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de l’académie royale de peinture. Il a fait le tableau du maître-autel à Saint Eustache, à Saint Nicolas des Champs & à Saint Merry ; mais sur tout le tableau de Saint François de Paule, dans la chapelle dédiée à ce Saint aux Minimes de la place royale. Mich. Dorigny son gendre, a beaucoup gravé d’après lui, & ces estampes ne sont pas rares.


(100) Gaspard de Crayer, de l’école Flamande, né à Anvers en 1582, n’eut pour maître qu’un peintre médiocre qui’il eut bientôt surpassé. Prenant pour guide les plus beaux tableaux & la nature, il prouva que les dispositions heureuses & les études peuvent suppléer à bien des ressources. Mais si Crayer devint un très habile peintre sans avoir fréquenté d’écoles célébres, & sans avoir vu l’Italie, il n’est pas prouvé qu’il ne fût pas devenu plus habile encore s’il avoit eu les secours qui lui manquerent. Les grands maîtres, les grands exemples, les grands rivaux ne font pas les artistes distingués, mais ils les forcent à développer toutes leurs facultés naturelles.

Crayer fut appellé par une forte pension à la cour de Bruxelles & magnifiquement récompensé par le roi d’Espagne : mais une récompense encore plus flatteuse pour un artiste fut la visite que lui fit Rubens & ces paroles qu’il lui adressa : Crayer, personne ne pourra vous surpasser.

Si Crayer n’avoit desiré que les honneurs & la fortune, il n’auroit pas quitté Bruxelles ; mais il n’aimoit que le repos nécessaire aux arts, & malgré les prières & les promesses de la cour, il se démit d’un emploi brillant dont elle l’avoit revêtu, & choisit Gand pour sa retraite. Il a décoré de ses tableaux un grand nombre d’autels dans les églises de cette ville, & il trouvoit encore le temps de travailler pour la plupart des villes de la Flandre & du Brabant. A peine se donnoit-il quelque repos même dans un âge fort avancé, & la santé dont il jouit jusqu’à ses derniers momens prouve qu’un travail assidu joint à une conduite réglée, ne détruit pas les hommes bien constitués.

On n’a pas craint de comparer Crayer aux plus habiles peintres de l’école Flamande. S’il avoit moins de feu que Rubens, il avoit plus de correction dans le dessin ; par la couleur, il pouvoit se soutenir à côté de ce grand peintre, & le surpassoit par la belle fonte des teintes. Sage comme les anciens, que cependant il n’avoit pu étudier, il se plaisoit à composer ses tableaux d’un petit nombre de figures, & le faisoit une loi de rejetter tous les détails superflus, ne s’attachant qu’aux grandes parties qu’il finissoit avec amour. Il entendoit l’art de


bien groupper ses figures, de les draper avec simplicité, & il avoit l’art plus grand encore de leur donner l’expression, qui seule rend le sujet que toutes les autres parties de l’art ne font qu’indiquer. Plus fin que Rubens, il ressemble mieux à Van-Dyck son ami, & l’on a peine à, distinguer ses tableaux de ceux de cet aimable maître. S’il fut son rival dans les sujets d’histoire, il le fut aussi dans le portrait. Il mourut à Gand en 1669 à l’âge de quatre-vingt-sept ans, laissant un tableau que la mort ne lui permit ras de terminer, & qui prouve qu’il avoit conservé, dans une grande vieillesse, la force de l’âge florissant.

Corn. Galle a gravé d’après Crayer une résurrection, & Van Schuppen une sainte-famille.


(101) François Hals, de l’école Flamande, né à Malines en 1584, peintre de portraits surpassé par Van-Dyck, mais que peu d’autres ont égalé. Il saisissoit parfaitement les ressemblances & avoit une belle manière de peindre. Il mettoit la plus grande précision dans les ébauches ; c’étoient des études serviles de la nature : mais il revenoit ensuite sur ce travail par des touches hardies qui cachoient toute la peine de ses premières opérations, & donnoit à ses ouvrages une grande force & une vive expression. Van-Dyck ne connoissoit aucun peintre plus maître de son pinceau ; mais il regrettoit qu’il n’eût pu parvenir à rendre ses couleurs plus tendres.

On voit, dit M. Descamps, au mail de la ville de Delft, un tableau représentant en pied les principaux de la compagnie du mail, de grandeur naturelle ; la vie est répandue dans chaque figure.

Hals n’auroit peut-être pas eu de rivaux entre ses contemporains s’il n’eût pas été plongé dans le vice de l’ivrognerie : mais il passoit bien plus de temps dans les cabarets que dans son attelier, & ne retournoit à ses pinceaux que lorsqu’il y étoit rappellé par l’extrême disette. Sa mauvaise conduite & la misère ne l’empêcherent pas de vivre soixante & dix-huit ans. Il mourut en 1666. Il eut un frère nommé Thierry Hals qui peignit avec succès des conversations & des animaux en petit.


(102) Guillaume Nieulant, de l’école Flamande, né à Anvers en 1584, élève de Savary, voyagea en Italie avec Paul Bril dont il imia quelque temps la manière ; mais quand il fut venu s’établir à Amsterdam, il s’en fit une qui lui étoit propre. Il avoit étudié à Rome les monumens de l’antiquité, & choisit pour sujets de ses tableaux des ruines, des bains, des mausolées, des arcs de triomphe. Il est estimé dans ce genre, Il mérite aussi une place