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flont la manœure fît plus facile. Voîcî la féconde qu’ils imaginèren :.

Seconde manière de peindre à Vencauflique. On prendra -des eires colorées pré- ■parées comme on l’a dit à l’arncle précédent : on les fera fondre dans l’eau bouillante , en prenant une once de cires colorées pour huit onces d’eau. Lorl’qu’elies r«ront entièrement fondues, on les bâtira avec une fpatule d’ivoire ou des oliers blancs, jufqu’à ce que l’eau foit i refroidie. La cire, par cette manœuvre, fe mettra en petites molécules, & fe divifera fuffilàmment pour êire réduite en une efpèce de poudre qui nagera dans l’eau. On la Conl’ervera toujours humide dans un vafe bouché ; car fi la I cire reftoic à fec , les petites parties adhéreroient les unes aux autres , & elle ne feroit plus propre aux ulages auxquels elle ell deftinée.

Pour peindre, on mettra la portion qu’on jugera neceffaire de ces cires humides dans des godets , & l’on opérera avec des brofi’es ou p ;nceaux ordinaires, comme fi l’on peignoir [ en détrempe. Le procède cltabfolument le même, puirque ce font toujours des poudres trè ;-fines , mê’iees avec de l’eau , qu’il s’agit d’employer. Mais comme les poudres que l’on emploie dans ■le genre de peinture dont il eft ici queftion Ibnî mêlées de cire , on ne peut , comme dans la , détrempe , fjire les teintes fur la paierie avec le couteau ; car les molécules de poudre colorée & ’mprégnce de cire , fe colleraient enlémble ’ & leroient une mafle : il taut donc faire les , teintes à la pointe du pinceau. Cette peinture peut s’exécuter fur le bois crud, ou liir un panneau couvert d’un enduit ’ de cire. Quand le tableau tft achevé , on fixe [fies cires colorées au moyen du réthaad de doreur, ou d’une poêle m-nce remplie de feu. ’ Si l’on donne la préférence au rechaud , il faut tenir le tableau verticalement : fi l’on adopte l’ulage de la poêle , on mettra le tableau dans une polition horizoniale. De l’une ou de l’autre fa^on, les eues fe fondant facilemeiît, contractefont une forte adhérence avec le bois , & prendront une co’jleiir plus vive. M. Vien répit, fuivant cette féconde manière de peindre , le buile de Minerve qu’il a-’oit commencé fuivant la première. Il fut plus content du dernier procédé, mais il y trouva encore des difficultés que n’offro’t pas la peinture en huile. Cette difficulté ne feroit pas une raifon abfolue pour faire rejetter ce genre, s’il avoic d’ailleurs des avantages capables de le faire adopter. D’ailleurs les diliicu ! es que l’on éprouve dans une opération font quelquefois relatives à l’habitjde de celui qui opère : elles s’evanouiroient par la fréquence de cette opération, qui procurereit avec le temps une habitude E N C

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nouveîfe. Un peintre à l’huile trouve des difficultés à peindre en détrempe, & le peintre en détrempe n’eft pas à fon aife quand il veut elfayer de peindre à l’huile. Au relie, M. Vien ne termina pas encore le tableau par ce fécond procédé ; il le finit par une autre manœuvre que trouvèrent les mêmes inventeurs, & que nous ferons bientôt connoître fous le nom de peinture d la. cire.

M. de Caylus étoit perfuadé que, dans les" manières que nous avons détaillées, il s’étoit fort approché de l’encaujliqiie des anciens. II paroît avoir fenti qu’il s’en éloignoit dans deux autres fortes à’ encaujlique , qu’il inventa encore : mais homme d’el’prit, il employa fon efprît & ion railbnnement à fe perfuader à lui-même que non-feulement ces deux dernières manœuvres ne s’ecartoient pas de la prarique des anciens, mais qu’au contraire ce de voit être précifdment celles donc ils faifoient préférablement ufage. Voici les raifons qu’il fe donnoit à lui- même , & il faut avouer qu’elles fbnt au moins fpécieufes..« La peinture en détrempe » a été, die- il, la première peinture connue : » la peinture à Vencaujlique lu : a fuccédé, » Si les arts , comme on ne ûoic point en douter, » fuivent l’ordre des idées , un moyen en » fuggère un autre , & : le fécond participe ordinairement de celui qui lui a donné l’origine. » La peinture à gouache eft donc vrailèmblablement le principe delà peinture à Vencauftique. . . . Attacher fur le corps deftiné à être » peiftt des couleurs mêlées avec des gommes » folubles dans l’eau, peindre à l’eau fur des » corps qui retiennent la couleur com.me les » gommes j couvrir des mêmes gommes les » couleurs appliquées-, c’eft peindre en détrempe. Etendre à l’aide du pinceau des couleurs préparées avec de la cire pure, charger n de cire les couleurs déjà appliquées, mettre » des couleurs fur un corps enduit de cire » les fixer en fendant la cire par le moyen du » feu, pour les rendre impénétrables & indiffolubles par l’eau , c’eft peindre à Vencauftique, c’efl remplir les vues que les Grecs » fe propoioient dans cette peinture , c’eft-àdire , de faire des tableaux qui ne fufî’ent » point expolës aux inconvéniens de la détrempe.

» Nous étions donc perfuadés que, pourvu » que l’on n’employât que de la cire pure pour » fixer les couleurs par le moyen du feu , nous o marcherions fur les traces des Grecs, Ibit que » les couleurs faffent liées à la cire , avant » que de les employer avec le pinceau , foit » qu’elles le fufTent après / & que, les em- )5 ployant même de la façon dont nous allons » donner les détails, nous marcherions avec » plus de vérité dans la route que les Grecs » ont naturellement dû prendre ; car il eiî