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» probable qu’ils ont employé le moj’en le » plus limple & le plus analogue au moyen » déjà connu ».

Troisième manière de peindre à l’encaujlique. Cirez une p’anche , en la tenant horizontalement fur un braiier aident, & en frottant la lurface chauffée avec un pain de cire blanche. Continuez cette manœuvre jufqu’à ce que les pores du bois a’ent ablbrbé autant de cire qu’ils en pourront prendre. Continuez encore, jufqu’à ce que la couche de cire ait pris à peu-près l’épaiffeur d’une carte à jouer. Enluite peignez avec les couleurs dont on fait lifage à l’huile (*) , mais qui foient préparées à l’eau pure ou légèrement gommées. Ivlais ces couleurs , fi on laifie la cire nue , ne s’y attacheront pas, ou ne s’y placeront que par taches irrégulières. Il eft aifé de remédier à cet inconvénient ; il fuffit de prendre quelque terre crétacée, du blanc d’Efpagne , par exemple , de le réduire en une poudre très-fine, & de répandre de cette poudte fur la cire ; enfuite avec un linge, on la frotté légèrement. Il fe fixe , par ce moyen , fur la cire une légère furface de poufllere , qui fait un corps intermédiaire entre elle & la couleur. On peint enfuite aufïï facilement que fi le bois n’etoit couvert que d’une imprellion à la détrempe. Le tableau achevé on le préfentera au feu : la cire fe fondra à une chaleur même peu conlidérable , & le tableau fera fixé.

Nous n’omettrons pas ici une obfervation réceîfaire. On fait qu’à la détrempe , les couleurs s’àftbiblitfcnt en fe féchant-, & qu’il faut par conféquent peindre d’un ton bien plus vigoureux que celui que l’on veut produire , fans quoi l’on ne feroit qu’un ouvrage fade & décoloré. Il n’en efl pas de même ici , parce que la cire rend aux couleurs le ton qu’elles avoient lorlqu’elîesétoient encore humides. Ainli, dans la détrempe , il faut forcer le ton , & à Vencaufilque , il faut l’affoiblir.

Quatrième manière de peindre à l’jip.taii /lique. On commence par peindre en détrempe, de la manière accoutumée, fur une planche très-unie. Le tableau terminé, on le place horizontalement , on le couvre entièrement de lames de cire très -minces, & l’on fait fondre cette cire avec une poêle remplie d’un brafier ardent. La cire, en fe fondant, pénètre la couleur & le bois, & fixe la peinture de manière qu’elle efl îndiffoluble à l’eau. Pour préparer les lames de cire , on fait f*) L’auteur recommande d’employer les couleurs ont on fait ufage à l’huile , parce que les blancs dont on fait ufage en détienipe font noiicis par la ciie comme |>ar l’huile.

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chauffer de la cire blanche ; on la fend fouple^ on l’étend au moyen d’un rouleau fur une glace, ou fur un marbre humide & modérément chauffé, jufqu’à ce qu’elle n’ait à-peuprès que l’épaifleur d’une carte. Entre ces trois manières de peindre à l’en- ■ caujlique, a.tiroiûèm.s eftla plus facile. D’ailleurs elle ne diffère de la quatrième, qu’en ce que, pour celle-ci, la cire efl placée fous la couleur, & pour celle -là par-deffus. Toutes deux rempliffent les principales conditions de Vencaujlique des Grecs, pui’qu’il n’y entre que de la cire & des couleurs, & qu’elles font fixées par le moyen du feu. Les ouvrages, par ces deux procèdes, peuvent s’élever à une vigueur, à un éclat que n’ont peut- être pas furpaffé, peut-être pas même égalé les grandsmaîtres de la Grèce. Ils peuvent , fans craindre aucune altération , être expofés à la plus grande humidité, qualité qui a fur -tout fait préférer la peinture à l’huile à la détrempe. Quoique nous penfiuns qu’aucune de ces quatre encaujîlques n’ell celle que les Grecs employoient dans leurs tableaux , nous reconnoiffons qu’il feroit à fouhaiter qu’au moins l’une d’elles fût perfeclionnée. Il efl vraifemblable que ces genres de peinture n’auroient pas les inconvéniens de celle à l’huile, dont les couleurs s’altèrent différemment par la préfence de l’huite mê.iie , & finiffent par s’écailler quand l’huile a été entièrement defféchée par le temps.

C’efl donc avec raifon que ces découverte» ont fait beaucoup de bruit dans le temps parmi les artifles & les amateurs des atrs, ficfi, après quelques efTais, elles ont été négligées, & même prefqu’oubliées , il faut en accufer la force de l’habitude plutôt que les vices des nouveaux procédés. On ne pouvoir guère s’attendre que des artifles accoutumés à peindre à l’huile ou au paûel, adopteroient une nouvelle manœuvre qui devoir leur paroître difficile, parce que ce n’étoit pas celle qu’ils avoient l’ufage de pratiquer. Quelquefois les nouveautés font adoptées avec ardeur par la jeuneffe : mais il n’en devoir pas être de même ici , parce que les jeunes gens qui fe deflinent à la peinture, prennent des leçons de peintres à l’huile pu au pallel , & quand ils pourroient fair ? de nouveaux effais , ils ont déjà pris une habitude à laquelle ils font attachés. Ceux de ces jeunes gens qui fe diftinguent par le talent , & qui ont déjà une réputation commencée , ne fe hafarderont guère à tenter de nouveaux procédés, parce que leurs premiers, effais, moins heureux que leurs produ ;51ions ordinaires , pourroient nuire à leur réputation. Ceux qui pourroient, par leur médiocrité, avoir bêfoin de fe diflingaer par la ftngularité d’une iiianœuvre nouvelle , feraient peu propres à faire