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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/510

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^ trait foit de Ja plus grande cotreftion poUible, ^ parce qu’il n’y a plus à y revenir. Le tcu peut détruire indift’éremment ce que l’artifte a bien ou mal fait ; mais s’il ne détruit pas , il fixe irrévocablement & les défauts & les beautés, îl en eft de cette peinture à- peu -près comme ^e la frefcjue : il n’y en a point qui demande plus de fureté dans le deffinateur ; & en même temps, il n’y a point, en général , de peintres qui foient moins fûr^ de leur deiïïn que les peintres en émail. Il ne feroit pas difficile d’tn trouver la raifon, dans la nature même de la peinture en émail ; ies inconvéniens doivent ributer les grands talents.

L’artifte a, à côté de lui, une poële où il entretient un feu doux & modétc fous la cendre. A mefure qu’il travaille , il met fon ouvrage fur une claque de taule percée de trous, 8c le fait fecher fur cette poële. Si on l’interrompt, il le garantit de l’impreflion de l’air, en le tenant fous un couvercle de carton. Lorfque tout fon deflln eft achevé au rouge d ? Mats, il met fa plaque fur un morceau de taule, & la taule fur un feu doux ; enfuite il colorie fon delfin comme il le juge convenable. Pour cet eftet , il commence par paffer fur l’endroit dont il s’occupe une teinte égals & iégére, puis il fait f :cher. Il pratique enfuite fur cette teinte les ombre- avec la même couleur couchée plus forte ou plus foible, & fait encore lécher. Il accorde ainfi tout fon morceau , obfervant feulement que cette première ébauche Ibit par -tout extrêmement foible de couleur ; alors fon morceau eft en état de recevoir un premier feu.

Pour le lui donner, il faudra d’abord l’expofer fur la taule percée , à un feu doux , dont on augmentera la chaleur à mefure que l’huile s’évaporera. L’huiie à torce de s’évaporer , & la pièc’j à force de s’échauffer, il arrivera à celleci de fe noicir fur toute fa furface : on la tisndia fur le feu jufqu’à ce qu’elle ceffe de fumer. Alors on poitrra l’abandonner fur les charbons ardens de la poële, & i’y laifferjufqu’à ce que le noir foit diflipé & que les couleurs foient revenues dans leur premier état : c’eft le jnoment de la ’paffer au feu.

Pour la paffer au feu , on obfervera de l’entretenir chaude. On chargera le fourneau comme nous l’avons prefcrit plus haut ; c’eft le temps îuéme qu’il mettra à s’allumer, qu’on emploiera à faire fecher la pièce fur la poële. Lorfqu’on aura lieu de préfumer, à la couleur rougeblanche de la moi^iHe , qu’il fera fuffifamment allumé, on placera la pièce & fa taule percée fur la mouiïle , en les avançant le plus qu’on pourra fur le leu. On obfervera, entre les «.harbons qui couvriront fon entrée , ce qui s’y pafleta. 11 ne faut pas manquer l’inftant où ]a,£eiQtu£je fe partond j su le eonneîtra à un E M A

poli qu’on verra prendre à la pièce fur toute fa furface •, c’eft aloro qu’il faudra la retirer. Cette manœuvre eft très -critique ’, elle tient l’artifte dans la plus grande inquiétude. Il n’ignore pas en quel état il a mis fa pièce au feu , ni le tems qu’il a employé à la peindre-, mais ii ne fait point du tout comia.ent il la retirera, & : s’il ne perdra pas en un moment le travail alïïdu de piufieurs femaines. C’eft au feu, c’eft fous la mouffle que fe manifeftent toutes les mauvaifes qualités du charbon , du métal, des couleurs, de l’émail ; les piquures , les foufflures , les fentes même. Un coup de feu efface quelquefois la moitié de la peinture ; & de tour un tableau bien travaillé, bien accordé, bien fini, il ne refte fur le fond que des piedi, des mains , des têtes , des membres épars & ifolés ; le refte du travail s’eft évanoui. AulFi ai -je oui dire à des artiftes que le temps de paffer au feu, quelque court qu’il fût, étoit prefque un temps de fièvre, qui les fatiguoit plus , & nuifoit plus à leur fanté , que des jours entiers d’une occupation continue. Outre les mauvaifes q-ialités du charbon, des couleurs , de Vémail , du métal , auxquelles j’ai fouvent oui attribuer les accidens du feu, on en accufe encore quelquefois la mauvaife température de l’air , & même l’haleine des perlbnnes qui ont approché de la plaque j pendant qu’on la peignoir.

Les artiftes vigilans éloigneront d’eux ceux qui auront mangé de l’ail, & ceux qu’ils foupçonneront être dans les remèdss m.ercuriels. Il faut obferver, dans l’opération de paffer au feu, deux chofes importantes : la première de toarner & de retourner fa pièce , afin qu’elle foit par -tout également échauffée : la féconde eft de ne pas attendre, à ce premier feu, que la peinture ait pris un poli vif , parce qu’on éteint d’autant plus facilement les couleurs, que la couche en elt plus légère , & que les couleurs une fois dégradées , le mal eft fans remède ; car, comme elles font tranfparentes, celles qu’on coucheroit deffus dans la fuite tiendroient toujours -de la foibleffe & des autres défauts de celles qui feroient deffous. Après ce premier feu , il faut difpofer la pièce à en recevoir un fécond. Pour cet effet, il faut la repeindre tout entière , colorier chaquepartie comme il eft naturel qu’elle le foit,& la mettre d’accord auffi vîgoureufement que fi le fécond feu devoit être le dernier qu’elle eût à recevoir. Il eft à propos que la couche des couleurs foit, pour le fécond feu, un peu plus forte & plus carafltérifée qu’elle ne T’ctoit pour le premier. C’eft avant le fécond feu ,. qu’il faut rompre fes couleurs dans les ombres ,. pour les accorder avec les parties environnantes ; m.ais, cela fait , la pièce eft difpofee à recevoir un fécond feu. On- la fera fécier fur la £oëla,