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PRÉLIMINAIRE.

leurs places au rang des premières charges de la maison impériale.

Elles méritoient en effet cette considération, puisque depuis que la monarchie avoit succédé à la république, la dépense la plus importante des empereurs étoit de gagner ou d’entretenir la faveur du peuple à force de largesses.

Le surintendant des finances partageoit le titre d’illustre[1] avec les douze premiers officiers de l’empire. Il faisoit exécuter ses ordres par plusieurs subdélégués répandus dans les provinces, & qui portoient le nom de comites largitionum ; mais ils n’avoient que le titre de perfectissimi[2] Ils étoient chargés de toutes les fonctions des procureurs de César & des questeurs d’épargne.

Les directeurs, ou intendans du commerce, comites commerciorum, étoient au nombre de cinq, & résidoient dans les provinces d’où se tiroient les marchandises du plus grand prix. Ils étoient subordonnés au surintendant des finances.

Son département comprenoit encore le grand-maître des mines, le domaine d’Egypte, qui étoit administré par un directeur particulier, désigné par le nom de comes rationalis Egypti. Il présidoit à la levée des droits d’entrée & de sortie sur les marchandises de l’Arabie, & leur produit étoit très-considérable, puisque Pline dit qu’il montoit à soixante millions de notre monnoie[3].

Les directeurs des fabriques, ceux des teintures, des monnoies, des charriots & transports des lins, appartenoient aussi au département des finances : Procuratores gynecæorum, baphiorum, monetarum, bastagiarum linificiorum.

Les bureaux du surintendant des finances étoient au nombre de onze, à la tête desquels on plaçoit celui de la recette, appellé scrinium canonum ; ce qui ne peut mieux s’exprimer que par la dénomination de trésor impérial.

Le chef de ce bureau avoit le titre de perfectissime ; le second supérieur portoit le nom de ducenarius ; le troisième celui de centenarius, relativement au nombre des commis qui étoient sous ses ordres dans la capitale & les provinces.

On comptoit encore dans le trésor impérial dix secrétaires, appellés epistolares, parce qu’ils tenoient la correspondance du surintendant des finances avec les gouverneurs des provinces, pour le recouvrement des impôts & la collection des fonds publics.

Le second des bureaux du surintendant des finances, étoit composé de greffiers, contrôleurs ou gardes-rôles, appellés tabularii ; ils expédioient des quittances aux comptables ; ils délivroient les baux, les obligations, les cautionnemens qui concernoient les finances.

Les commis chargés de la rédaction des comptes, des bordereaux, formoient le troisième bureau, & portoient le nom de numerarii.

Le quatrieme étoit celui de la masse d’or, dans lequel on tenoit registre de tout l’or mis en masse. Le directeur de ce bureau s’appelloit Primicerius massæ, &

  1. Son sceau, ou ses armes, étoient un livre rouge sur une table portant au dos une tête d’or de l’empereur, entre deux tranches d’or. La couverture du livre étoit d’argent, avec des bordures d’or aux coins & aux extrêmités. Au dessous de ce livre, on lisoit le mot largitiones' ; & cette devise étoit entourée de pièces d’or & d’argent, de vases qui en regorgeoient.
  2. Aussi-tôt que l’esprit & le zèle patriotiques, qui suffisoient pour mériter des distinctions glorieuses dans une république, furent éteints par l’établissement d’une monarchie, le souverain dispensa à son gré les titres honorables, pour se faire des partisans. L’avarice & la vanité furent les liens de leur attachement. On comptoit, sous Constantin, cinq qualifications différentes, attribuées au différens ordres des particuliers. La première étoit celle d’illustris ; la deuxième, celle de spectabilis ; la troisième, celle de clarissime ; la quatrième, celle de perfectissime ; & la cinquième, celle d’egregie.
  3. Cinq millions d’écus d’or ; millies quinquagies centum millium aureorum & amplius. On peut supposer ici de l’exagération ou de l’erreur. lib. 2. cap. 18.