’exemple des Grecs ne nous avait pas appris à chercher le beau qui fe cache à nos yenx, à le dépouiller , pour le progrès des arts, des voiles que lui imnofe la décence.

Les Phéniciens ne connoiffant pas le nud, ire purent s’attacher comme les Greci à le faire fentir fous !a draperie. Il paroît d’ailleurs que leurs manteaux n’a .oient pas cerce ampleur qui peut fournir des plis iai-ge- ? & variés. Leurs habits, tels que nous les ptéfentent les monumens , n’oftroient que de crès-petits plis étages & parallèles. Sur uns pierre gravée du duc Caraffa Noia , on voit une figure d’homme , dont l’habit forme huit étages de plis depuis les épaules j-^fqu’aux pieds. Les ^nonuiiiens des Perles n’offrent point de figures de ’femmes.

S C U

L’égarement des Grecs , qui leur repréfen-toit les divinités fous des formes humaines, étoit favorable aux arts. Pour rendre fer.fible l’idée qu’ils fe formoient de leurs d’eux , ils étoient obligés de chercher les plus belles formes dont la nature humain ? foit capable. Cette erreur fut la caufo principale de leurs progrès, & fans elle , les arts, .^eroient peut-être demeurés pour toujours dans en état de médiocrité ; car il efl peu vraifenibiabl’ ; que les modernes fe fiiffent même a’ ifés d’écj^ier le nud, fi les anciens ne le leur avoicnt pas montré dans fa perfedion. Nos artifles doivent ce que leurs talens ont de plus fubVima à l’émulation que leur ont infpirée !«s Grecs, Mais les idées religieufes des Perles ne purent offrir rien d’utile au progrès des arts, puifqu’ils révéroient la Di-.’inité dans la lubftarice du feu & du ciel matériel , & qu’ils euffont cru la dégrader en lui fufjpofant des formes humaines.

On fait que Xerxès & Darius appellèranc ’ de Grèce le fculpteur Téléphanes -. ce fait femble indiquer que les Perler n’avoienn pas une haute idée du talent de leurs propres a ;-tilies , & nous ne rifqnerons gi ;ère de nous tromper en ratifiant leur jugement. Comme ils n’étoient point excités à la culture des arts par la religion, & qu’ils n’sîevoieirt poinr. de flatues aux grands hommes, parce qu’il n’y avoit chez eux rien de grand que le monarque , ils manquoient à la fois de tous les alimens des arts. Auflî connoît-on des médailles faites fous les rois Perfes , fuccoffeurs de Cyrus, qui ne font pas d’un ftyle fupérieur à ce que nous avons èe plus mauvais gothi-r. que.

■ Seul PTURÊ che ;[ les Etriifques. WJnckelmanM regarde comme probable que les Etrufquesill avoient conduit avant les Grecs l’art à une certaine perfeélion. Il creit qu’on ne peu&l guère compter au nombre des caufcs de leuE progrès les deux colonies grecques qui pafi renc en Etrurie, puil’que toutes deux 3’ vinred avant les beaux jours de l’art chez les Grec l’une avar.’- l’expédition des Argonautes, l’aâ tre trois fiècles après Homère, il regarde fej lement ce^ dcjx émigrations comme les cauF des rapports fenfibles qui fe trouvent enq les langues grecque & latine ; il penfe iiti

! que ce lurent ces émigrans qui apportèrent en 

I E’rurie les caraâères grecs qui y furent

adoptés. 

Nous ne ferons pas difficulté d’accorder au i favant antiquaire, & à Pline qui avoit la même i opinion, que ce fut fans fe communiquer avec les G’-Rcs , que les Etrufques & d’autres peuples d’Italie firent des progrès dans les arts : I ’ mais l’hiftoire nous a conferyé des traces d«