si grands exemples,
si les uns font plus utiles à
leuts contemporains,
les aucresle sont davantage
à la postérité.
Quelques personnes cependant regardent
Montaigne
comme un écrivain dangereux ,
on lui reproche un scepticisme qui va jusqu’à
mettre la vercu en problême, jusqu’à ébranler
l’empire qu’elle a dans les consciences. Une
grande aucoricé , & d’assez grandes apparences
semblent justifier ce reproche ; cette autorité
est celle de J. J. Rousseau , laissons dit-il
,
c’est au milieu du plus bel hommage que
l’éloquence
ait rendu à la vertu , c’est dans
la profession du vicaire Savoyard que se trouve
cette accusation. J’avouerai que ce reproche
paroîc juste pour le morceau auquel il s’applique,
qui
est une énumération
des coutumes
les plus opposées des peuples ; fans douce
ce tableau poutroit fournir à de dangereux
sophistes des conséquences contraires à la
morale,
mais le bon Montaigne
n’y a point
mis une intention petverse,
un arc insidieux ;
il aimprudemmenr
amusé son esprit de con
tradictions
qu’on asseoie trop
d’exagérer
dans l’espèce humaine ; il n’a nullement pesé
les faits qu’il a rappoués, avec tine.faine critique
-,
avec une ícrupuleuse exactitude.
Mais quoique de telles inconséquences
paraissent
se reproduire dans d’aurres parties
de son ouvrage,
j’ose dire quelles forment
un concraste évident
avec
l’esptit qui y
domine.
Montaigne
doutoît,
c’est en doutant que
Socrate a écabli & consacré les plus solides
fondemens de la morale. Le doute est le
plus grand
effort de l’esprit humain , & il
est son meilleur
instrument. C’est la seule
digue que l’on puisse opposer au corrent des
préjugés qui emporce le vulgaire.
FENEioN.
S’il est aux yeux de la sagesse une place
au-dessus des philosophes qui ont pénétré les
profondeurs
de la morale, c’est celle de ces
hommes sares donc la vie pure a eenstamment
réfléchi toutes les vertus qu’ils préchoient ;
& qui les ont rendu aimables aux hommes
en les revêtant de tous les charmes de l’esprit ,
en les présentant sous les allégories les
plus séduisantes. L’ouvrage de Télémaque
est fait pout transmeccre à la simple adolescence
& même à la jeunesse la plus ardente
& la plus impécueuse, les leçons de la sagesse
Sc de la vercu. Cec ouvrage destiné à l’instruction
des rois n’est pas moins utils à l’infcruction
des peuples. Si l’étendue de leurs
droits & de leurs devoirs n’y est pas recracée,
il leur apprend au moins ce qu’ils doivenc
attendte des dépositaires de l’aucoricé suprême ,
il leur apprend à juger les rois, à savoir
bien placer leur admkacion & leur reconnoissance.
Dès que le peuple exerce avec discernement
’ce
ptemier droit, il ne tarde pas
à recouvrer tous les aucres. Fénélon dans des
allégories beaucoup plus simples, dans des
conces, dans des fables, a répandu également
les charmes de la persuasion la plus douce Sc la
plus invincible. On s’éconne en le lisant de
Taustéricé qui est attribuée à la vertu par des
moralistes vulgaires. Elle y paroîc toujours 1e
plus simple & le plus délicieux instinct de la
nature, le coeur voue une espèce de culte à ces
imortels précieux qui donnent à l’aine de si
pures jouissances & qui l’élèventfans effort à
couce la perfection à laquelle elle peucaereindre.
Son ouvragé fur l’éducation des filles contient
les premiers germes de cette régénération
totale du s>stêméd’éducation,
encreprife avec
tant de succès par Locke & par J. J. Rousseau.
Quelque tribut payé aux idees religieuses Sc
même aux mistères de la
religion , y arrêce
seul le dévelopemenc qu’il
veur donner à
ses principes,
mais on n’y reconnoîc la trace
d’aucun de ces préjuges qui introduisent la
tyrannie dans l’éducation,
afin de pouvoir la
cornsacrer dans roue le reste de la vie. Fénélon
se moncre jaloux du bonheur de l’enfance,
il s’accache à rendre l’aucoricé douce Si insensible ,
& la réduit à l’empire de la tendresse
& de la raison.
LA
ROCHEFOUCABB.
Je doute que la Rochefoucaud après avoir
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