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Il vînt auffi un temps où l’on eut tant de fl-atiies, qu’on ne fe (bucia plus de s’en procurer de nouvelles. Alois on ne fie plus que des bvftes, des portraits, & ces genres inférieurs le fontinrent quand on ne fit plus d’ouvrages capitaux. Les perfonnes qui ne connoiflent pas les arts pourroient croire que ces fculp^eurs en ■portraits les firent d’autant çlus beaux qu’ils , le confacroient entièrement a ce genre ; mais l’expérience prouve que les genres l’ubalternes fe dégradent eux mêmes , quand les genres Cuptrieijrs ne font plus cultivés, & que Ion ne peut guère avoir de grands fuccès dans les genres inférieurs , quand on n’a pas foi-même cultivé le plus grand genre

Les artiftes des beaux fiècles avoient négligé les petites parties de la nature : ce fut à les euprimer que les artiftes des âges ténébreux firent confifler une partie de leur talent. On voit qie dans les temps inférieurs, dans le flècle oil fut élevé l’arc de Sep ime Sévère , on affedoit de prononcer fortement les veines. On a eu foin de les e>: primer, fur cet arc, même à des figures idéales de femmes , telles que des Viftoires qui portent des tn.phces : triple fau’e -, la première, de s’arrêter à des détails qui échappent aiC ?ment à la vue, dan ; un moniment dont le travail ne devoir pas être fort voifin de l’œil ; la féconde, de donner à des femmes une force qui ne s’accorde point avec la délicateffe de leur fexe ; la troifième , de donner à des déertes un des caractères de l’humiinité périfT.ble ; erreur que n’auroient point commife ies artiftes de la belle antiquité , parce qj’elle étoit contraire à leur nivthologie qui ne donnoit point de fang aux dieux. Les modernes n’ont que trop fouvent imité ce procédé de l’art dégradé des anciens, qui , dans la dégradation même , fe fourint avec beaucoup plus de luftre à Rome que dans les provinces & les colonies.

Il faut ajouter, que, dans le déclin de l’art, les ariftcs n’oublièrent pas entièrement la E andeur de leurs maîtres, & retinrenc toujoiir, tuelqus choie de la fublimité de leurs prin cipes. En général , les airs de tê :e conferverent une idée de la beauté antique ; les attitudes , les ajuftemens ne s’éloignèrent pas de la fimplicite. Jamais, dit V/inckelmann , les anciens ne fe lail’sèrent éblouir par cette élégance recherchée , cette grâce affedée , ce cadencement exagéré , cette fouplefle contournée , enfin tous ces défauts auxquels les modernes ont donné tant de prix. L’école dégénérée & prel- ~ ( a expirante , confervoit toujours quelque chofe de la gj-andeur Se de la fimplici é de (on ftyle -, & fes derniers ouvrages nous donnent encote d’utiles leçons.

Ce qtii la foutint , peut-être , c’eft que l’on eontinua toujours de copier des ouvrages des S C Cf

anciens. On connoît d’excellentes ftatuês 8i< troifième fiècle , dont on ne peut faire honneur à cet âge, & qu’on doit regarder comme des copies d’ouvrages antérieurs : ce n’eft qu’à la manière dont font traités les cheveux , qu’on peut teconnoître le temps où elles ont été faites.

Après nous être fait une idée de la théoris des anciens , il nous refte à connoître les détails de leur pratique.

L’argile eft la premère matière qui foit employée par l’art ; c’eft par elle que nous devons commencer à traiter de la partie méchanique des Grecs. On vo t, par la figure da ftatuaire Aloamène , fur tn bis-relief de la Villa Albani , qu’ils la travaiUoient , ainfi que les modernes, avec l’ébauchoir : mais ils fe fervoient aulli des doigts , & même des ongles , pour rendre les parties les plus délcates. Laconnoifl’ance de cette pratique des anciens a découvert à Winckelmann le vrai (cns de quelques expreflions comm^ines des Grecs qui n’avoir pas été faili par les favans. Comme il entendoit mieux les procédé.-, des arts que tous les érudits qui fe font occupes des anciens ajteurs, il eu naturel qu’il .-iit mieux faifi des pafTages dont la fignifica.ion leur étoit échappée , parce qie c’etoit dans ces procédés des arts qu’il en falloit cherche ;’interpréta :ion. Du mot ônv^ , dit-il , qui fig.ifii l’ongle , les Grecs avoient formé les mots ôci/5(_ ;^s/c , é^ovvyit^nv, pour lignifier qu’on donnou les darnici’es touches , ou littéraleaienr , les derniers coupsd’ongle a /on modèle ; & par mé aphore,poui : dire qu’on terminoit quelque choie. Quand on’ vouloit expr mer que l’opéra :ion la plus difficile étoit determner, on dilbii , le momentoù la terre glatjè eji fous l’oncle : oru,v eîs avvya. vwKoç à,<pix.na.i. C’étoit aulli parallulion à l’arc de mjde.er, que les Latins, en pariant d’un homme bien fai’, difoien- ad unguem facius homo. < ’eft par une métaphore femblabie , pril’e de ’a t de ourner , que nous d’Ions . un homme fait au tour. Au lieu de dire qu*an auteur avoit chàrie Ion ouvrage au }.o/nt de n’y laiTèr r en à défi er’^ les Latins ài(oent ■ Cajll ait adungum.

Ceux qui iiroient dans ^e Corne de Caylui que les icjlpteirs grecs ne tailb en pas de modèle^ avant de trava lier le inarbre , pourro enc fe liifTer entraîner par l’aiirorné refpectabie de ce«^antiqi.a re , qui d’ail’etirs (emble a’ puyé d’un partage de Diodore de Sicile. Ils (e croiro.en : en do t , d’aprts ce : e ft.ifle découverte , de m :prifer les ftaaiaires mode- nés, comme des otivr erî timides. Ii n’eli donc pas intiti.e de fa’re ccmiîcre que ce" e fatilTé opinion a étérenverfée par Wlncke maun. Ilfuffit, pour :a combat re , de citer , d’après lui , une pierre gravée du cabinet de Stofch ; elle ri-