Le fameux tableau du martyre de Sainte Pétronille a été gravé par N. Dorigny ; Saint Pierre ressuscitant Tabite par Corn. Bloemart ; Esther devant Assuérus par Strange ; Bartolozzi a gravé le jeune Saint Jean ; la Vierge l’enfant Jésus & le petit Saint Jean ; la Vierge apparoissant à trois religieux.
(110) Les Seghers, peintres de l’école Flamande, tous deux artistes de beaucoup de mérite : mais la grande réputation de l’ainé qui ne se distingua que dans un petit genre, & la sorte d’obscurité dans laquelle est tombé le cadet qui peignit l’histoire avec distinction, prouvent que, dans les arts comme dans les lettres, un très grand talent, même dans les genres inférieurs, est bien préférable à un talent moyen dans les plus grands genres.
Daniel Seghers, né à Anvers en 1590, apprit son art de Breughel de velours qui, dans ce temps, ne peignoit encore que les fruits & les fleurs, & il se livra pour toujours à ce genre que ce maître abandonna dans la suite. Il entra de bonne heure dans l’ordre des jésuites en qualité de frère, abandonna la peinture pendant son noviciat, reprit ses pinceaux quand ce temps d’épreuve fut passé, & obtint de ses supérieurs la permission d’aller à Rome. Il prouva par son exemple, que le séjour de cette ville est utile à tous les artistes, quel que soit le genre auquel ils préférent de s’adonner. Rubens ne dédaigna pas d’associer son talent à celui du frère Seghers, & peignit plusieurs fois des figures que Seghers ornoit de fleurs ou qu’il encadroit dans des guirlandes de fleurs.
Ce peintre s’appliquoit à la culture des fleurs, & recueilloit dans son jardin des modeles qui lui devoient la naissance. Il parvint à donner à ses imitations, l’éclat, la variété, l’harmonie dont la nature paroit ses originaux. On admire sur tout son adresse à produire sous ses pinceaux l’incarnat de la rose & la blancheur du lys. Il savoit répandre sur ces objets la fraîcheur da matin & les humecter de la rosée qui les baigne au lever de l’aurore. Il les accompagnoit de différens insectes, mouches, scarabées, papillons, finis & rendus avec une vérité qui sembloit défier la nature.
Son talent ne fut point inutile à la maison qui l’avoit adoptée ; les princes recherchoient les ouvrages de Seghers, il se faisoit un devoir de leur en offrir, & c’étoit son couvent qui recevoit les riches témoignages de leur reconnoissance. D’ailleurs on peut croire que les Jésuites, déjà célèbres par les talens littéraires que leur ordre renfermoit, n’étoient pas fâchés d’avoir un de leurs membres qui lui procuroit encore une nouvelle illustration par ses talens dans la peinture. Ce célèbre religieux mourut
à Anvers en 1660, âgé de soixante & dix ans.
Gerard Seghers, son frère, naquit à Anvers en 1592, & fut élève d’un peintre de sa nation ; mais après avoir déjà donné des preuves de talent, il fit le voyage d’Italie, se mit sous la conduite de Manfredi élève du Caravage & prit la manière de ce peintre. En la blâmant, il faut convenir qu’elle séduira toujours un grand nombre d’amateurs & même d’artistes, parce qu’elle donne aux objets un grand relief, parce qu’elle produit un effet qui étonne quoique contraire à la vérité, parce qu’elle semble affadir le coloris de tous les tableaux qu’on lui oppose. Seghers, qui joignoit aux prestiges de cette manière une belle harmonie, plut aux Italiens. Il plut encore davantage en Espagne, où il fut conduit, & le roi le fit inscrire sur l’état de ses pensionnaires. Il plut même quelque temps à Anvers, où il revint s’établir, & il y eut peu d’églises de cette ville pour lesquelles on ne lui demandât des tableaux. Mais quand le temps eut affoibli l’enthousiasme & rendu à la raison les droits qu’elle doit toujours recouvrer tôt ou tard, on compara ses ouvrages, à ceux de Rubens & da Van-Dyck, & cette comparaison lui devint funeste. Se voyant moins occupé, il passa en Angleterre & se fit une manière plus tendre & plus agréable. Son dessin étoit correct, son exécution aisée, son clair-obscur imposant. Il excella dans les sujets de nuit éclairés par des flambeaux. La facilité avec laquelle il changea de manière, prouve la flexibilité de son esprit. Il mourut à Anvers en 1651, âgé de cinquante-neuf ans.
Bolswert a gravé d’après ce peintre le reniment de Saint Pierre, morceau considérable, dans lequel on voit une assemblée de joueurs : Vorsterman, Saint François en extafe ; P. Pontius, la Vierge avec l’enfant Jésus apparoissant à Saint François Xavier ; N. Lauwers une assemblée de buveurs & de fumeurs.
(111) Jean Carlone, de l’école Génoise, étoit fils d’un sculpteur. Il naquit à Genes en 1590 son père, ne trouvant pas dans cette ville de maîtres capables de le perfectionner, l’envoya à Rome pour étudier les chefs-d’œuvres de l’art. Le jeune Carlone passa ensuite à Florence où il se mit sous la conduite de Passignani, peintre estimé, élève de Fréderic Zucchero. Ce fut dans cette école qu’il apprit à peindre la fresque. De retour à Genes, il se fit une grande réputation & y fut chargé des travaux les pins considerables. Son principal ouvrage est le plafond de l’annonciade del Guastato qui represente l’histoire de la Vierge : ouvrage digne d’admiration par la force des couleurs.
Il avoit de la facilité dans la composition, en-