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nous l’avous vu , qu’on peignoît dans ee genre au cejirum, ou viriadum ou plutôt veruculum , c’eft-à-dire avec des efpèces de brochettes ou de poinçons. Les différences manières de peindre à Vencaujlique , inventées par le comte de Caylus & M. Bachelier, exigeant Tufage du pinceau , ne font donc pas Vencaujlique des anciens peintres de tableaux.

.° M. Monnoie implore le témoignage de Vitruve, pour prouver que les peintres anciens fixoient leurs tableaux par l’inuftion avec un réchaud plein de charbon qu’ils promenoient fur la fî.rface de la peinture. Vitruve & Pline, qui s’accordent à cet égard au point de s’exprimer prefque dans les mêmes termes , ne difent alîurément point que ce fût le piocédé des peintres de tableaux , mais celui des peintres de bâîimens, lorfq.i’ils vouloienc fixer fur les mura’lles des couchrsde minium. (3n peutmême conjeélur-sr du récit de Vitruve, que cette invention cft due aux Romains, &i qu’elle efl poltérieure aux temps d’un certain Faberius Scriba. Ce Faberius paroît n’avoir pas épargné les fras pour faire peindre les murailles de fa m^iifon en minium, Se il perdit fa dépenfe, parce qu’on n’avoit pas employé ce procédé. Croit -on qu’il n’en eût pas fait les frais, fi dès-lors ce procédé eût été connu. Vitruve dit que cette opcracion fe nommoir~en grec Kc.vs^if , ujlion , brûlure. La difF. rence dans les noms en témoigne ordnaiiomRnt dans les chofes. Il eft donc probable que la Kavi7iç jl’u-ftiori, n’étoit pas la même chofe que l’êj’Kciîic-K, kvx,a.v< !TiK] , V inufiion , la hrâlu.e intérieure , enfin Vencaujlique. Mais fi l’on admet que l’opération des peintres de murail’es, étoit la. même que celle des peintres de tableaux , les deux dernières manières de peindre à l^encaujîique du comte de Caylus s’accordent avec celle des anciens, .® La dernière condition établie par M. Monnoye , eft que les anciens froitoient & poliffoient leur ouvrage avec des linges nets. Mais il fe trouve que cette manœuvre étoit celle des peintres dj murailles, & Virruve ni Pline ne dit qu’elle leur fût commune avec celle des peintres de tableaux..

M. Monnoye oublie uiie des conditions les plus certai :;e3 de V encaujîique àes anciens ; c’eft qu’elle étoit exécutée fur le bois ou fur le mur. Cette omiflion efl peut-être volontaire ; car s’il eût exclu la toile de Vencaujlique des anciens, il auroit prouvé que celle de M. Bachelier différoit de celle des Grecs , puifqu’elle s’exécutoit fur la toile. Le comte de Caylus a fait faire fur bois les elfais de les inventions. M. Monnoye affure que la preiîiicre manière inventée par le comte de Caylus, n’eft point l’encaujîique, puifqu’on emploie l’eau bouillante au lieu du feu : cette objeûiou nous paroît très ’bien fondée,

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II déclare la féconde manière inventée par le comte de Caylus impoflible dans l’exécution. On a vu cependant que M. Vien avança fa tête de Minerve fuivant ce fécond procédé, & l’on ne peut contefter la polfibilité de ce qui a| été fait. AL Vien trouva même cette féconde, manière plus facile que la première , fuivant laquelle il avoic cependant travaillé. Dans la, fpiculacJilln elle paroît aiiffi a’ifie que la peinturai en détrempe, p.iifqu’on opère de même avec- ; des couleurs réduites en poudre & broyées à( l’eau. « Pour ne pas faire comme M. Monnoye, i » dit M. Watelet dans une note que nous tranf- , » cri vons littéralement, nous ne nous en fommes j n rapportés qu’à nos yeux, Se nous cfons af-j » furer, d’après ce que nous avons vu, que le n procédé de, cette féconde encaujlique eft très-poflibie & très -facile , & que les dérails de » l’opération que MM. de Caylus & Majault » ont donnés dans leur ouvrage ne laiffent rien » à defirer. »

La troifiemo & la quatrième manière inventées par le comte de Caylus & M. Majîult paroiffent ingénieufes à M. Monnoye : mais il 1 dit que les conditions de Vencaujlique n’y font) pas remplies. Elles le font cependant fuivant j lui-même , puifqu’il admet comme encaujlique’ le procédé des anciens peintres de murailles rapporté par Vitruve. On voit en lui l’opiniâtreté & la chicane de la palïïon , qui veut tout refufer au comte de Caylus , pour tout accorder à M. Bachelier.

Paffons maintenant aux procédés de peinture encaujlique inventés par cet artifte. Première peinture encaujlique de M. Bachelier. Elis ne cor.fifte qu’à fubûituer à i’huile la cire blanche diffbute dans l’effence de thérébencine.

Ce procédé, comme on l’a vu, fut le premier qui vint à la penfée du comte de Caylus : mais il ne s’y arrêta pas , parce que Pline garde le plus profond filence furies huiles effentielles, & qu’il n’eft point du tout vraifemblable que les anciens en aient fait ufage dans Vencaujlique. Au refte , la duToiution de la cire dans les huiles effentielles n’eft point une découverte ; c’étoit un procédé connu de tous les chymiftes. Quelques perfonnes ontfoupçonné que l’idée de peindre avec de la ciie diffoute dans 1 elfence de thérébentine vint à M. Bachelier , fur ce qu’on avoir fenti une odeur de thérébentine au tableau peint par M. Vien, d’après la découverte du comte de Caylus. Cette odeur venoit non de la partie du tableau peinte s.V encaujlique, mais de celle qui avoit été peinte fuivant la manière que le comte de Caylus appelle pein-f ture à la cire. Cependant M. Bachelier a affuré que, plufieurs années auparavant, le hafard lui ayoic fait découvrir la diffoiution de la cire