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là manière dont ils en avoient reçu les élémens ; elle nous apprend que longtemps a.ant le fiège de Troie, un artifte qui failbit i’admiration de fes contemporains , & qui conferva même l’eftime de la poflériré, l’ancien Dédale, fayant la colère do Minos, fe réfugia en Sicile, où il travailla, & d’où il pafTa en Italie eil il laiffa des moniimens de fon avt. Nous ne chercherons point à difcuter ici 11 ce fut Dédale qui donna (on nom à l’art , ou li ce fut l’art qui donna Ton nom à cet artifl^e (i). Il nous fuffic de {avoir que , dès le temps du premier Minos , il exiftoit un habile artifte Athénien qui exerça fes talens en Sicile & en Italie, pour conclure que l’Italie & : la Sicile ont dû à cet homme rare les premières confloiflances des arts.
Nous ne connoiffons pas le talent de l’artifle que nouS appelions Dédale : mais il fubfiftoit encore du temps de Paufanias & de Diodore de Sicile des ouvrages qui lui étoient attribués ; Se ces écrivains nous engagent à proire que les ouvrages de cet artiite , fans doute trèsrimparfaits , étoient d’ailleurs impofans par la grandeur de leur caraftère. Ce fut ^ufli le grand caractère qui diftingua les ouvrages des Etrufques, & même ceux des Siciliens ; on a donc de fortes raifons de croire que ces deux peuples ne firent que s’avancer dans la route que Dédale leur avoir montrée, & dans laquelle ils avoient fait , fous fes yeux , les premiers pas.
Un caraâère fortement prononcé , donne un certain prix même aux plus anciennes produâions des Etrufques qui foient parvenues jufqu’à nous. Ils l’ont confervé , en approchant l’art de la perfeélion. Leur deffin étoit dur, exagéré, & c’eft le même défaut qu’on reprocjie à Michel-Ange , le plus célèbre artifie de l’Etrurie moderne , qu’on appelle Tofcane. Ce peuple avoir dans fes mœurs la dureté qu’il imprimoit dans fes ouvrages. Son cuire étoit auffi trifl-e que fuperftitieux : une fombre lierreur fe mêloit à fes cérémonies religieufes. On vit, l’an 3951 de Rome, les prêtres de cette nation fe montrer à la tête de fes troupes, armés de torches & de ferpens. C’eft d’eux que les Romains empruntèrent leurs jeux barbares , Si. les combats fanglans des gladiateurs. ia douceur des mœurs infpire l’idée & l’amour de la beauté ; les mœurs rudes des Etrufques V ( I ) En grec , on apprlle Dcedalma un ouvrage de ’ l*an ; Dœdalos , dœdaleos j eft une éuithère qui fe donne à tout ouvrage talc arriftement. On irou/e fouvent dans Homère le mot Polydadjloi , pour exfrimer qu’un ouvrage eft fait avec toute la perfcdion de l’art. Dadalc’m fignifie travailler avec art : enfin avant le fcuifteur Dédale , les ftacues de bois fe noramoient dœdala , êc c’eft «is Jà pem-êqre que cet artifte a le^u fgn nçii). S C U
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ne durent point leur donner cet amour ardent du beau dont les Grecs furent animés, & le caradère de la beauté ne doit pas être celui qui diftingue leurs ouvrages : c’eft plutôt celui du mouvement, porré même julqu’à une certaine exagération nuifible à la g’^ande beauté des formes ; car les formes ne confervent toute leur beauté que dans les mouvemens les plus naturels & les plus doux, dans les attitudes les moins violentes & les plus naïves. D’ailleurs , comme Winctelmann le remarque avec raifon , on ne voit pas que les Etrufques aient été , pour la culture des arts , dans une pofltion aulTi favorable que celle des Athéniens , lorfque Périclès employoic à payer les artiftes les fujjfides de ’ toutes les villes tributaires. Enfin , à fuppofer que les Etrufques fe foient avancés plutôt que les Grecs dans la carrière des arts, ils ont été aufli forcés de l’abandonner plutôt, puifque, longtemps en guerre avec les Romains , ils furent fubjugués un an après la mort d’Alexandre , dans les temps oiï les arts étoient ea Grèce dans leur plus grande fplendeur. Il faut obferver encore qu’entre les ouvrages que l’on donne aux Etrufques, il en efl un grand nombre qu’on ne leur attribue qu’avec beaucoup d’incertitude. La reffemblance qu’on leur trouve avec ceux des Grecs ne permet de leur afiigner qu’avec beaucoup de circonfpeftlon une origine étrufque. Il eft des monumens auxquels on n’accorde cène origine que parce qu’ils ont été décou^’erts dans l’Etrurie, & que , fans cette çirconftance, oa n’héfiteroit point à regarder comme des produélions des plus beaux fiècles de la Grèce, avec lefquelles ils ont une parfaite conformité. Ces morceaux tiennent en fufpens les antiquaires les moins timides, & mêTie "Winckelmann , à qui l’on ne peut reprocher d’avoie é-é trop rélèrvé dans fes con]eâures. Il n’eft affurément pas impofTible que dos ouvrages de la Grèce propreraenr dite , & de la Grande Gtèce , aient été tranfpovtés dans l’Etr.irie, furtout après que cette contrée fut tombée fous la domination des Romains , qui s’enrichirent des dépouilles de la Grèce. La cornaline repréfenrant Tydee qui s’arra- che de la jarnbe droite un javelot brifa, rend témoignage à la perfeâion cù l’art s’éroit élevé chez les Etrufques lorfqu’un de leurs artiftes fL’t capable de produire un fi bol ouvrage. La figure eft fvelte, les articulations fontfinss, & cette gravure pourroit être attribué à l’art des Grecs, fi l’attitude roide , gênée & peu naturelle ne faifoit pas reconnoître un défaur caratiérifcique de l’art étrufque. On diroit que l’artifce avoit reçu le défi de faire fuivre à la figure la forme ovale de U pierre, & de la rendre la plus grande cvs’ii 8-r ij