Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/348

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puiffions ftgaràer avec certitude Bôtnmè 1 ouvrage des artiftes les plus ccltbres du bel àge^ je me flate qu’en me pardonnera de croire que leurs produftions réuniffoient à la fois la perfeftion, l’uniformité de ftyle, la parfaite imitation & le beau choix, de la nature, avec toute la correflion’ dont l’art eft capable , fans aucune appaience de négligence , & qu’elles étoient pleines de. ces beautés que je ne puis trouver réunies dans les monumens qui nous refient. Je dirai, par exemple, que fi l’Apollon du Belvédère avoir la plénitude & la morbideffe du fôi-difant Antinoiis du même cabinet, cette flatue feroit encore d’une bien plus grande beauté, 8c elle en auroit encore davantage , fi le refle étolt d’un travail aufli fini que la tête. D^ même, le grouppe de Laocoon feroit plus admirable , fi le^ figures des deux fils étoient exécutées avec la délicateffe qu’on admire dans d’antres ouvrages. Ces réflexions, loin de diminuer ma vénération pour les ouvrages qui nous refirent des ancîpns, me les tendent au contraire plus précieux , parce que je remonte de ceux que nous pcfTédons à ceux que nous avons perdus. J’ajouterai qu’il y a encore tant de fcience & tant de talent même dans les ouvrages faics par les efclaves & les afiranchis qui exercèrent les arts à Rome , quoiquils fuffent prixéî des honneurs & des rccompenCes qui ont porté les arts à un fi haut degré de perfeftion dans la Grèce, qu’on y remarque toujours, jiifqu’à l’époque de l’entière décadence, ce beau fi :yle de l’école, qui jufqu’ici a manqaé ^jx modernes, & qui rendra à jamais eftimables jufqu’aux moindres fragmens des produclioEs des anciens.

Il régne une grande inégalité entre les figures qui compofent le grouppe de Niobé : on peut même, dans plufieurs , remarquer des incorreftiolis , & un grand nombre d’au ;res ftatues antiques leur font bien fupérieures en beauté. On voit au Vatican une Vénus allez médiocre, Se d’un ftyle qui approche du lourd, mais dont la tê :e eft fort belle & ne le cède pas même à celle de la Niobé. Cependant cette tête eft bien celle de cette ftatue de Vénus, & n’en a jamais été féparée. Cette flatue eft certainement la copie d’une autre bien meilleure. Dans le palais du roi d’Efpagne, à Madrid, on conferve une tête parfaitement reffemblante à celle de la Vénus du Vatican, mais infiniment plus belle, enforie qu’il n’y a, pour ainfi dire, aucune comeataifon entre l’une & l’autre. Je pcnfe qu’il en eft de même du grouppe de Niobé , dont les ftatues nous raroiffettt fort belles , parce que nous n’avons yjus celles d’après lerquclles on les a cepiées, & qui étoient bien plus parfaites encore. En «fietj je ne regarde point ce groujif e corniHe - S G n .

la produfliôn de très-grands artîfféS, mf’s comme de bonnes copies faites d’après de meilleurs originaux, par differens arciftes plus ou moins habiles, qui peut-être même y ont ajouté les figures qui nous paroiffent fi médiocres. On doit remarquer auili qu’elles ont été en partie reftaurées dans le temps du Bas-Empire, & que, dans la fuite, les modernes les ont enfin dégradées totalement, en voulant les réparer far de mal-adroites reftaurations. Quanta la manière dure & angulaire dont font faits les fourcils & les cheveux , je ne crois pas qu’on doive l’attribuer à un ftyle particulier du maître ou de l’âge où il travailloit ; mais plutôt à l’intention d’imprimer un .caraélère de trifteffe & de févérité à la figure ; car fi cela avoit tenu au ftyle, on retrouveroit ce même ftyle dans la bouche & dans les autres parties qui font fufceptible» d’une forme angulaire. On peut fe convaincte que tel étoic le véritable motif des artiftes, par les têtes de Jupiter qui nous reftent des anciens, & qui ont toutes les fourcils angulaires & fortement indiqués ; caraftère que l’on ne retrouve pas dans les têtes de Bacchus, de Vénus, & d’Apollon, divinités à qui k» anciens attribuoïent utie chevelure blonde. Histoire de ia Sculbture.

Seconde panie, ,

La première partie de cette hiftoire , a éti principalement fpéculative , & nous y avons le pljs fouvent pris pour guide le favant Winckelmann dont les fpécuïations font toujours d’un homme de beaucoup d’efprit & : d’une iagacité peu commune, & quelquefois d’un homme de génie. La féconde partie fera pofitive. Elle fera fondée-^lur les recherches que nous avons faites dans les écrits des auteurs de l’antiquité qui ont parlé de i’arc & des artifices.

Paufanias qui, du temps des Antonin3,aU Tecond fiècle -Je notre ère, voyagea dans toute la Grèce, eft de tous les anciens écrivains celui qui nous donne le plus de lumières fur l’hiftoire de l’art dans «ette contrée qu’on peut regarder, à cet égard, comme l’inftitutrice de toutes les autres contrées d« l’Europe. Si elle même reçut les leçons de quelques autre* peuples, tels que les Egyptiens & les Phéniciens, ces leçons étoient imparfaites : ce n’étoient que des élémens dont elle fe fervit pour opérer une véritable création. Les Grecs peuvent être regardés comme un peuple récent, en comparaifon des peuples très-ïjiciennement policés, tels que ceux des» grands empires de l’Afie ; tels qce ceux de la Phénicie & de l’Egypte : mais ils gnt jpécii^