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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/771

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S

SAFRAN de mars. Ochre factice que l’on se procure en exposant, pendant plusieurs jours, de la limaille de fer à la rosée. Voyez l’article Ochre.

SAFRE (subst. masc.) Verre coloré en bleu par le moyen du cobalt : on s’en sert pour peindre en bleu sur la porcelaine, la faïance & l’émail. On l’applique encore à un usage plus vulgaire, celui de teindre l’empois. Cette substance se vend sous la forme d’une poudre.

SANG-DRAGON. (subst. comp. masc.) C’étoit cette substance que les Grecs appelloient cinnabre, κινναβαριζ, & notre cinnabre est ce qu’ils nommoient μίλτοζ, & les Latins Minium. Nous avons appliqué le nom de minium à la chaux rouge de plomb Cette confusion multipliée dans la nomenclature, augmente la difficulté de comparer la science des Anciens à celle des Modernes.

Le sang dragon est résineux, friable, inflammable, d’un rouge foncé, se fondant aisément à l’eau, transparent quand il est étendu en lames minces, & ayant la couleur de sang quand il est pilé. Les Anciens ont cru que c’étoit du sang de dragon desséché, & c’est ce qui l’a fait nommer αίμα δρκοντοζ : sanguis draconis. On sait aujourd’hui que c’est une résine qui coule d’un arbre dont on connoît quarre espèces. Quelquefois on emploie le sang dragon à rembrunir le cinnabre dans la peinture a l’huile. Ce mélange est sans inconvénient, puisque les substances résineuses ne sont que des huiles concrètes. Il faut choisir le sang dragon des canaries. Il est en larmes dures, friables, rougeâtres, grosses comme des noisettes & enveloppées dans des feuilles.

SANGUINE. (subst. fem.) Espèce d’ochre de fer précipitée dans une terre argilleuse, ou de stéatite tendre, mêlée à une hématite décomposée. Cette pierre friable, grasse au toucher, & d’un rouge plus ou moins foncé, se taille facilement en crayons ; c’est ce qu’on appelle le crayon rouge. Bien choisi & dans son état naturel, il est d’une bonne fermeté, & la graisse qu’il porte avec lui, procure un grain agréable & moëlleux. Cependant beaucoup de personnes préfèrent le crayon factice : c’est la même pierre, réduite en poudre & bien broyée à l’eau ; on peut varier le ton de ces crayons, en y ajoutant


du cinnabre, de la terre d’ombre, ou telle autre terre dont on trouvera que la couleur s’unit agréablement à celle de la sanguine. Si, après l’avoir broyée à l’eau, on l’expose à un feu assez fort & gradué, elle se durcira au point de recevoir le poli, & de donner des étincelles avec le briquet.

SCIE. (subst. fem.) La scie du graveur en pierres fines, est une espèce de boule qui a la lame très-mince, & dont on se sert pour refendre & même pour séparer tout-à-fait les pierres. Les sculpteurs se servent de scies ordinaires.

SCULPTURE en marbre. Lorsqu’un sculpteur statuaire veut exécuter une statue, ou un autre sujet en marbre, il commence par modeler, soit en terre, soit en cire, une ou plusieurs esquisses de son sujet, pour tâcher de déterminer, dès ces foibles commencemens, ses attitudes, & s’assurer de sa composition. Lorsqu’il est satisfait & qu’il veut s’arrêter à une de ses esquisses, il en examine toutes les proportions. Mais, comme dans ces premiers objets, il se trouve beaucoup plus d’esprit & de feu que de correction, il est obligé de faire un modele plus grand & plus fini, dont il fait les études d’après le naturel. Ce deuxiéme modele achevé, il le fait mouler & tirer en plâtre ; il doit lui servir à produire un troisiéme modele, qu’il fait à l’aide de l’échelle de proportion ou pied réduit, de la même grandeur & proportion qu’il veut exécuter son sujet en marbre. C’est alors qu’il redouble d’attention, qu’il examine & qu’il recherche avec soin toute la correction, la finesse, la pureté & l’élégance des contours. Il fait encore mouler en plâtre ce troisiéme modele, afin de le conserver dans sa grandeur & dans sa proportion. Pour déterminer la base du bloc de marbre, il fait faire un lit sous la plinthe du bloc ; ce qu’on appelle faire un lit sous plinthe, c’est faite donner à l’un des bouts du bloc, un premier trait de scie. pour en former l’assise, qui, dans la langue de l’art, se nomme plinthe. Ce lit sert donc de base générale au sculpteur pour diriger toutes ses mesures & tirer toutes ses lignes. Alors il donne sur le bloc de marbre les premiers coups de crayon, puis il le fait épanneler. On appelle épanneler, couper les pars du bloc. Le sculpteur statuaire, après avoir déterminé la base de son ouvrage, & avoir diné & arrêté sur le bloc, avec le crayon, les principales masses de son


Beaux-Arts. Tome II. D d d d d