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I.


IDÉE, s. f. (Log.) Nous trouvons en nous la faculté de recevoir des idées, d’appercevoir les chosesy.de nous les représenter. L’idée ou la perception est le sentiment qu’a l’ame de Féta’t òìi elle se trouve. ’ ’ Cet article, un des plus importans de la philosophie , pourroit comprendre toute cette science quenous connoissons sons le nom de Logique. Les iiées sont les premiers degrés de nos connoissances, toutes nos facultés en dépendent. Nos jugemens, nos raisonnemens, la méthode que nous présente la Logique, n’ont proprement pour objet que nos idées. II seroit aisé de s’étendre fur uri sujet aussi vaste, mais il est plus à propos ici de se resserrer dans de justes bornes, ôc en indiquant seulement ce qui est essentiel, renvoyer aux traités ôc aux livres de Logique, aux essais fur l’entendement humain , aux recherches de la vérité, à tant d’ouvrages de Philosophie qui se font multipliés de nos jours, ôc qui sc trouvent enfieles mains de tout le monde. - Nous nous représentons, ou ce qui se passe , ennous-mêmes, ou ce qui est hors de nous, soit qu’il soit présent ou absent ; nous pouvons aussi nous représenter nos perceptions elles-mêmes. ’ La perception d’un objet à Toccasion de Timpre íïïon qu’il a fait fur nos organes , se nomme jenfation. Celle d’un objet absent qui se représente sous une image corporelle, porte le nom d’imagination. Et la perception d’une chose qui ne tombe pas fous les sens , ou même d’un objet sensible , quand òn ne se le représente pas sous une image corporelle , s’apppelle idée intellecíueUe. Voilà les différentes perceptions qui s’allient & se combinent d’une infinité de manières ; il n’est pas besoin de dire que nous prenons le mot d’idéeou de perception dans le sens le plus étendu , comme comprenant 8c la sensation ôc Vidée proprement dite. Réduisons à trois chefs ce que nous avons à dire fur les idées ; i°. par rapport à leur origine,, i°. par rapport aux objets qu’elles représentent,’ 3*. par rapport à la manière dont elles représentent ces objets. 1 ?. II se présente d’abord une grande question sur la manière dont les qualités des objets produisent en nous des idées ou des sensations ; - 8c c’est fur celles - ci principalement que tombe la difficulté ; car pour les idées que Tamé apperçoit en elle-même, la cause en est Pintéllige.nce ou la faculté de penser, ou fi l’on veut encore , sa manière d’exister ; & quant à celles que nous acquérons en comparant d’autres idées, elles ont pour causes les idées elles-mêmes ôc la cfcmparaison que Famé en fait. Restent.dònc les idées que nous acquérons par le moyen des sens ; fur quoi Ton demande comment les objets produisant seulement un mouvement dans les nerfs, peuvent imprimer des idées dans notre ame ? Pour résoudre cette question, il faudroit connoître à fond la nature de Tame 8c du corps, ne pas s’en tenir seulement à ce que nous présentent leursj facultés ôc leurs propriétés , mais pénétrer dans ; ce mystère inexplicable, qui fait l’union merveilleuse de ces deux substances. Remonter à la première cause en disant que la, faculté de penser a été accordée à Thomme par le créateur, ou avancer simplement que toutes nos idées viennent des sens ; ce n’est pas assez, ôc c’est même ne rien dire fur la question : outre qu’il s’en faut de beaucoup que nos idées soient dans nos sens, telles qu’elles font dans notre esprit, ôc c’esl-Ià la question. Comment à Toccasion d’une impression de l’objet sur Torgane , la perception se forme-t-elle dans Tame ? Admettre une influence réciproque d’une des substances fur l’autre, c’est encore ne rien expliquer. Prétendre que Tame forme elle-même ses idées, indépendamment du mouvement ou de l’impresfion de Tobjet, ôc qu’elle se représente les objets desquels, par le seul moyen des idées, elle acquiert la connoissance , c’est une chose plus difficile encore à concevoir, 8c c’est ôter toute relation entre la cause ôc Teffet. Recourir aux idées innées, ou avancer que notre ame a été créée avec toutes ses idées, c’est se servir de termes vagues qui ne signifient rien ; c’est anéantir en quelque sorte toutes nos sensations , ce qui est bien contraire à, Texpérience ; c’est confondre ce qui peut être vrai à certains égards des principes, avec ce qui ne Test pas des idées dont il est ici question ; ôc c’est renouvelles des disputes qui ont été amplement discutées ’dans Texcellent ouvrage fur l’entendement hu-Imain. Assurer que l’ame a toujours des idées, qu’il ne faut point chercher d’autre cause que fa manière d’être, qu’elle pense lors même qu’elle ne s’en apperçoit pas , c’est dire qu’elle pense fans penser, assertion dont, par cela même qu’on n’en a ní le sentiment ni le souvenir, Ton ne peut donner de preuve. Pourroit-on supposer avec Mallebranche qu’il ne sauroit y avoir aucune autre preuve de nos

!• idées,’ que les idées même dans Têtre souveraine-