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^. Mais la fçulpture, réduite à unfeul flylc, ttè peut avoir (ie rapport qu’avec un des ilyles de la peinture, & ce ftyle eft le plu> noble dont la peinture puifle le glorifier. Le rapport de ia Jculj7ture avec Ja peinture , confidérée feulement dans le ftyle noble, eft fi intime, qu’on peut dire que les dîux arts ont à-peu-près la même manière d’opérer far des matériaux différens. Des fwulpteurs du fiècle dernier font tombés dans plufîeurs erreurs , faute de n’avoir pasconfidéré fuffifamment cette diflinftion des différens ftyles de la peinture (i).

Il eft permis aux fculpteurs d’imiter l,e grand ftyle de la peinture, ou d’y puifcr du moins des. idées pour le perfeftionement de leur art, mais ils ne peuvent en agir de même avec le fiyle d’ornement ou d’apparat. Lorfqu’ils cherchent à imiter les effets pittorefquei , les contraftes , ou les beautés de détail de quelque efpèce que ce foit, donc on peut faire ufage avec fuccès dans les branches inférieures de la peinture, ils s’imaginent, fans doute, améliorer leur art par cette imitation, & en étendre les limites ; mais ils ne font en effet que détruire fon carattère effentiel, en fe propofant un objet auquel en effet cet art ne peut atteindre, tk qui eft d’ailleurs fort au defîbus de celui dans lequel il do*t fe renfermer.

La perfeâion de chaque art confifte à rem> pljr fon but. On doit s’oppofer hardiment à toute innovation contraire à la grandeur des idées qu’un an eft capable de faire naître ; à toute innovation qui tend à fe propofer dans la nature pour obje ; d’imitation ce qu’on ne peut que fauffement imiter, & qui favorile la petite ambition de produire des effets pittooelques & des iilufidns auxquels les moyens de l’art lui refufent de parvenir.

Si l’on veut que ce foit dans le talent de tromper les yeux que conflfîe la perfeâbion de a fculpture ^ il faut donc, fans aucun autre examen, pour favorifer cette abfurde prétention, procurer à cet art la reflburce barbare de la couleur : en effet, elle contribuera plus efBcacement à rendre l’illufion complette, que tous les artifices qu’on a imaginés jufqu’ici , & qu’on a tâché d’autoriler fous prétexte de donner plus de vérité aux produiElions de l’art. Mais comme la méthode de colorier les ouvrages àe fcuiptu-re eft généralement rejettée, toute pratique, contre laquelle on peut faire la même objecii <3n , celle d’4tre étrangère au but de œt art , doit l’être également.

(v) Entre ces fculpteurs eft le Bernin qui , fuivant M. Reynoids , n’a pas bien compris que la peinture mêine dans le genre de l’hiftoire , a deux ftyles : l’un qu’on peut appeller le fiylc févère , & l’autre le fiyle ■pittorcfqiie ou d’apparat, & que le fremiet convient feu ! à la fculpture. {Note 4u ^édudtur. ) S eu

Sî le but de Wfculpture éroit de procurer du plaifi.- à l’ignorance, & d’amufer unqoemenc le fens de la vue, la Venus de Medicis , gagneroit beaucoup fans doute à être coloriée : niaiff la fcidpnire a fon ca atlcre q ;i h.i eft propre, caraaère grave & au"ère, q li l’obi ge à produire un char.ne diffcr^n’. Un pourroit ajouter même que f-n cara-lèrs - ft d’un genre plus élevé, pLiifqu’il confi :e dans l’imi ation de la beauté par :aite. Le churme qu’elle produit eft un plafir vraiment incellecti e , & il fe trouve , à beaucoup d’egirds., incompatibie avec le plaifir qui tient uniq..ement aux Ions, & que procure aux efir.is gnor .ns de fuperficiels le fpeiSacle des fo’mcs qui n’ont que de l’élégance, làns avoir de la beauté. Il eft permis au fcuiptejr de mettre hardfment en œuvre tous les m lycns qae lui rosirnix foW art pour produire la ibrte d’illufion qui lui eft accordée ( 2) : mais il ne lui eft pas permij d altérer par cette pratique les parties plus fublimes auxquelles il doit s’attacher. Il faudra qu’il convienne, malgré lui , que depuis longtemps, les limites de ion art font fixées, & que ce feroit envain qu’il oferoit le flatter d’ateemdre • à une plus haute perfeflion que celle qu’on admire dans les chefs-d’œuvre qui nous reftent de l’antiquité.

L’imitation eft le moyen*, & non le but de l’art : le fculpteur s’en iert comme d’un idiome par lequel il fait comprendre les idées à l’efprit du fpeâateur. La poefie & l’éloquence de tout genre employant des figures ; maii leur but n’eft pas d’employer ces figures, c’eft de fignifier par elles les idées qu’ils veulent faire coisprendre. De même le fculpteur employé la repréfentation de la chofe même, comme un moyen d’atteindre à un but plus élevé, celui de mon-, trer la beauté parfaite.

On pourroit même être tenté de croire que les formes qu’il employé , avec qi’elqu’exactitude, quelque précifion, quelque beauté qu’il les exécute, ne doivent être eilimées que relativement à une plus noble fin, celle de fignifier &c de rendre , par l’attitude des figures, le fentiment, le caraaère intérieur, & Its pallions des perfonnages qu’il repréfente. Mais l’expérience nous apprend que la beauté feule des formes , fans le concours d’aucune autre qualité, conftitue par elle-même un grand oU’ (3) L’illufion accordée à la/ra/ptarc ne v| pas jufqa’à faire prendre une ftaïue pour la nature elliî-mêhie , ni à imiter avec une matière qui n’a qu’une feule couleur , la nature coloriée. L’illufion dont il fûut qu’elle fe contente , eft de montrer des formes qui renemblent aux formes les plus belles de la nature , de repréfenter des e.’.prelfions qui imitent la vérité , de donner au marbre l’apparence de Ja mollefTe des chairs , de la feaneté des tendons, &tc, {Nott d>i RédcuHeur. ) Vf âge ;