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éVprîmer la blancheur éclatante Se leurs pieds.

On a contîniié d’employer le bois pour les Hatues, même dans des temps où les ftatuaires favoient travailler les pierres : on joignit le luxe des iiècles opulens à la fimplicité des premiers fièclesj les ftatiies furent couvertes d’or, & les Dieux, l’ur leurs autels, ne rif<^ ;èrent plus d’être rongés des vers.

Mais le luxe eiï tellement deftiné à corrompre le goût , que celui même des Gre ;s ne put lui réfifter. Ils favoient travailler le marbre ■ & c’eft la matière la plus favorable à la beauté de l’arc : ils favoient fondre le bronze, & ’ c’efl : la fubflance la plus capable de leur aiïu-

rer une longue durée
& cepen»lant, dépravés
par l’amour de la richefTe, ils employoient

a faire ces iîarues, l’ivoire qui efl bien moins convenable à cet ufage que le marbre & le bronze. Sa rareté lui méritoit feuie la préfé-

rence, comme fi le rare écoit toujours le beau.

’ On mêla l’or & l’ivoire dans les flatues, & l’art perdit de fen prix par ce mélange imprudent de deux matières précieufes. On les prodigua juîques dans les colofles. La Minerve ■ de Phidias , qui étoit d’or & d’ivoire , avoit vingt fix coudées, ou trente-neuf pieds attiques ie haut.

Il ne faut pas croire que les ftatues fuflent entièrement d’or &.’ d’ivoire. On connoît la

! grandeur des plus fortes dents d’éléphans, & 

l’on fent bien que dans des ouvrages d’une i grande proportion , l’ivoire ne pouvoir être I esiployé _ que par plaques rapportées. C’étoient de véritables ouvrages de marquetterie ,

&r les joints ne pouvoient être tellement

I diflîmuléî , que ces pièces de rapport ne fiifent i un affez mauvais effet quand on les cor.fidéroit ■ de trop près. Il efl vrailemblable que les plaques d’ivoire étoient fixées avec de la coUe de poiffbn : Elicn parle de cette colle, & dit qu’elle éroit néceffaire aux artifli loient en ii’Oire.

les qui travail-

M. de Pauw fuppofe que, dans les grandes

llatues, tc’Jt l’ouvrage éroit foutenu d’une forte armature de fer eu d’airain. Il croit que cetce armature étoît revêtue de iames de bois de cèdre, dont toute la capacité reftoit vuide. Il eft conduit à cette conjeâure par un paflTage de Lucien, qui, dans fon Jupiter tragique, dit que in’Hrieur de ces ouvrages, où brilloîcn’ l’nr Se i’iyoï.e, étoit rempli de toiles d’araignées , & tervoit d’afyie aux animaux ’immondes qui fréquentaient les temples,

II eft certain que, du moins quelquefois, 

ion érablifToit en plâtre & en argile le modèle [eritiet ûe la flratue-, fur ce modèle, fans doute peu terminé, on appliquait les plaques d’or [& d’ivoire. C’eft ce que prouve le Jupiter de j Mégare : la tête étoit d’or & d’ivoire , mais la guerre du Pèloponèfé’nc permît pas de continuer un ouvrage fi difpendieux, & les autres parties de la flatue refitrent en plâtre. On pourroit cependant accorder la notion que nous avons fur le Jupiter de Mégare avec l’opinion de M. de PaiiW : il n’y auroit qu’à fuppofer que l’armature étant faite, & la tête même achevée, on fe contenta de faire, pour le relie de la ftatue, un modèle en plâtre par deffus l’armature, quand la guerre du Péloponèfe fut déclarée.

M. de Pauw effraye l’imagination en entamant un calcul fur la quantité d’ivoire qui pouvoir entrer dans un colofle. Il croit que le Jupîte ? Olympien, ■ qui avoit cinquante quatre pieds de haut, ne dut pas exiger moins que la dépouille de trois cents éléphans , & l’on fait que les Grecs achetoient fort cher l’ivoire aux étrangers. On auroit gagné beaucoup , pour la convenance 8c pour les frais , en employant des fubfiances moins rares. Un autre mêiange nonmoins condamnable fut employé fans nccefîiié. On fit long-temps des têtes, des mains & des pieds de marbre à des ftatues de bois. Si l’on pouvoit reprocher une profufion mal entendue de richefie aux flatues d or & d’ivoire, on pouvoit reprocher à celles ^ont nous parlons une léfine choquante. Une Junon & une Vénus , ouvrages de Damophon, oftroient cette bigarrure de bois & de marbre. Cet ufage n’écoit point encore profcritau temps de Phidias, & il fit avec ce mélange vicieux fa Minerve de Platée.

Winckelmann croit que c’étoit les flatue» dont les feules extrêm.ités étoient de marbre, que les anciens nommoient acrolithes ^ iLXfoKi-Soi : cette expHcarion mérite d’être remarquée &confervée, car il paroît que ce mot grec avoit toujours été mal entendu. Il expliqu» auffi d’une manière très-vraifembiable un paffage de Pline, qui dit qu’on ne commença à travailler en marbre que dans la cinquantième olympiade : il croit qu’il ne faut entendre ce partage que des figures entières. Un’goût non moins vicieux régna dans la Grèce ; ce fut celui de vêtir les fiatires d’étoffes réelles. On peut voir l’effet de ce mauvais goût dans quelques hiotve-Dames de nos veilles églifes. On en voyoirune ado.Tée à un pilier devant la porte de i’ég’ife deF Quinze-vingt : cette figure était peut-être suffi ancienne que le temple , qui avoit été fonds par Saint-Louis.

C’étoit encore un mauvais goût : des Grecf, lorfqu’ils avoient tsnt de -narbre d’une blancheur éclatante, de faire ces llatues de marbre veiné & tacheté. Enfin pou ; excni’Vr une erreur dans laquelle oni. quelquefois donné les modernes , par une erreur femblable des anciens, remarquons encore que les Grecs peignirenJ