pourroît y caufer quelque grimace, & empê- j cheroit d’ailleurs de l’enlever à volonté de deffus i la planche.
On peut aufli peindre en miniature fur de la toile fine ou fur du bois , mais ces fonds ne s employent qu’avec des préparations. La toile s’imprime de quelques couches de blanc de plomb broyé d’abord à pluiieurs reprifesavec de l’eau très-notte : lorfque ce blanc efl bien fec , on le bioye encore , St pour la dernière fois , avsc de l’eau de colle de gants ou de parchemin. Le blanc ne doit pas être couché trop épais fur la toile ; il fuffit d’en mettre gros comme une noix fur un verre de colle. On l’applique médiocrement chaud, & l’on en met deux ou trois couihes. Pour enlever les petites înégalicésj les grumeaux qui auront pu s’y former , &. qui nuiroient à la netteté & au poli du fond , on le frotte légèrement avec une pierreponce , ou mieux encore avec de la prêle : & on repaffe enfuite une couche du même blanc encore un peu plus clair. *
L’imprcflion fur bois ne differ ;; de celle qu’on donne à la toile , qu’en ce qu’il faut que la premierecouche foi t de colle pure & toute bouillante , pour qu’elle pénétre mieux dans le bois, ik que s’unilfant avec les autres couches dent elle fera couverte , toutes ne faffenr enfemble qu’un feul corps. On unit ces couchosavec de la piêle , comme celles dont on imprime la toile , & on les polit en patTant légèrement par-deifus un linge net Se mouillé.
Quoique l’a'.bà re, le marbre blanc, & en général toutes les fubïlances blanches qui ne font pas fpongieufes, & ne boivent pas la couleur , foient propres à recevoir la winiMure , on a fini par f-référer généralement l’ivoire. Il eft bien plus commo.de que le vélin qu’on avoit long-temps adopté , & il efl bien plus fufceptible de recevoir un fini précieux. Il feroit fans reproche s’il n’étoit oas fujet à jaunir ; défaut qui le fera peut-être abandonner encore une fois, mais dont le vélin n’eftpas exempt lui-même. Au refte on é.ite, ou l’on éloigne au moins confidérablement le danger d’employer un ivoire qui jauniffe en vieilliffant , fi on le choifit d’une teinte bleuâtre ;c’efl :ce que , par rapport à cette teinte , on appelle de l’ivoire verd. Il doit être choifi très-blanc , fans veines apparentes , fort uni , fans cependant être poli , & réduit en tableires fiirt minces, parce que plus il eft épais , & plus Ion opacité lui donne un ton roux. Il tft très-important d’éviter les ondes qui fe trouvent dans l’ivoire , furtout lorfque, par la difpofition du fujec qu’on veut peindre, ces ondes fe reneontreroient dans les chairs.
Avant de peindre deffus , dit-on dans l’ancienne Encyclopédie, on y paffe légèrement un linge blanc ou un peu de coton imbibé , ou du vinaigre blanc ou d’alun de roche , & on l’effuie M I N.
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auffïtôt. Cette préparation dégraiffe l’ivoîre , luî ôre l’on grand poii , s’il en a , & la légère imprellion de lel qui refte encore deffus , fait que les couleurs s’y attachent mieux : de i’eau falée pourroit fulfire.
Cefel de l’alun ou de l’eau falée , doit infpïrer de la défiance pour ce procédé ; car tout fel efl porté à venir à l’efflnrefcence par l’impreirion de l’humidité ; & fuivant la quantité dans laquelle il fe trouve , il ne peut manquer de gâter plus ou moins les couleurs en les couvrant d’une légère farine dans laquelle elles fe dscompofent. Il vaut donc bien mieux fuivre la pratique des miniiituiijies qui planent l’ivoire avec foin , au moyen d’un graioir avec lequel ils font difparoîtré les raies de la fcie de l’ouvrier, & qui enluite y pafTent légèrement avec le doigt de la poudre très-fine de pierre -ponce pour le dégraiffer. On colle derrière l’ivoire un papier blanc avec dp la gomme. Comme nous avons dit que les tablettes d’ivoire dévoient être fort minces, eiles ont de la tranfparence : par conféquent , la blancheur du papier les pénétre & augmente celle qui leur cft propre.
Si l’on peint fir marbre on fur l’albâtre , on fera la même préparation que pour l’ivoire. On peut aulfi pe
àre en mlniarure fur des co-
quilles d’œufî. Indépendamment des préparations dont nous venons de parler, elles en exigent encore une autre ; c’efî : qu’il faut les amollir pour les redrefTer. Leur fragilité femble fuffire pour les faire rejertcr : cependant fi elles l’emportoient à d’autres égards fur les autres fonds , elles reeevroient allez de fbliiité de la glace qui les couvriroit , & de la plaque de métal fur laquelle elles po :irroient être appliquées. Enfin on a peint en miniature fur ces feuilles qu’on nomme tablettes , 8c qui fervent à écrire avec une a’guille d’or & d’argent , les choies dont on veut ib fouvenir. Cependant on peut dire que les fubftanccs fur lefquelles peignent lesminiaturiiles , fe bornent généralement au élin &a l’ivo’re.
On ne fe fertpas ordinairement de crayon pour chercher le trait fur le fond qu’on deftine à recevoir la peinture ; mais on trace avec une aiguille d’or, d’argent, ou même de cuivre, & l’on efface les faux traits avec de la mie de pain. fur le vélin , & avec de la poudre très-fine de pierre-porce fur l’ivoire. Pour éviter deles multiplier , il eil bon d’arrêter auparavant fa penfée , & de deffiner d’abord correflement fur un papier fin ce que l’on veut peindre : on calqueraenfuite ce trait fur le vélin par le procédé que nous avons indiqué au mot Calque. Si l’on fe propofe de copier en miniature un tableau d’une plus grande proportion , on s’afTurera de la précifion & de la fidélij :é de la copie , en réduifant d’abord le fujet prr le moyen des quarreaux : voye^ à l’article Dessin, la manière de réduire aux quarreaux>